Actualités
Culture

La grande consécration d’une bédéiste de Saint-Lambert

le jeudi 20 avril 2023
Modifié à 11 h 40 min le 20 avril 2023
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Julie Doucet est en nomination pour un prix Bédélys pour sa bande dessinée Time Zone J. (Photo : Gracieuseté – Kate Mada)

Julie Doucet n’a pas raté son retour dans le monde de la bande dessinée. Depuis la sortie de Time Zone J en 2022, plus de 20 ans après avoir quitté le milieu, l’artiste a reçu de nombreux honneurs, dont le prestigieux Grand prix d’Angoulême. Elle sera d’ailleurs en nomination pour un prix Bédélys au Festival de la BD de Montréal du 26 au 28 mai.

Time Zone J raconte l’histoire d’une romance par courrier à la fin des années 80 entre l’auteure et un Français. L’auteure revenait ainsi à la bande dessinée, le médium qui l’a fait connaître durant les années 90, notamment à travers sa série Dirty Plotte.

Si celle qui a grandi à Saint-Lambert a ensuite quitté le milieu de la bande dessinée, trouvant que le milieu ne faisait pas assez de place aux femmes, l’ensemble de son œuvre n’a pas été oublié, alors qu’elle reçoit le Grand prix 2022 du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême.

«Je ne m’y attendais pas du tout! C’est énorme le Festival d’Angoulême. Dans le monde francophone, c’est la plus grande consécration!» exprime-t-elle avec reconnaissance.

Elle a rejoint ainsi d’autres ténors de la bande dessinée, tels que Albert Uderzo (Astérix), Philippe Chappuis, alias Zep (Titeuf) et Katsuhiro Ōtomo (Akira).

Jamais quitter l’art

Julie Doucet a peut-être mis la bande dessinée de côté dans les années 2000, mais elle est toujours restée dans le milieu de l’art, réalisant entre autres collages et journal illustré.

«Éventuellement, j’ai fait un burnout, j’ai été incapable de dessiner pendant des années. Puis, tranquillement, j’ai recommencé. Dans un carnet accordéon, je me suis mis à dessiner des personnages. Quand j’étais petite, j’aimais beaucoup dessiner des foules, alors j’ai fait ça, et au fur et à mesure, j’ai intégré des dialogues», raconte-t-elle.

Cela lui a donné l’idée de raconter l’histoire de Time Zone J de cette façon, après plusieurs essais infructueux, entre autres en roman ou en scénario de film.

Le format est d’ailleurs particulièrement inusité : elle n’illustre pas du tout l’histoire, elle se dessine plutôt parmi une foule de personnages, en train de la raconter.

La bédéiste s’est ainsi dessinée des centaines de fois du début à la fin de l’œuvre.

«J’étais tannée à la fin!» admet-elle en riant.

Plus accueillant pour les femmes

Le milieu de la bande dessinée est-il plus accueillant pour les femmes aujourd’hui?

«Oui! Comparé à ce que j’ai connu, ça n’a aucun rapport!» affirme-t-elle.

«Je me suis sentie seule pendant longtemps. On n’avait pas Internet, c’était assez facile de se sentir isolée», ajoute l’auteure de 57 ans, qui indique qu’une majorité de femmes foulent maintenant les écoles de BD.  

Julie Doucet voit d’ailleurs dans sa reconnaissance au Grand prix d’Angoulême une preuve de ce progrès.

«L’année où j’ai gagné, les trois nommées étaient des femmes. Cette année, deux femmes étaient en nomination. C’est vraiment un signe que les choses changent», croit-elle.

 

Finalistes

Le Festival BD de Montréal se tiendra sur la rue Saint-Denis entre les rues Gilford et Roy du 26 au 28 mai. Les prix Bédélys seront remis lors de la soirée d’ouverture du festival, le 25 mai. Time Zone J est finaliste dans la catégorie de la meilleure bande dessinée d’un artiste québécois publiée par une maison d’édition québécoise. Les finalistes sont :

• La méduse, Boum (Pow Pow)

• Les rescapés de l'éternité, Grégoire Bouchard (Moelle Graphik)

• Symptômes, Catherine Ocelot (Pow Pow)

• Time zone J, Julie Doucet (Drawn & Quarterly)

• Utown, Cab (Nouvelle adresse)

 

Dernières nouvelles