Fleuve en déficit d’eau

Les prévisions actuelles pour le port de Montréal indiquent que les niveaux d’eau pourraient rester inférieurs à la moyenne à long terme jusqu’à la fin de l’année. (Photo : Le Courrier du Sud - Denis Germain)
Le fleuve Saint-Laurent a atteint son plus bas niveau depuis 2021, une situation qui ne cause pas encore de problème, mais qui fait quand même l’objet d’une étroite surveillance. Si la baisse devait se poursuivre, la navigation commerciale et d’autres usages du fleuve pourraient être affectés.
Pour l’instant, tout est sous contrôle, affirme Gilles Tanguay, directeur des opérations pour Navark. Il explique qu’il n’y a pas de problème pour les navettes fluviales, qui partent notamment de Longueuil, Boucherville et Varennes. «Le niveau est présentement acceptable. Les trajets demeurent les mêmes et il n’y a aucun retard, mais nos équipages restent vigilants.»
Selon M. Tanguay, la situation n’est pas inédite. Depuis le début de sa carrière, il a déjà observé des conditions similaires au moins à quatre reprises, en 2001, 2007, 2008 et 2021.
Actuellement, entre Montréal et Sorel-Tracy, le niveau du fleuve est au zéro hydrographique. Il s’agit d’un niveau de référence utilisé pour les cartes marines et nautiques. Toutes les profondeurs indiquées sur ces cartes sont mesurées à partir de ce point. Si le niveau venait à baisser davantage, certaines infrastructures pourraient devoir être adaptées, notamment les quais, qui pourraient nécessiter un élargissement vers le large pour faciliter l’embarquement, fait remarquer M. Tanguay.
Les prévisions actuelles pour le port de Montréal indiquent que les niveaux d’eau pourraient rester inférieurs à la moyenne à long terme jusqu’à la fin de l’année.
Pour les plaisanciers, la vigilance reste de mise. Les navigations hors des chenaux balisés pourraient causer des accidents, endommager les hélices ou d’autres pièces de moteur. Récemment, un bateau s’est échoué à Boucherville, vraisemblablement après être sorti de la zone navigable.
Toutefois, selon plusieurs commerces de réparation de bateaux à Longueuil, comme Guité mécanique marine et Marine Daniel Masson & Fils, le bas niveau d’eau n’a pas entraîné de hausse des réparations. «Tant que les plaisanciers restent dans les chenaux, il n’y a pas de problème», précise Josette Chalifou.
Les causes de cette baisse sont multiples : un hiver moins enneigé, un couvert de glace plus mince dans les Grands Lacs, des précipitations plus faibles, des épisodes de canicule et la gestion des barrages, notamment celui de Beauharnois, qui réduit le débit vers le fleuve.
Mais si le niveau d'eau continue de baisser, certains navires commerciaux devront alléger leurs chargements, a mentionné au quotidien La Presse, le directeur général de la Corporation des pilotes du Saint-Laurent Central, Jean-Denis Girard.
Du côté de l’agglomération de Longueuil, on assure que les usines de traitement de l’eau potable ne font pas face à la même situation que celles d’autres villes, et qu’elles ne sont pas affectées par la baisse actuelle du fleuve. Lors du dernier épisode de chaleur, aucune diminution de la qualité de l’eau ni hausse de produits chimiques utilisés au traitement n’ont été observées, ce qui signifie qu’il n’y a pas de coûts supplémentaires.
Certaines prises d’eau, comme celles des usines Mario-Petrone et Louise-Gravel sont peu sensibles à la variation du niveau du fleuve. Celle de l’usine Le Royer l’est davantage, mais la Ville souligne qu’il n’y a pour l’instant aucun enjeu et qu’elle dispose d’options de rechange en cas de situation extrême.