Chroniques
Opinion

Il n’y a plus de code d’honneur dans le milieu criminel

le mercredi 05 juin 2019
Modifié à 5 h 14 min le 05 juin 2019
Par Claude Poirier

redactiongm@gravitemedia.com

Il y a quelque temps, la grande région de Montréal a été le théâtre de quatre meurtres. Selon mes informations, il n’y a pas de relation entre ces événements. Des années 1960 à 2000, avant la fameuse guerre des motards, il y avait ce qu’on appelle un code d’honneur: lorsqu'on voulait passer quelqu'un, que ce soit un motard, un membre du crime organisé, de la mafia québécoise ou italienne, on prenait tous les moyens pour éviter que d’innocentes victimes en soient la cible. Le meurtre épouvantable dans un restaurant au Quartier DIX30 à Brossard et le membre influent de la mafia italienne abattu à l’hôtel Sheraton à Laval alors qu’il y avait des enfants dans une fête, c’est inacceptable. Je me souviens de l’époque où j’étais en contact avec Vito Rizzuto. Il avait une facilité à contrôler les motards et la mafia. Il était considéré comme un «excellent négociateur». Le jour où on a décidé de procéder à son arrestation aux États-Unis, bien des gens ont dit que le bordel commençait. J’ai lu dans Le Reflet l’histoire d’un policier qui a collaboré à l’écriture d’un livre sur Rizzuto. Il disait que ça avait été une erreur de l’envoyer aux États-Unis. Je suis d’accord. C’est là que la guerre a commencé pour le contrôle de la mafia italienne. On a vu les motards criminels prendre le contrôle de la vente de stupéfiants au Québec. Lorsqu’il y a eu une guerre des motards qui a fait au-delà de 160 victimes, Vito Rizzuto a reçu le mandat de rencontrer Frédéric Faucher et Mom Boucher – chefs des Rock Machine et des Hells Angels – pour que ça arrête. La hache de guerre a été enterrée dans une rencontre à laquelle j’ai assisté. Ça démontre à quel point il avait un contrôle sur le crime organisé au Québec. Le crime organisé, il y en a toujours eu et il y en aura toujours, mais quand il n’y a pas d’innocentes victimes, on doit avoir une certaine tolérance. Là, il n’y en a pas de tolérance! Je parlais avec des gens récemment qui me disaient «il faut que ça arrête, on a peur». Selon mes sources policières, des membres de gangs de rue sont à la solde de personnes qui veulent faire disparaître d’autres personnes. 10-4! (Propos recueillis par Gravité Média)