Le maire accusé de présenter des dossiers à la va-vite aux élus

D'ex-collègues critiquent la façon dont le maire Paul Leduc gère les projets de la Ville. En plus de la vente du golf, qui ferait l'objet d'une analyse de la part de l'UPAC, des élus affirment qu'il aurait poussé trop rapidement plusieurs dossiers.
Raymond Guyot, ex-conseiller municipal et membre de l'Équipe populaire que dirigeait le maire Leduc lors de ses deux premiers mandats, a critiqué la manière dont la vente du golf a été présentée aux élus.
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«Le maire nous est arrivé avec ça en caucus, et il fallait se prononcer tout de suite. Moi, j'étais nouveau autour de la table, je venais de me faire élire quelques mois plus tôt. J'ai dit oui parce que j'étais nouveau et je faisais partie d'une équipe», affirme M. Guyot.
L'ex-conseiller affirme qu'il n'a pas vu d'études sur la valeur du golf avant de devoir se prononcer, ajoutant qu'il aurait voulu avoir plus de temps pour analyser le dossier.
En entrevue au Brossard Éclair, le maire Paul Leduc se dit bien surpris de cette sortie.
«Raymond Guyot, c'était mon responsable des finances. C'est lui qui a piloté le dossier», lance-t-il.
Questionné à savoir à quel moment les élus ont été informés du montant de la vente, M. Leduc affirme ne pas s'en souvenir.
Rappelons que le 8 septembre, le quotidien La Presse révélait que l'Unité permanente anticorruption s'intéresse à la vente du golf. Le terrain a été vendu au Groupe Molesini en 1999 pour 2,1 M$, alors que la Ville estimait sa valeur à 3,5 M$.
Traverse, sacs et Pizza Pizza
Paul Leduc a dû quitter son poste à la mairie lors des fusions municipales de 2001. Il est revenu en politique active en 2009, trois ans après les défusions, à la tête du parti Priorité Brossard.
Selon Claudio Benedetti, qui s'est fait élire deux fois sous cette bannière avant de claquer la porte en juin dernier, le maire demande régulièrement à ses collègues de se prononcer sur des dossiers sans prendre le temps de les analyser. La bataille pour empêcher le restaurant Pizza Pizza de s'implanter près d'une école – que la Ville a perdue en cour – serait un des exemples les plus éloquents de cette pratique.
«Le dossier de Pizza Pizza, c'était clair depuis le début qu'on allait perdre, affirme M. Benedetti. Les sacs en plastique, c'était pareil.»
Selon M. Benedetti, ces deux dossiers étaient chers au conseiller municipal Alexandre Plante. Depuis des mois, les trois élus qui ont quitté Priorité Brossard, soit M. Benedetti, Doreen Assaad et Pierre Jetté, ont tous critiqué le favoritisme de M. Leduc envers M. Plante, qui est son beau-fils.
Le dossier de la traverse piétonne sur la place Soulanges aurait même créé des flammèches entre les conseillers Benedetti et Plante. Cette traverse «nouveau genre» a été installée à une centaine de mètres d'une autre traverse, assortie de feux de circulation. Estimée à 176 000$, elle a finalement coûté près de 304 000$.
«Pourquoi mettre autant d'argent alors que de l'autre côté de la place Soulanges, c'est une clôture?, demande le conseiller. Pendant ce temps-là, il y a des carrefours comme Rome et Trépanier, où il y a des écoles de chaque côté. Voilà où l'argent aurait dû être placé.»
Le maire rétorque
Le maire Paul Leduc réfute ces allégations en entrevue.
«Comme élus, nous travaillons bien, nous travaillons avec toute la documentation dont on a besoin. Personne n'est forcé de prendre des décisions.»
Le maire ajoute que M. Benedetti, qui a voté en faveur de chacun de ces projets au conseil municipal, a «manqué à son devoir» s'il s'est prononcé alors qu'il lui manquait de l'information.
«S'il n'était pas d'accord et s'il n'avait pas assez d'information quand il a pris sa décision, il a manqué à son devoir. Le devoir d'un conseiller, c'est de s'informer», signifie-t-il.