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Lanceur de satellites : Québec investit 10 M$ dans une entreprise de Longueuil

le mardi 10 juin 2025
Modifié à 18 h 15 min le 10 juin 2025
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

Pour le premier ministre François Legault, le Québec a sa place dans l’espace. (Photo: Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Ambiance fébrile ce 9 juin dans les locaux de Reaction Dynamics, près de l’Aéroport métropolitain de Montréal, alors que le premier ministre François Legault et la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, ont annoncé un investissement de 10 M$ dans le développement final de la fusée Aurora. Ce projet, réalisé en partenariat avec l’entreprise Maya HTT, vise à doter le Canada d’un lanceur de petits satellites; une première pour un pays du G7.

Devant une maquette à l’échelle 1:3 de la fusée, François Legault a souligné l’enjeu stratégique de ce projet. «Le Canada est le seul pays du G7 sans lanceur de satellites. C’est essentiel pour notre avenir», a-t-il déclaré, évoquant les tensions commerciales récentes avec les États-Unis.

La ministre Fréchette, de son côté, a mis en lumière l’impact mobilisateur du projet pour les jeunes talents. «Vous voulez attirer des cerveaux dans l’aérospatial? Parlez-leur de fusées!» a-t-elle lancé, saluant les employés de l’entreprise majoritairement formés au Québec rassemblés pour l’occasion. Elle a rappelé que l’initiative s’inscrivait dans la stratégie de la zone d’innovation Espace Aéro, visant à renforcer l’attractivité du secteur.

La ministre de l’Économie, Christine Fréchette. (Photo: Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Moteur hybride révolutionnaire

La moitié de l’investissement public servira à compléter la mise au point du moteur-fusée hybride développé par Reaction Dynamics, une technologie de rupture qui réduit drastiquement la complexité des systèmes de propulsion. Alors que les moteurs traditionnels comptent environ 15 000 pièces, celui d’Aurora n’en nécessite qu’une dizaine. Résultat : des coûts réduits, une conception simplifiée, et surtout, une sécurité accrue grâce à l’élimination des risques d’explosion.

Cette innovation, entièrement développée au Québec, cible à la fois les marchés commerciaux et de la défense, avec une promesse claire : un lancement fiable, rapide et à moindre coût.

Marché prometteur

Selon Bachar Elzein, PDG et chef de la technologie de Reaction Dynamics, Aurora sera la première fusée hybride à atteindre l’orbite terrestre. Dotée de deux étages, elle vise le segment des lancements sur mesure, un créneau peu couvert par les géants comme SpaceX. «Nos clients recherchent des vols rapides, précis et dédiés — pas des lancements de masse», explique-t-il. L’entreprise dit avoir déjà reçu des lettres d’intérêt totalisant 400 M$, bien avant l’entrée en service prévue d’ici 2027 ou 2028.

Les lanceurs de satellites de Reaction Dynamics seront lancés de la Nouvelle-Écosse. (Photo: Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Le diamètre interne de la coiffe, de 1,3 mètre, permettra d’embarquer des satellites aux configurations variées, y compris les plus complexes.

Le premier vol d’essai aura lieu en Australie, mais les lancements commerciaux seront réalisés depuis une base présentement en construction en Nouvelle-Écosse.

Collaboration technologique

Sur les 10 M$ investis, 2 millions seront versés à Maya HTT, partenaire principal du projet. L’entreprise développe une suite d’outils de simulation avancés destinée à optimiser la conception du moteur.

Selon M. Legault, avec Aurora, le Québec se positionne à l’avant-garde de la course spatiale, en misant sur l’agilité technologique, l’innovation locale et une réponse ciblée à un marché en pleine croissance.

Les dirigeants de Reaction Dynamics font partie de la délégation qui accompagnera le premier ministre Legault et la ministre Fréchette au Salon international de l’aéronautique et de l’espace qui se tient au Bourget à Paris, du 16 au 22 juin.