Chroniques
Opinion

La crise du logement gagne la banlieue

le mardi 13 avril 2021
Modifié à 16 h 49 min le 09 avril 2021
Par René Vézina

redactiongm@gravitemedia.com

Les prix de l’immobilier sont en folie dans la région de Montréal. Ce n’est pas une bonne nouvelle, même pour la banlieue. L’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) vient à son tour de tirer la sonnette d’alarme en évoquant des «risques de dérive vers la surévaluation», à partir de données qui signalent que le prix médian d’une résidence unifamiliale a bondi de 32% en un an (de mars 2020 à mars 2021) dans le Grand Montréal. C’est à la fois invraisemblable et insoutenable. Oui, les vendeurs ont pour l’instant la partie belle, mais dans un Québec vieillissant, l’offre de propriétés à vendre va tôt ou tard surpasser la demande et les prix risquent alors de tomber. De là les soucis des intervenants comme ceux de l’APCIQ qui ne souhaitent surtout pas que le marché finisse par s’écrouler. Ce serait mauvais pour les affaires. Pour l’instant cette hausse se répercute sur le prix des loyers, eux aussi en hausse, alors que l’offre de logements, elle, est en baisse. Vous pouvez gager qu’on entendra bientôt plein de récriminations sur le resserrement du marché locatif à Montréal à la veille du 1er juillet. Mais on assiste en 2021 à un phénomène qui se préparait depuis quelques années et qui s’impose maintenant brutalement: le sud-ouest de Montréal est lui aussi frappé par le manque de logements. Les derniers relevés sont éloquents. Le taux d’inoccupation dans les villes du sud-ouest de la Montérégie oscille à peine autour de 1%. À Saint-Constant, il est même tombé à 0,5%. Les médias y ont fait écho en évoquant une crise du logement, tant dans le Soleil de Châteauguay que dans le magazine L’Actualité. C’en est rendu absurde. Les gens qui travaillent sur l’île, mais qui n’y habitent pas – en partie parce que s’y loger est hors de prix – n’ont même plus la chance de trouver un appartement convenable, à un prix abordable, sur la Rive-Sud? On peut en tirer au moins trois commentaires. Un: pour les gens qui veulent acheter, cette folie ne durera pas. Les boules de cristal n’existent pas, mais il serait surprenant que les prix ne finissent pas par se stabiliser. Deux: pour ceux qui préfèrent louer, si c’est possible, faites valoir vos avantages. N’hésitez pas à négocier en faisant valoir que vous êtes sérieux et que vous ne déménagerez pas du jour au lendemain. Compte tenu de ce qu’on vient de dire, cette furie des prix à la hausse va se résorber dans le Grand Montréal et les propriétaires d’édifices à logements seront bien heureux de vous avoir gardés. Et trois: le droit au logement est un enjeu sur lequel nos gouvernements sont en train de se pencher. Ils vont finir par agir. C’est essentiel.