Culture

La Terre vue des airs, ou comment l’humain change le paysage

le mercredi 24 avril 2024
Modifié à 17 h 26 min le 26 avril 2024

Île Sainte-Hélène et île Ronde avant les travaux pour l’Expo 67, 1963. Archives nationales à Montréal, fonds Armour Landry (P97, S1, D8044-8044) Photo : Armour Landry. Détail.

Dans le rétroviseur
Une collaboration spéciale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) 

Par : Geneviève Tessier, archiviste à BAnQ

« Prendre du recul » pour mieux comprendre un problème, une situation, une émotion. Nous connaissons bien cette expression avisée. En ce Jour de la Terre, prenons quelques instants pour observer, à vol d’oiseau, les répercussions des activités humaines sur le paysage qui nous entoure en survolant trois fonds d’archives qui mettent en valeur la photographie aérienne.  

Grâce à l’héritage photojournalistique d’Armour Landry, nous avons accès au « avant » et au « après » l’Expo 67. Avant 1963, l’île Sainte-Hélène et l’île Ronde, qui donna son nom au parc d’attractions, n’étaient que deux îlots encore peu exploités. Parmi les quelques installations déjà existantes, remarquons les trois piscines du Centre municipal de natation, inauguré en 1953. C’était avant que le remblai de 28 millions de tonnes métriques de terre et de roc ne vienne combler les espaces entre les îles, les agrandir et même former une île artificielle, l’île Notre-Dame. Du côté de Longueuil, encore aucune trace du métro et des tours d’habitation adjacentes, puisque ce dernier sera inauguré le 31 mars 1967. Armour Landry capte toutes les étapes de cet incroyable chantier, jusqu’aux visiteurs se baladant entre les pavillons à l’été 1967. 

Le développement de la métropole ne s’est malheureusement pas fait sans sacrifices environnementaux. Le meilleur exemple d’un secteur de la ville beaucoup moins élégant que le site de l’Expo est celui des raffineries de pétrole. Construites à partir de 1915 dans l’est de Montréal, elles ont carrément isolé le bout de l’île. Jusqu’au début des années 1960, Montréal-Est est d’ailleurs considéré comme le principal centre de raffinage au Canada. Dans ce contexte, n’est-il pas saugrenu d’apprendre qu’en 1965, un certain Hormidas Quintal propose à la ville de Montréal-Est de changer son nom pour Ville de Versailles, en l’honneur du fondateur de la ville, Joseph Versailles? 

Jean-Marie Cossette, fondateur de l’entreprise Point du jour aviation limitée, saisit en 1988 l’immensité de ce paysage industriel aux allures fantastiques. Cependant, la mission première de la compagnie est de photographier les régions rurales à partir d'avions ou d'hélicoptères volant à basse altitude. Localité par localité, l’entreprise prend des photos des maisons de ferme et de leurs bâtiments. Par la suite, des représentants parcourent les routes pour proposer aux agriculteurs d’acheter une photographie de leur propriété. 

Raffineries de Montréal-Est, 1988. Archives nationales à Montréal, fonds Point du jour aviation limitée (P690, S1, D88-502_141). Photo : Jean-Marie Cossette. 

Enfin, les photographies de l’historien-photographe Pierre Lahoud se distinguent par la relation qu’il crée entre les éléments architecturaux et le paysage naturel. L’esthétisme d’un paysage urbain, agricole ou forestier émerveille parfois et suggère un point de vue poétique ou artistique, ou encore une réflexion sur notre relation au territoire. C’est exactement ce qui se passe quand on regarde cette vue aérienne de la Montérégie : une atmosphère paisible, où nous pouvons presque entendre le bruit des brûleurs des montgolfières et imaginer l’immensité de la mer de Champlain, qui jadis recouvrait cette vaste plaine.   

Montgolfières surplombant la Montérégie : rivière Richelieu, mont Saint-Grégoire et mont Saint-Hilaire, 13 août 1992. Archives nationales à Québec, fonds Pierre Lahoud (P999, S16, D25-6). Photo : Pierre Lahoud. 

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