Kilimandjaro : un parcours chirurgical à alléger pour les femmes atteintes du cancer du sein

L’équipe qui grimpera le Kilimandjaro : Dr Alexis-Simon Cloutier, Dr Hugo Diec, Dr François Chagnon, Dre Marie-Claude Tanguay, Dre Mathilde Bourdua, Dre Annie Desautels, Dre Annick Larochelle et Dre Karine Gagnon-Gervais. (Photo: Gracieuseté)
Une patiente traitée pour un cancer du sein peut devoir subir jusqu’à trois interventions chirurgicales, de la biopsie jusqu’à la chirurgie pour retirer la tumeur. L’Hôpital Pierre-Boucher souhaite se doter d’un «scout», un appareil qui évitera l’une de ces interventions. Du 6 au 12 octobre, huit de ses médecins graviront le Kilimandjaro afin d’amasser les fonds nécessaires pour cette acquisition.
Chaque année, le CISSS de la Montérégie-Est réalise plus de 500 chirurgies liées au cancer du sein.
C’est une biopsie, réalisée par un radiologiste, qui permet de détecter un cancer du sein. Si la lésion n’est pas palpable, une procédure préopératoire est essentielle le matin de la chirurgie qui retirera la tumeur, pour installer un harpon, c’est-à-dire une tige de métal avec une flèche.
«Il est fait pour être installé dans la tumeur. La tige sort du corps, et le chirurgien peut suivre ce guide pour aller jusqu’à la tumeur», explique le Dr François Chagnon, chirurgien qui a déjà pratiqué cette spécialité.
«Ça fait beaucoup d’étapes, c’est du stress. Se faire installer une tige de métal qui sort du sein, ç’a un impact psychologique», ajoute-t-il.
Grâce au «scout», le radiologiste pourrait, lors de la biopsie, installer un réflecteur, d’une taille de 2 à 3 mm, qui réfléchit comme un miroir. En salle d’opération, le «scout», de la grosseur d’un crayon feutre, émet des infrarouges qui reflètent sur le réflecteur, aidant le chirurgien à localiser la tumeur, sans harpon.
En plus d’alléger le processus pour la patiente, cela facilite le travail du chirurgien. «On est obligé de passer dans le «chemin» du radiologiste, et quand il l’installe, le sein est comprimé, ce n’est pas nécessairement le chemin le plus court, soutient le Dr Hugo Diec. Là, il peut prendre la voie qu’il juge la plus facile, et la plus esthétique pour la patiente.»
L’appareil permet aussi d’enlever la tumeur de façon plus précise, car il émet un signal pour la détecter et ainsi en évaluer la distance.
À ces gains s’ajoutent des bénéfices logistiques. «On mettait le harpon à 8h le matin et c’est seulement à 10h qu’on pouvait opérer. Sans cette étape, on peut opérer dès 8h, et donc une personne de plus par jour», expose le Dr Chagnon.
L’Hôpital a récemment loué l’appareil afin que les médecins puissent se familiariser avec cette nouvelle technologie, jusqu’à maintenant utilisée dans un seul autre centre au Québec.
Les médecins sont confiants d’amasser les 75 000$ nécessaires pour une acquisition au cours de la prochaine année.
Chacun son sommet
La collecte de fonds liée à l’ascension du Kilimandjaro bénéficie de la générosité jusqu’à maintenant de la population, de collègues des huit médecins de l’aventure et de philanthropes de la Fondation Pierre-Boucher.
À l’approche de ce voyage peu commun, l’excitation se fait sentir.
«J’ai vraiment hâte, lance le Dr Diec. Ç’a toujours été un de mes rêves de faire cette montagne. Quand j’ai rencontré ma femme, je lui ai dit : «il faut faire ça un jour». Mais elle n’a jamais montré d’intérêt. Là, quand ça s’est présenté, elle a dit «Go! je m’occupe des enfants!»
Le Dr Chagnon caressait cette idée depuis une quinzaine d’année. Il fait partie de ceux qui se rendront sur le site quelques jours plus tôt, afin de gravir une montagne voisine et s’acclimater à l’altitude.
«C’est l’excitation, mais la peur de l’inconnu. La gestion de l’altitude es le plus gros défi!» exprime-t-il.
Les médecins entendent faire flotter cette bannière durant leur ascension. (Photo: Gracieuseté)
Les cinq femmes et trois hommes qui se mesureront au Kilimandjaro se préparent depuis six mois : course à pied ou vélo pour améliorer le cardio, randonnée, notamment, pour renforcer les muscles et l’endurance.
Bien sûr que ces médecins souhaiteraient poser les pieds au sommet de cette montagne de 5 895 m, mais la prudence est de mise face à un tel défi. «Le but est que ce soit sécuritaire, les effets de l’altitude peuvent être dangereux. On veut tous faire notre montagne personnelle, image le Dr François Chagnon. C’est pour notre plaisir personnel, mais c’est une mission pour aider une population.»