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Le Petit Pont: à la rescousse des familles en situations de conflit

le vendredi 13 juillet 2018
Modifié à 9 h 40 min le 13 juillet 2018
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

PORTRAIT. Les séparations sont rarement faciles, encore moins s’il y a des enfants dans le décor. Il y a 24 ans, le Petit Pont s’est donné comme mission de permettre à des parents de maintenir un contact avec leur enfant malgré les situations familiales conflictuelles. Chaque année, l’organisme permet en moyenne 1200 visites supervisées et 1000 échanges de garde. Fondé le 21 octobre 1992, le Petit Pont a vu le jour à Saint-Hyacinthe, avant qu’un point de service ne soit ouvert à Longueuil en 2001. «Il n’y avait pas de moyen pour les parents et les enfants de se voir lors de situations conflictuelles», explique le directeur général de l’organisme Martin Tessier. Le Petit Pont compte deux départements: les services de supervision de droit d’accès (SDA) et les services d’information, d’accompagnement et de prévention. Des valeurs de respect, de loyauté, d’engagement, de neutralité et de professionnalisme sont prônées par les intervenants. «Les familles viennent nous voir soit sous une ordonnance du tribunal de la Cour supérieure ou de la Protection de la jeunesse, ou encore de façon volontaire», énumère M. Tessier. Les intervenants du Petit Pont ont tous une formation collégiale ou universitaire en éducation spécialisée, en psychologie, en travail social ou en éducation à l’enfance. Chacun d’entre eux doit aussi prendre part à une formation à l’interne sur la SDA ainsi qu’à une formation en secourisme. Faire le pont Le Petit Pont offre un service de visites supervisées qui consiste à organiser une ou plusieurs rencontres entre un parent et son enfant, sous supervision d’une intervenante. Bien que cette dernière soit présente en tout temps lors des visites, c’est le parent qui veille à l’hygiène, à la discipline et aux besoins de son enfant. L’intervenante peut toutefois agir en cas de comportements inadéquats ou si la sécurité est en jeu. «Nous sommes une mesure exceptionnelle, transitoire et généralement de dernier recours, indique celui qui occupe le poste de directeur général depuis 11 ans. Lors d’une visite supervisée, une intervenante est présente et elle doit tout entendre, tout voir, tout noter. Le tribunal et le parent gardien demandent parfois un rapport d’observation pour voir l’évolution des visites.» Divan, télévision, console Wii, table à langer et jouets décorent les salles de visites afin d’offrir un environnement familial et pour tous les âges aux usagers du service. «Les locaux sont faits pour que les visiteurs puissent s’amuser. Parfois, les usagers réussissent à nous oublier et à passer un bon moment.» En aucun cas les parents ont un contact entre eux lors des visites supervisées parce que «la séparation ne crée pas de problèmes de développement chez l’enfant, c’est plutôt le conflit des parents qui peut en causer», soutient M. Tessier. Assurer les échanges de garde Le Petit Pont offre aussi un service d’échanges de garde, qui permet aux enfants de passer d’un milieu familial à l’autre sans qu’ils ne soient témoins des conflits des parents. «Nous établissons un horaire avec les parents, explique Martin Tessier. Par exemple, à 17h, la maman vient porter son enfant. Puis, à 17h20, le papa vient le chercher. Les parents ne se croisent pas et l’enfant reste avec nous en attendant son autre parent. Nous sommes là pour que les parents n’aient pas l’occasion d’être en conflit devant l’enfant.» L’année dernière, 174 familles se sont tournées vers le Petit Pont pour leurs échanges de garde. Les enfants étant des enfants, ils ont des questions. L’organisme a mis sur pied différents outils, comme des bandes dessinées et des dépliants d’informations, afin de faciliter la tâche aux parents qui doivent expliquer leur situation aux enfants. Le Petit Pont offre plusieurs autres services, comme du coaching et des ateliers, lesquels portent notamment sur les impacts de la séparation, la communication avec l’ex-conjoint, la gestion des émotions et l’aliénation parentale. L’organisme travaille par ailleurs actuellement sur des services de conversations téléphoniques supervisées pour les personnes qui habitent très loin et qui souhaitent avoir un contact avec leur enfant. À noter que Le Petit Pont fonctionne sur rendez-vous et est ouvert 7 jours sur 7. Chaque point de service est toutefois fermé une fin de semaine sur deux, en alternance.