Fin de l’enquête sur les « postes de police chinois » : Vision Brossard et Xixi Li exigent des excuses
Hanadi Saad, présidente de Vision Brossard, et Xixi Li, candidate à sa réélection, réclament des excuses de la mairesse de Brossard. (Photo: Le Courrier du Sud – Sylvain Daignault)
À la suite de l’abandon par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) de son enquête sur deux présumés postes de police chinois à Montréal et à Brossard, la conseillère municipale Xixi Li réclame des excuses publiques de la mairesse sortante Doreen Assaad. Elle lui demande également de rembourser ses frais juridiques, qu’elle estime entre 60 000 $ et 70 000 $.
Candidate à sa réélection et à la tête du Service à la famille chinoise du Grand Montréal et du Centre Sino-Québec de la Rive-Sud à Brossard – les deux organismes visés par ces allégations –, Mme Li a fait sa déclaration vendredi, aux côtés de la cheffe de Vision Brossard Hanadi Saad, dans le local électoral de la formation à Place Portobello.
«Beaucoup de personnes rencontrées m’ont répété être fâchées du traitement que j’ai reçu», a déclaré Mme Li, visiblement émue, en soulignant que cette affaire avait été «très difficile» pour elle et pour la communauté chinoise de Brossard, qui représente 12% de la population de la ville.
Elle a précisé que les poursuites du Centre Sino-Québec contre la GRC et la Ville de Brossard étaient maintenues. La conseillère n’a toutefois pas répondu aux questions des journalistes.
Pour Mme Saad, le comportement de la mairesse sortante constitue «une atteinte à la démocratie locale». Elle a rappelé que même l’ex-ministre québécois de la Sécurité publique avait nié tout signe d’ingérence étrangère et dénoncé les résolutions adoptées contre Mme Li au conseil municipal.
«Je demande à la mairesse de s’excuser non seulement auprès de Mme Li, mais aussi auprès de la communauté chinoise de Brossard, qu’elle a ostracisée», a lancé Mme Saad. Selon elle, Mme Li a été contrainte de s’absenter du conseil pendant plusieurs mois et a reçu des menaces dans la foulée de cette controverse.
Mme Saad exige également que Doreen Assaad rembourse les frais juridiques engagés par la Ville. «Les citoyens n’ont pas à payer pour les dérives d’une élue qui a abusé de son pouvoir. Nos taxes doivent servir à améliorer nos quartiers, pas à couvrir les fautes d’une mairesse en perte de crédibilité», a-t-elle affirmé.
«Ce dossier est la preuve concrète qu’un vrai changement est nécessaire. Transparence, éthique et respect des élus et des citoyens doivent remplacer les pratiques actuelles», a ajouté Mme Saad.
En février 2023, plusieurs médias avaient rapporté le déclenchement d’une enquête de la GRC sur des organismes communautaires chinois de Montréal et de Brossard auraient servi de relais au Parti communiste chinois pour intimider des membres de la diaspora. Les deux centres dirigés par Mme Li ont toujours nié ces accusations et ont intenté, l’an dernier, une poursuite de 4,9 millions $ contre la GRC, pour propos diffamatoires.
Réaction de la mairesse
En après-midi, la mairesse de Brossard a fait parvenir sa réaction au Courrier du Sud. Selon elle, l’abandon de l’enquête par la GRC ne doit en aucun cas signifier l’abandon de la population de Brossard, qui a droit à des réponses claires.
La mairesse de Brossard, Doreen Assaad. (Photo: Le Courrier du Sud – archives)
«Trop de questions demeurent sans explication depuis le début de cette affaire, estime la mairesse Assaad. En cours d’enquête, la GRC elle-même a affirmé avoir mis fin à des activités illégales dans les présumés postes de police chinois et avoir recueilli plusieurs témoignages crédibles de personnes craignant pour leur sécurité,»
Elle ajoute : «Ces éléments ne peuvent tout simplement pas rester dans l’ombre. Le gouvernement du Canada doit exiger de la GRC qu’elle rende publics tous les faits derrière cette affaire préoccupante. La confiance du public en dépend.»