Sports
Julianne Séguin regarde vers l’avant
le mercredi 21 novembre 2018
Modifié à 13 h 50 min le 21 novembre 2018

PATINAGE ARTISTIQUE. On apprenait en juillet que Julianne Séguin n’évoluerait plus sur la glace avec Charlie Bilodeau, ce dernier ayant pris la décision de mettre fin à leur partenariat. L’athlète de 21 ans a pris une pause de quelques mois afin de digérer la nouvelle. Elle se sent maintenant prête à regarder vers l’avant.
Julianne et Charlie patinaient ensemble depuis novembre 2012. En février dernier, ils avaient obtenu une neuvième place lors des Jeux olympiques de Pyeongchang.
«Je ne peux pas cacher le fait que ç’a été extrêmement difficile, admet la jeune femme, en entrevue avec Le Courrier du Sud. Mais je ressors tout de même de bonnes choses de ça. On ne peut pas effacer le passé qu’on a eu ensemble, tout ce qu’on a acquis, les succès qu’on a eu. Ç’a été un parcours magnifique, on ne peut rien enlever à ça. Et se rendre aux Jeux olympiques, faire une performance comme ça, c’est magique. Je me rattache à ces points forts de ma carrière et je me dis que c’était de beaux moments. Je ne regrette rien.»
La décision prise par son ancien partenaire n’a pas été facile à accepter, surtout qu’elle survenait à l’issue d’une année marquée de nombreux moments forts en émotions.
«Ç’a amené beaucoup de questionnements, de remises en question: qu’est-ce que j’ai fait? Qu’est-ce que je n’ai pas fait? Qu’est-ce que j’aurais dû faire? Dans l’émotion crue, tu te dis: je ne dois plus être faite pour ça. Mais ça part vite de la tête. On prend un recul et on se dit qu’il y a eu des bons coups et des moins bons coups. Maintenant, qu’est-ce que je peux faire avec ça? On avance. On tourne la page en quelque sorte, sans rien effacer. On essaie d’avancer avec le bagage qu’on a, avec la petite valise qui nous suit tout le temps et qui nous sert dans la vie de tous les jours.»
Pour la Longueuilloise, c’était l’équivalent d’une rupture. «Je côtoyais plus Charlie que ma famille. C’est sûr que ça m’a fait quelque chose parce que c’est une personne que j’apprécie beaucoup.»
Retour sur la patinoire
Julianne a profité des mois qui ont suivi la nouvelle pour prendre une pause, se «ressourcer» et clarifier ses «motivations». Ce n’est que tout récemment qu’elle a remis le pied sur une patinoire; elle s’entraîne au complexe Les 4 glaces, à Brossard, «un lieu assez neutre, pour retrouver la passion du patin». Et pour l’instant, le mot d’ordre est d’y aller une étape à la fois.
«Je pense que c’est plus réaliste d’y aller comme ça étant donné que je n’ai pas de partenaire; je suis un peu toute nue, si on veut, lance-t-elle en riant. Si je ne recommence pas la compétition en simple, ça me prend un partenaire parce que je ne peux rien faire sans ma moitié. Je pense que c’est le premier objectif.»
Et la recherche d’un nouveau partenaire est beaucoup plus complexe qu’on ne pourrait le penser.
«Le mieux est d’avoir un partenaire qui est canadien, croit-elle. Sinon, ça se fait très bien, mais ça nécessite d’investir beaucoup d’argent, beaucoup de sacrifices si je décide ou que le partenaire décide de changer d’endroit. C’est plus compliqué. Mais si j’essaie de rester au Canada, ce ne sera pas évident. C’est beaucoup de bouche-à-oreille.»
Lorsqu’elle aura trouvé celui qui l’accompagnera sur la patinoire, l’objectif sera de bâtir une chimie. Un processus qui peut être long.
«Veut, veut pas, on s’entraîne cinq ou six jours par semaine et on se tient toujours la main, donc, c’est important de connaître l’autre personne.»
Honorée par l’école De Mortagne
Le 19 novembre, l’école secondaire De Mortagne a convié Julianne ainsi que les patineurs de vitesse courte piste Charle Cournoyer, Charles Hamelin et François Hamelin dans son auditorium, où les Olympiens ont été honorés.
Un montage vidéo de chacun à l’œuvre a été présenté sur écran géant. Des jeunes athlètes du Programme sport-études se sont également présentés au micro afin de faire part aux patineurs de leur admiration. Camille Perreault, élève-athlète de troisième secondaire en patinage artistique en couple, s’est adressée à Julianne.
«J’ai eu la chance de te côtoyer sur la glace durant nos entraînements et tu as toujours été une inspiration pour moi, a dit la jeune fille. Je te voyais patiner avec Charlie et j’avais vraiment aimé ta détermination, ta discipline et surtout le plaisir que tu semblais avoir à patiner.»
«Nos parcours se ressemblent un peu parce que moi aussi, je patine en couple, a-t-elle poursuivi. Même si je n’ai que 14 ans, c’est en te voyant que je me dis que tout est possible. Merci d’avoir été une si belle source d’inspiration pour moi. Bonne chance dans tous tes projets futurs.»
L’Olympienne s’est dite touchée d’être honorée ainsi par son ancienne école.
«C’est extrêmement gratifiant, a-t-elle admis. D’avoir la chance de revenir ici, c’est significatif pour nous tous. C’est ce passage qui fait un gros changement et qui détermine le restant de notre carrière parce qu’on va se le dire, s’entraîner comme on s’entraîne, c’est beaucoup de temps. Sans mon passage ici, ça n’aurait pas été possible, ou du moins très difficile.»
Son conseil aux jeunes patineuses qui l’admirent est de donner le meilleur d’elles-mêmes.
«C’est de s’entraîner pour être fière de soi-même et au meilleur de nous. C’est personnel; c’est vraiment selon ce que tu veux faire. Si tu as la détermination pour le faire, c’est beau. Ce qui est le plus extraordinaire dans tout ça, c’est quand ça vient de toi, que tu le fais pour toi-même et non pour les autres. Je pense que c’est ce qui a fait que j’ai réussi à me rendre loin. J’ai travaillé pour et je suis fière de ce que j’ai fait. C’est la clé», conclut Julianne Séguin.