Floride – Gaspésie, 8000 km en 5 mois : le défi colossal de Joan Roch… et sa conjointe !

Joan Roch, au terme de sa course de Percé à Montréal. (Photo: Le Courrier du Sud − Archives)
Sa course de Percé à Montréal, qui avait épaté en 2020, a l’air d’une modeste balade maintenant que l’ultramarathonien Joan Roch a entrepris de courir les 8 000 km qui séparent Key West, en Floride, de Forillon, en Gaspésie. Après une dizaine de jours à courir à ses côtés, sa conjointe Anne Genest s’attaquera à un autre type de défi: gérer seule la maisonnée de quatre enfants pendant les cinq mois de son absence.
M. Roch a besoin de compter à son calendrier au moins deux projets majeurs pour conserver sa motivation, dit-il. Ainsi il n’a eu aucune réticence à récemment accepter de relever la Diagonale des fous en 2024, malgré son défi de grande envergure de traverser un continent, planifié depuis longtemps et entamé le 27 février.
Le défi de Joan
«DÉPART. Je rentre à la maison.» a écrit le coureur avec un brin d’ironie sur sa page Facebook, au jour 1 de son aventure qui le ramènera chez lui. Ironie car, sa maison de Longueuil, il ne la reverra pas avant la fin juillet.
Un tel marathon demande certes de la préparation, mais Joan Roch n’a réservé aucun hôtel sur son chemin. Il dort à la belle étoile, sous une tente ou sous tout toit accueillant.
«Je vais voyager le plus léger possible, en autonomie», a confié le coureur, en entrevue au Courrier du Sud une semaine avant son départ.
Peu importe la chaleur, le froid, les vents, il continuera son chemin en sillonnant entre autres le Florida Trail et l'Alabama, l’Appalachian Trail, le sommet de Katahdin dans le Maine, le Sentier international des Appalaches au Nouveau-Brunswick et le GRA1 qui traverse la Gaspésie.
(Photo tirée de Facebook)
Seule une tempête – qui ne serait pas impossible dans les environs des White Mountains au New Hampshire – le forcerait à prendre une pause. «Je ne serai pas équipé pour ça», a-t-il indiqué.
Dans sa préparation physique, il a ajouté quelques exercices de musculation – pour renforcer son dos – et s’est assuré d’avoir la meilleure forme complète possible, pour éviter les blessures. Quant à la course, il ne jugeait pas nécessaire de bonifier son entrainement à outrance. «Je pourrais partir pas en forme, et je le deviendrais en route», a-t-il mentionné simplement.
Sur le plan mental, sa course de 1 145 km entre la Gaspésie et la métropole lui servira d’expérience. «Jour après jour, il faut se persuader que c’est la bonne chose de continuer, a-t-il expliqué. Je peux y arriver quand je tombe dans un état d’esprit où tout ce qui compte, c’est manger, dormir, avancer.»
«Ma vie sera très simple, mais pas facile.»
-Joan Roch
Le défi d’Anne
Quand il pense au confort de la maison ou à la famille, ça se corse.
Voilà pourquoi il a fallu au couple un an et demi de préparatifs pour que Joan Roch puisse courir la tête tranquille. Rendez-vous chez le dentiste, passeport en règle, congé sans solde, préparation des impôts; il fallait penser à tout.
«C’est sûr que s’il y a une urgence, je reviens, mais s’il y a un problème à la maison, je ne peux pas le savoir» a exposé l’ultramarathonien.
En plus d’alimenter la page Ko-Fi et les réseaux sociaux des péripéties de son conjoint, Anne Genest aura fort à faire.
«J’aurais plein de raisons d’être inquiète, mais ce qui me préoccupe beaucoup, c’est comment je vais faire pour survivre avec quatre enfants à ma charge? De temps en temps, c’est le vacarme dans la maison, c’est assez rock & roll!» a dit en riant Mme Genest, qui comptera sur le soutien entre autres des parents de Joan et de celle qui est la mère de trois de ces quatre enfants.
La fratrie est composée de jeunes âgés de 9, 11, 13 et 15 ans .
Mme Genest planifie d’ailleurs de créer un documentaire exposant la vie de famille d’un coureur.
Une semaine avant son départ, elle était très enthousiaste à l’idée de partager un grand moment de complicité avec son conjoint, planifiant courir une dizaine de jours avec lui, avant de le laisser seul battre le pavé.