Automobiles

Et si Renault débarquait

le samedi 01 juin 2019
Modifié à 13 h 24 min le 01 juin 2019
Le Guide de l'Auto
Article par Antoine Joubert

Un peu plus tôt cette semaine, on annonçait la possible association entre Renault et Fiat Chrysler Automobiles (FCA). À l’étape de discussion, ces deux géants pourraient en effet joindre leur expertise pour créer l’un des plus importants conglomérats automobiles au monde.

Est-ce surprenant? Plus ou moins, dans la mesure où nous savons que FCA se cherche désespérément un partenaire qui pourrait lui offrir de nouvelles plateformes et de surtout, de nouvelles technologies. Parce que, disons-le, les marques italiennes n’ont pas réellement contribué au développement technique des produits Dodge, Ram et Jeep.

Certes, on retrouve aujourd’hui un quatre cylindres turbocompressé d’origine Alfa Romeo chez certains modèles Jeep, et il est vrai que le Renegade est en réalité un produit Fiat revêtant une robe Jeep. Mais bon…ça ne se vend pas. Et que dire de Fiat, qui a vendu l’an dernier au Canada, un total de 645 véhicules. Un véritable fiasco compte tenu des investissements effectués par la centaine de concessionnaires, considérant de surcroît que la gamme compte quatre modèles.

FCA s’était jusqu’ici fait fermer la porte au nez par GM, et avait récemment eu des discussions avec le groupe PSA (Peugeot-Citroën). Cela dit, cette possible association avec Renault constituerait assurément une alliance des plus homogènes. D’une part, parce qu’une partie des voitures et camions commerciaux vendus par Renault pourraient se retrouver chez nous, mais aussi parce que la marque Jeep pourrait connaître un essor encore plus exceptionnel à l’échelle mondiale.

Fait intéressant, sachez d’ailleurs que l’ancien président mondial de la marque Infiniti, Christian Meunier, a récemment été nommé au même titre du côté de Jeep. Et d’où provenait M. Meunier? De chez Nissan Europe.

Christian Meunier, qui avait fait le saut chez Nissan suite à l’association avec la marque Renault, a notamment été Président exécutif de Nissan Canada. C’est à lui que revient d’ailleurs l’importation de la Micra au Canada, qui n’a jamais été vendue aux États-Unis. Un fin renard, décoré d’une admirable feuille de route, et qui possède le pif pour comprendre et adapter les produits à différents marchés. Alors non, ce n’est pas le fruit du hasard s’il se retrouve aujourd’hui à la tête de Jeep.

Il faut aussi ajouter à l’équation l’affaire Carlos Ghosn, ex-président déchu de conglomérat Renault-Nissan, qui a créé d’importantes tensions entre ces deux constructeurs. M. Ghosn, qui provenait bien sûr de chez Renault, a été mis hors service suite à des accusations perpétrées par les gens de Nissan, ce qui n’a évidemment pas fait l’affaire du constructeur français.

Ainsi, une association entre Renault et FCA pourrait être considérée comme un pied de nez à Nissan, qui pourrait ou non prendre part à l’association. Or, avec Renault dans le portrait, Nissan n’aurait rien de réellement valable à amener à FCA. Rien que Renault ne pourrait offrir.

Une page d’histoire fort intéressante risque donc de se dessiner au cours des prochains mois, ce qui m’amène bien sûr à m’interroger sur l’offre ajoutée qu’apporterait Renault à FCA. D’emblée, il faut savoir que Renault possède notamment sa propre technologie électrique, commercialisant depuis 2012 la Zoe qui, pour 2020, s’équipera d’une batterie de 50 kWh. On peut donc imaginer que FCA profitera de cette technologie essentielle, qui pourrait s’adapter à différents véhicules de la famille.

Inutile de rêver en couleurs, les voitures Renault comme la Clio ou la Mégane ne risquent pas de toucher le sol nord-américain. Les constructeurs délaissent l’un après l’autre ces segments de marché pour capitaliser sur des VUS, ce que Renault possède aussi dans son portfolio. Ainsi, est-ce que les modèles Captur, Kadjar et Koleos pourraient débarquer chez nous? Ces trois VUS pourraient en effet rivaliser avec des gammes allant par exemple du Hyundai Kona au Santa Fe, marchés essentiels à la survie d’une marque automobile en Amérique du Nord. Mais, vous serez d’accord, il serait essentiel de les rebaptiser avant leur commercialisation !

Ajoutez à cela la Talisman, dont la plateforme pourrait potentiellement permettre une renaissance de berlines chez Dodge, ainsi qu’une grande famille de camions commerciaux, et vous avez un portrait de ce que Renault pourrait offrir à Chrysler.

Évidemment, il faudra avant tout que l’association de concrétise. Et ne vous attendez pas à ce que Renault débarque en 2020 ou 2021 en Amérique du Nord. Si telle est l’intention, il faudra un peu plus de temps avant que la marque française vienne rivaliser avec Peugeot, qui a aussi annoncé son retour chez nous en 2023.

Chose certaine, Nissan sera la grande perdante de toute cette histoire.