La femme qui fuit : à lire absolument

La femme qui fuit est le récit d’Anaïs Barbeau-Lavalette portant sur la vie de sa grand-mère qu’elle n’a pas connue. L’auteure retrace le destin fascinant de Suzanne Meloche, poète et peintre, qui quittera sa campagne natale pour un Montréal en pleine effervescence où elle fera la connaissance de Marcel Barbeau, de Paul-Émile Borduas et de Claude Gauvreau qui l’initieront à l’art et qui deviendront ses amis.
Elle se mariera avec Marcel Barbeau et fondera une famille de deux enfants qu’elle abandonnera dès l’enfance. Dès lors, Suzanne Meloche embrassera sa liberté et perdra contact avec ceux qu’elle a mis au monde au profit d’une quête de plénitude et d’indépendance incompatible avec la maternité et la vie de famille.
Refus global et révolution sexuelle
De 1926 jusqu’à sa mort, Suzanne Meloche a fait un pied de nez à l’obscurantisme de Duplessis pour prendre part au mouvement automatiste, au Refus global et à la révolution sexuelle des années suivantes à travers le monde. Le récit intimiste et planant de cette femme assoiffée de liberté s’inscrit définitivement dans la mémoire collective du Québec.
Au moment de l’écriture du roman, Anaïs Barbeau-Lavalette a effectué un véritable travail d’archéologue pour faire revivre Suzanne Meloche, en s’inspirant de la correspondance et des témoignages qu’elle a obtenus pour rendre compte de la réalité de cette femme empreinte d’ombre et de lumière.
Une grand-mère fantôme
L’emploi du « tu », cette ultime adresse, est un procédé efficace pour permettre à l’auteure de recréer, à travers la fiction, une certaine intimité avec sa grand-mère fantôme qui se révèle parfois révoltante, mais souvent bouleversante. Dans La femme qui fuit, Anaïs Barbeau-Lavalette présente le portrait d’une femme, d’une mère, d’une artiste explosive dont la liberté et la volonté inébranlable de vivre a dû passer par le sacrifice et l’abandon.
Une œuvre touchante à lire absolument!
Marie-Pier Tremblay de la Librairie Boutique Vénus (Rimouski)