Chroniques
Opinion

La folie humaine ne se contrôle pas

le mardi 17 novembre 2020
Modifié à 16 h 03 min le 13 novembre 2020
Par Claude Poirier

redactiongm@gravitemedia.com

Durant mes nombreuses années de métier en tant que chroniqueur judiciaire, j’ai toujours eu cette même pensée: la folie humaine ne se contrôle pas. Nous sommes portés à confondre problèmes de santé mentale et folie humaine lorsque surviennent des drames comme celui à Québec, où un homme a tué deux personnes et en a blessé cinq autres en pleine rue, ou à Wendake, où un père a assassiné ses deux enfants. Avec tout ce qu’on vit en raison de la COVID-19, le nombre de cas en santé mentale a augmenté. Nous le savons même si nous n’avons pas les chiffres officiels. Cela ne veut toutefois pas dire que tous ces gens qui souffrent sont des personnes qui vont poser des gestes effroyables. Combien de fois me suis-je entretenu avec des policiers ou des constables spéciaux au palais de justice pour que des mesures de sécurité soient mises en place? Je leur disais fréquemment que n’importe qui pouvait faire un carnage. Je reconnais ce que le premier ministre du Québec, François Legault, a laissé entendre, à savoir que même en instaurant des mesures, il est difficile de prévenir les gestes d’individus comme ceux de Québec et Wendake. J’ajouterais même que c’est impossible. Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, a annoncé l’investissement de 100 M$ en santé mentale. C’est une bonne nouvelle. Toutefois, il est faux de penser qu’avec cet argent, nous allons pouvoir empêcher ceux qui ont l’intention de commettre des crimes qui coûtent la vie à d’innocentes victimes sous le coup de la folie. J’ai moi-même fait face à des individus qui avaient des problèmes de comportement. Et j’avais peur pour ma vie. C’est loin de se comparer au crime organisé espionné par des bureaux de renseignements criminels. Il est impossible de déceler les plans de quelqu’un qui est enfermé dans son sous-sol avec des idées noires. Nous n’avons qu’à penser à Marc Lépine. Personne n’a pu prévoir le jour où il s’est présenté à Polytechnique pour tuer 14 femmes. Il faut revoir les règles qui empêchent les psychologues et psychiatres de parler. Ils sont coincés dans le secret professionnel. Il faut également augmenter les effectifs formés en santé mentale dans les autopatrouilles. La dernière chose qu’un individu en crise veut voir, ce sont des uniformes. Les pratiques et interventions doivent être révisées. Penser que simplement injecter de l’argent permettra d’éliminer ces drames, c’est rêver en couleurs! 10-4! (Propos recueillis par Gravité Média)