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La pénurie de main-d’œuvre demeure l’« enjeu numéro 1 » des PME

le mardi 26 septembre 2023
Modifié à 9 h 12 min le 02 octobre 2023
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

François Vincent a prononcé une conférence à l’hôtel Courtyard Brossard le 26 septembre. (Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

La pénurie de main-d’œuvre constitue un frein majeur à la croissance de 85% des PME du Québec, dont 60% qui en sont directement affectées. 

Selon un sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante présenté en conférence de la Chambre des commerce et industrie de la Rive-Sud ce 26 septembre, 43% des PME n’ont pas tous les employés nécessaires pour leurs activités actuelles.

En Montérégie, on comptait 28 425 postes à pourvoir au premier trimestre de 2023.

«Ce ne sont pas de bonnes nouvelles et on est la province la plus affectée», indique François Vincent, vice-président de la FCEI.

Les secteurs du transport et des services sociaux, les services personnels et la construction sont les plus touchés.
La recherche de travailleurs à temps plein a également augmenté entre 2021 et 2023. «Le tiers des entreprises cherchent des gestionnaires à temps plein. Ce n’est pas rien,» illustre le vice-président. 

(Photo: Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

Nombreuses conséquences

En chiffres, la pénurie de main-d’œuvre se traduit par une perte de 11 G$ absorbée par les PME du Québec. «Et ce sont des données conservatrices», évoque le conférencier.

«Les conséquences de la pénurie de main-d’œuvre, ce sont aussi les dirigeants d’entreprises qui travaillent plus d’heures, les employés qui travaillent plus et une réduction de la production ou de l’offre de service», détaille M. Vincent. 

En 2023, 40% des PME disent pouvoir survivre pendant 1 à 4 ans sans tout le personnel nécessaire. Cette proportion était de 45% en 2021.

«La pression est telle que près de la moitié des PME québécoises évaluent un risque à court ou à moyen terme quant à leur survie si le problème persiste ou s’aggrave», signifie-t-il.

Cette diminution fait dire à M. Vincent qu’il faut poursuivre les efforts pour réduire les répercussions négatives et les risques pour les PME. 

«C’est quand même positif, car on voit que les programmes gouvernementaux commencent à «atterrir», mais c’est quand même inquiétant, car avec le vieillissement de la population, la pénurie de main-d’œuvre ne va pas diminuer.»

Un coffre d’outils varié

Les PME sondées croient en une multitude de moyens pour les aider à faire face à ce phénomène, à commencer par l’augmentation de crédits d’impôt afin que les entreprises offrent de meilleures conditions de travail. Réduire les taxes et les impôts des PME est une solution qui reçoit le même appui.

M. Vincent insiste par ailleurs sur le chantier de la fiscalité des PME, alors que le taux de fiscalité des PME du Québec est plus élevé que celui de huit autres provinces. Et le Québec a les taxes sur la masse salariale les plus élevées au pays, avec un taux 31% plus élevé que la moyenne.

Le vice-président n’hésite pas à parler d’une «réalité fiscale désavantageuse».

Si leur fardeau fiscal était réduit, les PME consacreraient les sommes récupérées au remboursement de la dette de l’entreprise et à l’augmentation du salaire des employés, avant le développement de l’entreprise et de nouvelles embauches.

Communiquer

Le méconnaissance des programmes gouvernementaux qui s’adressent aux PME est l’un des constats ressortis du sondage.

«Il faut trouver des manières pour que les dirigeants de PME, qui travaillent à éteindre des feux sur le plancher, soient informés», soutient François Vincent.

À cet égard, il estime que les chambres de commerce et MRC ont leur rôle à jouer. 

Le FCEI se rend d’ailleurs dans les entreprises pour résumer l’ensemble des programmes fédéraux et provinciaux à la disposition des PME. «On travaille pour qu’il y ait une offensive pour qu’il y ait moins d’argent laissé sur la table», avance-t-il.

Enfin, l’automatisation, qui va au-delà des «robots», est la solution la mieux utilisée par les PME pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre. Mais l’adoption de l’automatisation est inversement proportionnelle à la taille de l’entreprise. Ce sont les moyennes entreprises qui y ont davantage recours. 


La Rive-Sud en bonne position

Selon François Vincent, la Rive-Sud est «bien positionnée sur le plan économique pour être une des régions les plus influentes au Québec».

«Ça va quand même bien sur la Rive-Sud, avec des exemples d’investissements majeurs. S’il y a dévitalisation du centre-ville de Montréal, certains vont débarquer sur la Rive-Sud et ça devient une opportunité pour les entreprises de la Rive-Sud de devenir un pôle.»

 

La Montérégie en chiffres

•    94,9 % : entreprises qui ont moins de 50 employés
•    64,1 G$ : le PIB de la région
•    4,3 % : taux de chômage
•    4 845 : le déficit annuel prévisible pour combler les besoins régionaux de main-d’œuvre devant provenir de l’immigration
•    54% : entreprises qui ont moins de 5 employés.