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Le pont Samuel-de-Champlain

le mardi 01 mai 2018
Modifié à 6 h 18 min le 01 mai 2018
Par Alain Lavallée

alavallee@gravitemedia.com

Nous avons un aéroport international Pierre-Elliot-Trudeau, un pont Jacques-Cartier, un tunnel Louis-Hyppolite-La Fontaine; le pont Champlain 2.0 devrait donc porter le nom Samuel-de-Champlain. Depuis quelques décennies, il est prescrit de donner à nos infrastructures les noms complets de nos plus illustres personnages nationaux ou de personnages locaux dont nous souhaitons rappeler l’existence à nos concitoyens. Longueuil n’échappe pas à cette règle avec sa place Charles-Lemoyne, ses boulevards tels Roland-Therrien et Jean-Paul-Vincent. Saint-Lambert non plus avec son aréna Eric-Sharp; Brossard avec sa bibliothèque Georgette-Lepage; Boucherville avec son centre Francine-Gadbois. Notre colisée Jean-Béliveau n’est pas le colisée d’un Béliveau; c’est celui du grand Jean. S’il y a quelqu’un qui mérite d’être rappelé à la mémoire des générations futures, c’est bien Samuel de Champlain. Il a été un grand explorateur et navigateur. Scientifique, il a été un cartographe important. Mais par-dessus tout, il a été celui qui a su préparer avec soin la fondation de Québec et, par-delà, l’établissement des Français en terre d’Amérique. Il a étudié les quatre tentatives d’établissements que ses prédécesseurs français avaient menées: Cartier et Roberval à Cap-Rouge (1535-1543), Laudonnière et Ribault en Floride (1562-1567), le marquis de La Roche à l’île de Sable (1597), puis de Chauvin à Tadoussac (1599). Il a pris bonne note de leurs relations hasardeuses avec les Amérindiens. Et surtout, lors d’un voyage au Mexique (1599-1600), il a été témoin des mauvais traitements que les Espagnols infligeaient aux Amérindiens. Il en est revenu avec le rêve d’un empire où Amérindiens et Européens pourraient vivre ensemble harmonieusement. Son établissement serait une colonie basée sur des alliances avec les Amérindiens. Alliances convenues à Tadoussac dès 1603, avec trois peuples algonquiens qui acceptèrent que nos ancêtres français vinssent «peupler leurs terres». Entre 1603 et le 25 décembre 1635, date de son décès à Québec, Samuel de Champlain a traversé l’Atlantique plus de 25 fois, à une époque où ce n’était pas sans péril, les traversées durant entre un et trois mois. À lui seul, il a établi un pont vers l’Europe en passant près de quatre ans en mer afin de plaider la cause de sa colonie auprès du Roi de France. Ténacité, persévérance, humanisme. Dès novembre 2014, des médias ont avancé l’idée qu’il fallait corriger l’erreur, l’oubli de 1960, et renommer le pont renouvelé Samuel-de-Champlain. Voici un sujet qui devrait faire l’unanimité, tant de nos élus fédéraux et provinciaux que municipaux. Il faut agir vite. Pour en apprendre plus sur Samuel de Champlain: Le rêve de Champlain, David Hackett Fisher, aux éditions Boréal.