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Identiques jusque dans leur rêve

le lundi 19 août 2019
Modifié à 10 h 56 min le 19 août 2019
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Les jumeaux Bilodeau partagent bien plus que leur physique. Depuis qu’ils sont tout jeunes, ils rêvent de participer au Championnat du monde de karaté, au Japon. Et en novembre, après plus d’un an et demi à s’entraîner quatre heures par jour, leur rêve deviendra réalité. Le World Open Karate Championship réunit les meilleurs combattants de 100 pays, toutes catégories de poids et d’âges confondues. «Là-bas, on peut se battre contre un gars de 300 ou de 120 lb, lance Michaël Bilodeau. Ils sont pesants, difficiles à déplacer, mais avec de la détermination, tu y arrives.» Cette dernière phrase en dit long sur la volonté et la ténacité des deux jeunes hommes de 18 ans, l’âge minimal pour prendre part à l’événement. Dès leurs débuts dans le milieu des arts martiaux, à 7 ans, Joël et Michaël avaient cet objectif en tête. «Déjà, à 12 ans, on était de très bons combattants, se souvient Michaël. On se battait avec des adultes. Shihan Bordeleau, notre entraîneur, nous a dit qu’à 18 ans, on pourrait probablement aller au Championnat du monde.» Cette affirmation n’est pas tombée dans l’oreille d’un – ou de deux! – sourd. Depuis un an, ils mettent leurs tripes à l’entraînement à l’école de karaté Shinkyokushin Longueuil, afin de faire de leur rêve une réalité. Pour se qualifier, ils devaient se classer parmi les quatre meilleurs au Canada. Le 30 mars, c’était chose faite. Sacrifices Joël et Michaël Bilodeau ont pris une année scolaire sabbatique afin de se concentrer pleinement sur l’atteinte de leur rêve. En même temps, ils travaillent pour amasser l’argent nécessaire à leur voyage, soit plus de 3000$ par personne. «Ça demande beaucoup de sacrifices. Par exemple, si nos amis nous demandent de sortir, on dit non, explique Joël. Notre temps est vraiment consacré à notre rêve. Ça prend énormément de discipline parce que parfois, tu as envie de tout lâcher, mais c’est l’amour du karaté qui nous fait revenir à l’entrainement.»

«C’est dur sur le mental parce que tu n’es pas tout le temps motivé, mais quand tu as un rêve à accomplir, tu trouves la motivation, tu n’as pas le choix.»
«C’est une bonne alimentation, un bon sommeil, de dures heures d’entraînement, beaucoup de sueur et de la discipline», énumère Joël. La visualisation occupe aussi une grande place. «Je me couche le soir et je m’imagine au Championnat, poursuit-il. C’est quand même un gros poids sur mes épaules. Des fois, je rêve que j’y suis et que je me bats.» Bien qu’ils convoitent la première place, ils comptent y aller «un combat à la fois» et «donner leur 100%». https://www.dailymotion.com/video/x7gokvy Plus que des frères Les jumeaux Bilodeau ont évolué au même rythme toute leur vie. Affirmer qu’ils sont proches est presque un euphémisme. En plus d’être pratiquement identiques et d’adopter le même look, ils partagent aussi les mêmes passions, les mêmes rêves. «C’est la personne parfaite pour m’entraîner, affirme Joël. On a une belle complicité, on aime y aller à fond ensemble, se surpasser. C’est comme ça qu’on devient meilleurs. C’est mon frère, je l’aime beaucoup et je lui souhaite le meilleur.» «Ce n’est pas toujours facile, s’entraîner quatre heures par jour, complète Michaël. Être deux dans cette histoire-là, ça aide beaucoup. Lui, il me comprend. Il vit le même stress que moi. C’est la personne à qui je me confie, à qui je parle de mes stress et de mes craintes. Si j’avais été seul là-dedans, je me serais senti beaucoup plus incompris que maintenant.» Reconnaissants Michaël et Joël ont été élevés par leurs grands-parents. Ce sont eux qui les ont inscrits au karaté quand ils avaient 7 ans, question qu’ils arrêtent de se chamailler. Leur passion du sport n’a jamais cessé de se développer depuis. «De naissance, on aime les défis, on aime se surpasser et le karaté est un sport parfait pour ça, explique Joël. Je pense que c’est vraiment notre quête de toujours vouloir devenir meilleurs qui nous a fait aimer le karaté.» Tout au long de leur parcours et encore à ce jour, leurs grands-parents sont derrière eux. Et les deux athlètes leur vouent une reconnaissance sans borne. «C’est grâce à eux qu’on est ici aujourd’hui, souffle Michaël. C’est important pour nous de le souligner.» «On les aime beaucoup, ajoute Joël. C’est eux qui nous ont élevés et qui nous ont donné l’amour dont on avait besoin.» Même si les deux complices réaliseront leur rêve en novembre, leur parcours dans le monde des arts martiaux sera loin d’être terminé. Ils comptent participer au Championnat tous les quatre ans. «Je veux en faire une carrière, lance Michaël. Je vise la UFC [Ultimate Fighting Championship], c’est vraiment important pour moi.» «Même chose pour moi», renchérit Joël. La fierté d’un entraîneur Le propriétaire de l’école de karaté Shinkyokushin Longueuil Normand Bordeleau a accompagné les jumeaux Bilodeau pendant une grande partie de leur parcours de karaté. «Je me souviens très bien d’eux quand ils étaient jeunes; deux petits gars aux cheveux longs et bouclés, aux yeux fonceurs et qui ne refusaient pas de défis», se remémore-t-il au sujet de ses deux protégés. M. Bordeleau et sa femme Marie-Josée Tremblay accompagneront Joël et Michaël au Japon pour le Championnat du monde. L’entraîneur les rencontre d’ailleurs régulièrement afin de s’assurer que tout se passe bien dans leur préparation. «Émotionnellement, c’est difficile, soulève-t-il. Ils me surprennent de garder la cadence de quatre à cinq heures par jour. Je ne connais pas grand monde qui est capable de faire ça.» L’homme est particulièrement fier des jumeaux, qui sont appréciés de tous au dojo. «Ils attirent les gens parce qu’ils peuvent autant être forts et solides que fins et doux, gentils et polis», conclut-il. Gofundme Joël et Michaël mettront bientôt sur pied une campagne de financement gofundme afin d’amasser des fonds pour leur voyage au Japon. Surveillez lecourrierdusud.ca pour plus de détails.