Justice
Faits divers

« Je vais la débarrasser de ses problèmes pis je vais me tuer »

le mercredi 22 mars 2017
Modifié à 0 h 00 min le 22 mars 2017

JUSTICE. C'est sans paroles que Suzanne Dufour aurait demandé à Martin Bernier de lui enlever la vie, selon l'homme qui est aujourd'hui accusé de meurtre au premier degré. L'interrogatoire de Bernier a été diffusé aujourd'hui au palais de justice de Longueuil.

Bernier a été arrêté le 18 juillet 2013. Dans le cadre de son procès, il reconnaît avoir tué sa conjointe, Mme Dufour, dans sa chambre à la résidence pour aînés L'Intermède. Lors de son interrogatoire au poste de police, il a dressé le portrait d'un pacte de suicide qui se serait conclu sans mot dire, plutôt que d'un meurtre.

«Quand on aime quelqu'un, on se comprend. On se connaît par cœur et on n'a pas besoin de parler. Ç'a dérapé. Je ne sais plus si c'est moi qui a perdu la carte ou si c'est elle qui a demandé quelque chose», a dit Bernier au sergent-détective Yannick Douville.

Problèmes de santé

Suzanne Dufour fréquentait Martin Bernier depuis 13 ans au moment du drame. Elle avait d'importants problèmes de santé et l'accusé s'occupait bien d'elle, selon les différents intervenants qui ont témoigné cette semaine.

Mme Dufour souffrait de paralysie cérébrale. Elle marchait difficilement et elle pesait moins de 90 lb. Elle était aussi alcoolique et l'hôpital Pierre-Boucher indiquait qu'elle était à risque de suicide après avoir été hospitalisée.

Aucune demande verbale

«Suzanne vous a-t-elle demandé quelque chose aujourd'hui?», a questionné le sergent-détective Douville, dans l'interrogatoire dont nous diffusons un extrait ci-dessous.

L'accusé n'a pas répondu directement à la question. Il a plutôt expliqué que Mme Bernier s'est plainte de son alcoolisme et du fait que ses enfants et ses petits-enfants ne venaient plus la voir.

Cet échange aurait convaincu Martin Bernier que sa conjointe souhaitait mourir ce jour-là.

«[Je me suis dit], je vais la débarrasser de ses problèmes pis je vais me tuer. Pis ça n'a pas marché. J'étais tout paniqué après que j'aie fait ça pis on dirait que j'ai comme oublié.»

Selon le témoignage de sa sœur, Sylvie Bernier, l'accusé lui aurait également mentionné un «pacte de suicide», sans entrer dans les détails.

Martin Bernier souffre de schyzophrénie paranoïaque. Il était toutefois médicamenté au moment des faits. Les policiers qui l'ont arrêté n'ont noté aucun comportement anormal de sa part, selon leurs témoignages.

Suffoquée puis étranglée

Bernier aurait alors emprunté un ruban adhésif à une autre résidente de L'Intermède. Il l'a mis sur la bouche de sa victime, «au cas où elle se débat».

Il lui aurait ensuite mis deux sacs d'épicerie sur la tête. Il les aurait tenus avec ses mains, sans les attacher.

«Elle s'est même pas débattue. Elle était tellement faible», a-t-il précisé pendant l'interrogatoire.

Bernier n'était toutefois pas certain d'avoir achevé sa victime. Il l'aurait donc étranglée avec ses mains.

Comme nous le rapportions hier, le pathologiste qui a pratiqué l'autopsie de Mme Dufour avait noté quelques éléments qui pourraient suggérer une strangulation, mais n'était pas en mesure d'établir la cause exacte de la mort.

Après avoir tué sa conjointe, Martin Bernier serait parti chercher la directrice de l'Intermède, Lyssia Dumont. Le médecin et l'infirmière de la résidence auraient pratiqué des manœuvres de réanimation sur Mme Dufour jusqu'à l'arrivée des ambulanciers. Bernier a été arrêté quelques minutes plus tard.

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