La chasse aux profs pour la rentrée

La directrice de l’école Saint-Romain Marie-France Labelle (à gauche) et la directrice adjointe Marie-Ève Gélinas (à droite), en discussion avec une enseignante. (Photo: Le Courrier du Sud – Michel Hersir)
À quelques jours de la rentrée scolaire de ce 30 août, le Centre de services scolaire Marie-Victorin (CSSMV) a mené un dernier sprint d’embauche pour combler ses besoins. L’Opération Grand V, tenue à l’école secondaire l’Agora de l’arr. de Saint-Hubert le 15 août, a permis de combler dans l’immédiat 297 postes et contrats au primaire et 183 au secondaire.
Par Ali Dostie et Michel Hersir
Il s’agissait de la 5e année de cette opération-charme qui rassemble directions scolaires et enseignants.
Le CSSMV a précisé, le 26 août, que le nombre de besoins qui seront comblés évoluera au cours des prochains jours, à la suite du traitement des dossiers et des besoins à combler par les ressources humaines.
«On souhaitait assurer la relève, explique Sylvie Côté, directrice des ressources humaines au CSS. Une fois les postes comblés avec les gens sur nos listes de priorité, on se posait la question: qu’est-ce qu’on fait avec les affectations encore vacantes? Parce qu’on se retrouvait avec plus d’affectations que de candidats sur nos listes.»
Depuis plusieurs années, le CSS dit réussir à combler ses postes de professeurs à temps plein pour la rentrée et l’Opération Grand V est l’une des sources de ce succès.
Les enseignants pouvaient entrer directement en contact les directions scolaires des écoles primaires et secondaires du CSS pour lesquelles ils ont un intérêt.
«Les candidats et les directions remplissent une fiche de préférence et on fait des coups de foudre avec ça. On regarde s’il y a des matchs parfaits, puis les préférences des candidats, et on poursuit de cette manière, décrivait ce jour-là Mme Côté. C’est une espèce d’opération de séduction!»
«On a un objectif à atteindre: zéro poste d’enseignant vacant», ajoutait-elle.
En tout, 527 personnes ont été rencontrées durant la journée, soit 77 de plus que l’an dernier. Parmi eux se trouvaient des enseignants diplômés, mais aussi des enseignants non légalement qualifiés. Ces derniers seraient toutefois «une minorité», selon Mme Côté.
Pour la direction du CSS Marie-Victorin, l’opération Grand V 2022 a connu un succès qui a dépassé les attentes.
Des avantages
Mélanie Ladouceur, enseignante en adaptation scolaire, s’est présentée à l’événement.
«Je trouve ça super bien, je n’ai pas vu ça ailleurs avant. Ça permet de rencontrer toutes les directions scolaires et de ne pas avoir à te promener d’une école à l’autre», constate-t-elle.
Elle trouve utile d’avoir accès à la liste des postes et contrats à pourvoir, «ce qui n’est pas toujours le cas».
Marie-France Labelle, directrice de l’école Saint-Romain, voit également les avantages de l’Opération Grand V, l’une de ses journées préférées de la rentrée.
«On rencontre les candidats, on leur pose des questions presque comme pour une entrevue, mais on peut confirmer avec eux presque en direct, sinon le lendemain, soutient-elle. Les candidats savent presque avec certitude qu’ils ressortent avec un emploi! Choisir est nerf de la guerre pour les employés, donc on leur offre des choix!»
Des «inquiétudes» malgré un CSS «très proactif»
Le président du Syndicat de Champlain reconnait que le CSSMV est «très proactif» pour dénicher des enseignants et que l’Opération Grand V, depuis quelques années, «porte ses fruits».
Néanmoins, des inquiétudes persistent.
M. Guilbault cible certaines tâches au secondaire qui, bien qu’à temps plein, sont peu attrayantes.
«Elles impliquent quatre ou cinq planifications différentes, c’est-à-dire des niveaux ou matières différents. On sait que ce sont les enseignants non légalement qualifiés qui risquent de se retrouver avec», relevait-il, le 24 août.
L’arrivée d’enseignants non légalement qualifiés, quoique «nécessaires» admet-il, risque de représenter une charge de travail supplémentaire pour les enseignants, selon M. Guilbault.
Le président du Syndicat de Champlain voit dans le recrutement auprès des universités une piste de solution, alors qu’il y observe une certaine «rigidité» dans la formation des personnes qui ne sont pas qualifiées.
Et le gouvernement du Québec doit, «en étant au diapason avec le milieu scolaire, être proactif dans la recherche de solutions», martèle-t-il.
Malgré ces écueils, Jean-François Guilbault note un enthousiasme chez les enseignants. «C’est la première rentrée normale depuis trois ans. Ils ont hâte de retrouver leurs élèves.»
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