Huit ans de prison pour un déviant sexuel

JUSTICE. Un homme qui a leurré au moins 54 jeunes garçons par le biais d'internet passera les huit prochaines années dans une prison fédérale. Le résident de Longueuil aurait même tenté d’inciter ses victimes à commettre l'inceste.
Mensonges, menaces, fausses représentations: Bérard-Nault ne reculait devant rien pour forcer ses victimes à assouvir ses besoins. L'homme de 27 ans, qui se faisait passer pour une jeune fille sur Facebook et sur Skype, a même demandé à certains jeunes d'inclure leur propre frère ou leur mère dans leurs mises en scène sexuelles. Heureusement, ces demandes ont été refusées.
Il a pris le chemin du pénitencier aujourd’hui, après s'être reconnu coupable en décembre 2015 d'une panoplie de chefs d'accusation liés au leurre et à la pornographie juvénile. Étant donné la détention préventive, il lui reste six ans et demi à purger. Il sera ensuite soumis à une période de contrôle serré de la part des autorités pendant sept ans. Une interdiction à vie d'entrer en contact avec des personnes mineures lui a également été imposée.
Une victime dénonce
Selon les faits relatés par la procureure de la Couronne, Me Nathalie Legault, les gestes reprochés à Maxime Bérard-Nault se sont étirés de 2012 à 2014. Il visait des garçons entre 11 et 16 ans. Certains d'entre eux ont entretenu une relation virtuelle avec l'accusé pendant plus d'un an.
Afin de les contraindre à des gestes toujours plus dégradants, il menaçait de dévoiler les photos et vidéos qu'il avait déjà à leurs parents et à leurs amis.
«Ses demandes devenaient de plus en plus difficiles à endurer, a souligné Me Legault. Un des garçons a atteint un point de rupture et en a parlé à ses parents, qui ont appelé la police. À partir de ce seul garçon, toutes les autres victimes ont pu être libérées de ce poids.»
Bérard-Nault a été arrêté le 25 février 2014. Les quelque 300 chefs d'accusation déposés au départ contre lui ont été réduits à un peu plus de 100, puis combinés pour tomber à 9 chefs visant 54 victimes. Bérard-Nault a toutefois reconnu que le nombre total de victimes pourrait se situer entre 100 et 200.
Collaboration, mais risque élevé
Maxime Bérard-Nault a avoué ses gestes et collaboré avec les policiers dès son arrestation. Selon son avocat, Me Jean-François Chenard, l'accusé s'est senti «libéré» après l'intervention des policiers parce qu'il était conscient de sa déviance et des conséquences de celle-ci.
«On a crevé l'abcès et M. Bérard-Nault peut maintenant admettre ce qu'il a fait, a lancé Me Chenard. Ce genre de déviance est difficile à admettre avant d'être arrêté parce que la société réprime sévèrement ces crimes.»
L'accusé a entrepris une thérapie sexuelle de son propre chef. Il aurait rencontré la thérapeute 72 fois entre son arrestation et son plaidoyer de culpabilité, en décembre 2015.
N'empêche, le rapport présentenciel et le rapport d'évaluation psychosexuelle déposés devant la juge Louise Leduc soulignent un risque élevé de récidive à cause de l'importance de le déviance et des fantasmes de l’homme. Le rapport psychosexuel note même un penchant pour le sadisme.
«Certains agissements laissent soupçonner la présence de sadisme sexuel non manifeste, note le rapport, dont Le Courrier du Sud a obtenu copie. Un tel sadisme se remarque par un plaisir découlant du pouvoir exercé sur la victime, qui est alors forcée à commettre des actes dégradants»
Victime à son tour?
Citant le rapport présentenciel présenté à la Cour, Me Jean-François Chenard a souligné que Bérard-Nault aurait été lui-même victime de sévices sexuels de la part d'un membre de sa famille lorsqu'il était enfant. Du côté de la Couronne, Me Nathalie Legault a toutefois jeté un doute sur la véracité de cette affirmation de l'accusé.
«C'est une accusation que Monsieur a lancé pour la première fois en pleine cour, pendant son enquête de remise en liberté. Et c'est démenti par l'individu en question, qui a demandé une rétractation publique de la part de l’accusé.»