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« J’étais en maudit après la vie » -Dominique Lebeau, ancien batteur des Cowboys fringants

le lundi 27 novembre 2023
Modifié à 10 h 23 min le 28 novembre 2023
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Dominique Lebeau (Photo: Gracieuseté)

La colère. C’est la première émotion qu’a ressentie Dominique Lebeau en apprenant le décès de Karl Tremblay, le 15 novembre. Celui qui a été batteur au sein du groupe pendant une dizaine d’années a perdu un frère, «tout le monde a perdu un frère». 

«Je pense que c’est la meilleure image que je peux donner de Karl. Certains vont dire, on a perdu un ami, un membre de notre famille, un chum. Pour moi, c’était plus proche, plus organique que ça», témoigne Dominique Lebeau, domlebo de son nom d'artiste.

C’est lui-même qui a contacté Le Courrier du Sud, une semaine après le décès de Karl Tremblay. Le jour suivant la triste annonce, il avait refusé toutes les demandes d’entrevues. 

«Sur le coup, j’étais vraiment en colère. J’étais en maudit après la vie, ça m’a fâché. Je trouvais que ça n’avait pas d’allure, que ce n’était pas correct», commente-t-il aujourd’hui. 

(Photo: Gravité Média - Archives)

Malgré la maladie qui pouvait laisser croire à une triste fin, un tel départ demeure un dur coup. «On sait que ça peut arriver n’importe quand. On pense qu’on est préparés et finalement, on l’est pas», constate le Lambertois.

Depuis, cette colère s’est apaisée chez Dominique Lebeau, nourri par tout le beau ressorti au cours des derniers jours. 

Même s’il n’avait pas gardé un contact étroit avec Karl Tremblay, il se sentait encore connecté à cet artiste. 
Il a assisté à plusieurs spectacles des Cowboys au fil des dernières années, gardant avec le groupe un lien «affectueux et amical».

Pas de hiérarchie

De sa carrière de Cowboy fringant auquel il a mis fin en 2007, Dominique Lebeau retient une camaraderie «simple et honnête» au sein des membres. 

«Il n’y avait pas de hiérarchie chez les Cowboys. Oui, la personne qui écrit porte un chapeau différent, mais une fois que la chanson est écrite et qu’elle est à la main de tout le monde, on a toujours tout partagé en cinq. Une fois sur scène, c’est une équipe qui a un but : livrer un bon spectacle et défendre cette chanson-là.»

«Je me vois sur un paquet de scènes, des petites, des grandes, au Québec et ailleurs. Et nous, il faut soutenir Karl, qui est là pour livrer des chansons. Et qui l’a fait comme personne ne peut le faire.»

-Dominique Lebeau

 

 

Et l’œuvre de «JF»

Dominique Lebeau en est convaincu, les honneurs et les hommages rendus à Karl Tremblay, tant comme personne que comme interprète, sont amplement justifiés.

Mais il est tentant aussi de poser la question… la contribution de Jean-François Pauzé, auteur des paroles, a-t-elle toute la reconnaissance qu’elle mérite?

«Est-ce que par le passé, on n’a pas assez souligné la qualité des chansons et le travail de JF Pauzé? J’y ai pensé…» reconnait-t-il.

Il se rappelle un de ses passages au gala de l’ADISQ, lorsqu’il avait fait mention sur scène que Jean-François Pauzé devrait être l’auteur-compositeur de l’année. 

«À ce moment-là, ça ne pouvait qu’être que des artistes solos. L’année suivante, ils ont changé la catégorie et c’est Louis-Jean Cormier qui a gagné. L’ADISQ s’est ajustée», soulève-t-il.

Il se désole tout de même que Jean-François Pauzé n’ait jamais remporté cette statuette. «Ça ne fait pas de sens! Ça va prendre un prix hommage à J-F pour l’ensemble de son œuvre, de son vivant. Les chansons, c’est une maudite belle œuvre.»