Faits divers

Le crime organisé montréalais décapité par la police

le jeudi 19 novembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 19 novembre 2015

ENQUÊTE. Les forces policières ont procédé à l'arrestation des têtes dirigeantes d'une alliance qui contrôlait le trafic de drogues, réunissant les gangs de rue, le groupe de motards criminalisés les Hells Angels et la mafia italienne.

Déjà, 43 individus ont été arrêtés dans cette opération visant 48 personnes. Trois de ces individus sont en contact avec les autorités par l'entremise de leurs avocats. De plus, 11 perquisitions sont en cours. Jusqu'à présent, 41 armes, 7 kilos de cocaïne, une moto Harley Davidson et 122 téléphones cellulaires ont été saisis.

De nombreux corps policiers, notamment la Gendarmerie royale du canada (GRC), la Sûreté du Québec (SQ), le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM)  et le Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL), sont impliqués dans cette importante frappe menée par l'Escouade régionale mixte (ERM) de Montréal.

Les chefs d'accusation sont gangstérisme, complot de trafic, trafic, recel, possession d'arme prohibée et complot de meurtre.

Les arrestations

Gregory Woolley, arrêté ce matin à sa résidence dans l'arr. de Saint-Hubert, a été identifié comme la tête dirigeante des gangs de rue, joueur d'influence dans l'alliance qui tente de contrôler le trafics de stupéfiants à Montréal, et homme de confiance de Maurice «Mom» Boucher.

 «Woolley était la pierre angulaire de cette alliance. Il avait un contact avec les Hells et le crime traditionnel italien», a indiqué l'inspecteur-chef de la SQ, Patrick Bélanger, en conférence de presse.  

Les deux têtes dirigeantes de la mafia italienne – le fils du défunt parrain Vito Rizzuto, Leonardo Rizzuto, ainsi que Stefano Sollecito – ont aussi été arrêtées. Salvatore Cazzetta, qui serait le numéro un des Hells Angels, a été visé par cette frappe policière.

Les policiers ont également procédé à l'arrestation de l'avocat criminaliste Loris Cavalière, un «facilitateur et un modérateur, [qui] aurait fourni son bureau pour des rencontres de prise de décision de cette alliance», a affirmé M. Bélanger. Le bureau servait de «bouclier juridique», où se rendaient quotidiennement des joueurs influents.

Ils comparaîtront aux palais de justice de Montréal et Longueuil.

Complot pour meurtre contre Raynald Desjardins

Le premier axe de cette vaste enquête entamée en janvier 2013 visait Woolley et Rizzuto, qui ont formé une alliance pour garder le contrôle du territoire pour le trafic de stupéfiants.

Un autre axe s'est ajouté à l'enquête puisque, selon les enquêteurs, Maurice «Mom» Boucher et sa fille, Alexandra Mongeau, auraient planifié le meurtre du caïd Raynald Desjardins. «Il y a eu des rencontres à Sainte-Anne-des-Plaines, dans un langage codé. Le mobile du meurtre est étroitement lié au contrôle du territoire des stupéfiants», a spécifié M. Bélanger.

«Oui, il y avait un aspect de vengeance, mais en soi, s'il y avait de la compétition, l'objectif était de l'éliminer», a ajouté le responsable des enquêtes à la GRC, Gaétan Courchesne.

Les policiers prêts

En ciblant les têtes dirigeantes, les policiers se disent conscients que d'autres joueurs pourraient possiblement être tentés de prendre le contrôle de l'organisation criminelle.

«L'ensemble des organisations policières ont déjà un plan de réponse. On a déjà ciblé les joueurs qui seraient tentés de reprendre le contrôle de ces activités criminelles, a assuré M. Courchesne. On a des activités qui ont débuté, depuis ce matin, pour annihiler toute forme de violence pour prendre ces places.»