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La Nuit des sans-abri de Longueuil ou pourquoi l’itinérance

le mercredi 11 octobre 2023
Modifié à 8 h 54 min le 12 octobre 2023
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Le comité organisateur de la Nuit des sans-abri et des élus locaux. (Photo: Le Courrier du Sud − Ali Dostie)

En matière de lutte à l’itinérance, «l’organisation de services est faite, le sous-financement est connu. Mais attardons-nous au pourquoi. Demandez-leur "Pourquoi restez-vous dans la rue?" Il faut s’attarder à ce qui se trouve derrière le phénomène.»

Le directeur du Réseau d’Habitations chez soi André Bilodeau s’est adressé en ces mots lors de la conférence de presse annonçant la Nuit des sans-abri, qui se tiendra le 20 octobre au parc St. Mark à Longueuil. 

Celui qui préside le CA de la Table itinérance Rive-Sud (TIRS) est bien placé pour répondre à cette question. «Quand on leur demande s’ils pensent pouvoir sortir de la rue, certains répondent qu’ils ne le savent pas. On répond : "Pourquoi je le ferais, tout le monde s’en sacre".»

À cet égard, M. Bilodeau juge que la société a un travail collectif à faire et doit s’interroger sur «le message qu’elle envoie» à ces personnes lorsque, dans les médias, on crie à la fin de la planète en raison des changements climatiques ou qu’on parle de l’inflation qui explose. 

«Quel message leur envoie-t-on, a poursuivi M. Bilodeau, lorsque l’on dit : tu as 770$ [montant mensuel de la prestation d’aide sociale] pour manger et te loger, sors de la rue?»

M. Bilodeau a déploré la transformation du programme provincial de logements abordables, qui ne couvre plus les coûts de construction. «Si on n’a pas de logements accessibles, on n’est pas sérieux dans la lutte à l’itinérance», a-t-il soutenu.

Avec une liste d’environ 2000 personnes qui attendent un logement social dans la région, «il y a un problème de société, et je suis obligé de dire qu’il y a un problème de volonté politique, a-t-il déploré. Au niveau interministériel, il y a un bogue.»

Concertation

André Bilodeau a vanté l’organisation «bien rodée» de la TIRS, qui regroupe des partenaires du milieu communautaire, mais aussi diverses instances, notamment de la santé.

Selon Gilles Beauregard, coordonnateur de la TIRS, cette concertation constitue d’ailleurs une force à Longueuil : «c’est une table multisectorielle, et ça fait toute la différence».

Ce travail de concertation sera à l’œuvre lors de la Nuit des sans-abri, qui implique plusieurs organismes tels l’Abri de la Rive-Sud et le Repas du Passant.

Avant même le 20 octobre, Havre à nous a concrètement mis la main à la pâte en confectionnant quelque 800 épinglettes – un petit rouleau de feutre représentant une couverture, attaché d’un ruban – que tous sont invités à porter jusqu’à l’événement.

(Photo: Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

«Ce n’est pas juste une fois par année, qu’il faut parler d’itinérance. C’est tous les jours, a lancé Catherine Blain, de la TIRS. Le combat n’est jamais terminé, mais grâce à vous, on va un peu plus loin.»

Médiation

Présenté l’an dernier, le projet de médiation culturelle reliant artistes et personnes itinérantes se poursuit dans le cadre de cette Nuit des sans-abri de Longueuil, qui célèbre ses 25 ans.

(Photo: Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

À la bibliothèque Georges-Dor, l’exposition L’itinérance, l’errance intérieure regroupe les œuvres conçues en 2022 – auxquelles les participants ont intégré des mains de plâtre – et celles créées en 2023 au Relais et au Repas du Passant. Ces dernières rendent hommage à trois itinérants qui sont décédés au cours de l’année.

«On voulait savoir leurs rêves, leurs espoirs, qui est l’humain derrière, a témoigné Émilie de La Durantaye, médiatrice culturelle. On a rencontré des êtres extraordinaires, avec des histoires de vie incroyables.»

Les artistes visuels Emmanuel Laflamme et Cathy Jolicoeur ainsi que l’auteur Emmanuel Lauzon ont accompagné les participants dans le cadre de ce projet.

(Photo: Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

«Et on espère que dans le futur, il y aura d’autres collaborations», a exprimé Stéphanie Laquerre, régisseuse du Bureau de la culture.

L’exposition L’itinérance, l’errance intérieure. (Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

 

 

Ce qu’il faut savoir sur la Nuit des sans-abri

- Le 20 octobre, de 18h à 21h30 au parc St. Mark 
- Organismes et activités sur place
- Animation par des DJS 
- Prise de parole et témoignages
- Marche dès 19h30