Faisons-nous face au crime désorganisé ?
Dans les dernières semaines, on a assisté à une recrudescence de la violence armée. Le 23 août, entre autres, deux hommes ont été tués lors de deux fusillades distinctes en moins de 30 minutes dans le stationnement du centre commercial Rockland à Mont-Royal, puis dans un restaurant de la rue Saint-Denis à Montréal.
Les politiciens essaient de rassurer la population en disant que la grande région métropolitaine n’est pas devenue un Far West et qu’elle est sécuritaire. Les citoyens sont bien conscients qu’il existe un problème avec les armes à feu présentement.
Certains intervenants suggèrent d’embaucher des centaines de policiers pour contrôler la situation. Je ne crois pas que ce soit la quantité qui mène à des résultats, mais plutôt la qualité. Pour obtenir de l’information privilégiée dans ce milieu, il faut, à mon avis, des policiers chevronnés, et non des recrues fraîchement diplômées de Nicolet. Ils doivent avoir des contacts et de l’expérience.
Durant ma carrière, j’ai couvert la guerre des motards, ainsi que celle de la mafia. On parlait, à l’époque, de groupes bien organisés. Aujourd’hui, on assiste plutôt à du crime désorganisé!
Bien loin de moi l’idée de vanter l’ancien chef de la mafia montréalaise
Vito Rizzuto, mais force est de constater que les policiers exerçaient un certain contrôle pendant que celui-ci était toujours libre, avant son extradition en prison aux États-Unis en 2006.
La mafia montréalaise n’a plus le même pouvoir qu’à l’époque. Visiblement, certaines personnes prennent les grands moyens pour s’emparer de ce qui reste. On sait que les Hells Angels contrôlent l’ensemble du territoire du Grand Montréal. C’est triste à dire, mais depuis qu’il n’y a plus de leader au sein du crime organisé, c’est le free-for-all [chaos total].
Comment se fait-il que les escouades «Gangs de rue» et «Patrouille de nuit» au Service de police de la Ville de Montréal aient été abolies en 2016? Elles étaient essentielles pour combattre le crime organisé lié aux gangs de rue et aux motards. L’escouade Carcajou, de 1995 à 1999, avait été créée pour mettre fin à la guerre entre les Rock Machines et les Hells Angels et elle avait donné d’excellents résultats. Pourquoi ne pas les remettre sur pied? Je n’ai jamais compris pour quelles raisons la décision de les abolir avait été prise. Le crime organisé opère souvent la nuit et la patrouille, dirigée, notamment par Jacques Cinq-Mars, était efficace.
C’est bien beau écrire des publications sur Twitter comme le font la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, mais ça n’a pas d’impact sur le terrain.
Je comprends l’inquiétude de la population. Si rien n’est fait, ce seront d’innocentes victimes qui paieront le prix.
10-4!
(Propos recueillis par Gravité Média)