Culture
COVID-19

Le Théâtre de la Ville, entre l’attente et le « mode solutions »

le samedi 25 avril 2020
Modifié à 9 h 18 min le 18 janvier 2021
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Les jours et semaines à venir seront cruciaux pour le Théâtre de la Ville – tout comme pour de nombreux acteurs du milieu culturel. Tous attendent impatiemment les réponses des gouvernements à deux grandes principales questions: quelles seront les mesures de soutien (et quand viendront-elles) et quelle sera la date de la relance des activités. La crise actuelle a chamboulé de façon considérable ce qui se dessinait pour le Théâtre de la Ville. À l’heure actuelle, les spectacles sont annulés jusqu’au 1er mai. Onze ont été reportés; et 9 ont été annulés. Les quelques représentations toujours à l’affiche après cette date n’auront évidemment pas lieu non plus – à tout le moins pas, au moment prévu. C’est sans compter les 15 représentations de spectacles jeunes publics destinées au milieu scolaire, rayées du calendrier de mars, avril et juin. «Ça représente beaucoup d’enfants qui n’ont pas cet accès aux arts vivants», se désole le directeur général Franck Michel. À cela s’ajoutent l’annulation de toutes les locations de salles par les écoles de musique ou de danse. À cet égard, mai et juin sont les mois les plus forts de l’année pour le diffuseur. «Ces annulations portent un coup pour nous et pour toute la communauté.», commente M. Michel. Par ailleurs, tous ces rendez-vous manqués entre les artistes et leur public ne pourront être systématiquement reportés à la prochaine saison, faute de disponibilité de plages horaires, entre autres. La programmation 2020-2021 du Théâtre de la Ville (TDLV) était toute fignolée, prête à être lancée. Inévitablement, son lancement sera virtuel. Quand et comment? Des questions qui demeurent encore sans réponse. Le contexte a aussi obligé le TDLV à travailler à équipe réduite. Depuis le début de la crise, l’équipe du Théâtre de la Ville œuvre sur deux fronts à la fois: faire face au quotidien et préparer la relance, résume le directeur général Franck Michel. «L’équipe est très active même si le public ne nous voit pas.» «On est en attente d’une date. Lorsqu’on l’aura, on pourra tabler sur un scénario plus précis, et on sera en mesure d’identifier les besoins. Car là, on est dans l’expectative», poursuit-il. Car différents scénarios se dessineront si la reprise est pour le 31 mai, le 31 août, ou plus tard… Foule vs distanciation sociale Comment présenter des spectacles dans le respect des mesures de distanciation sociale? L’enjeu est de taille. «On réfléchit à plusieurs options. Si la fermeture des salles perdure, il faudra trouver un moyen de garder le lien avec notre public, avec des conférences et des spectacles en ligne, par exemple», soulève Franck Michel. Présenter un spectacle dans une salle clairsemée, qui ne serait pas à pleine capacité, est aussi envisagé. Mais une salle à moitié ou au quart pleine sera-t-elle rentable? «C’est une question très complexe, ça demanderait des analyses plus poussées: cela dépend du cachet du spectacles, de plusieurs éléments. On n’est pas rendus là. Mais on y réfléchit.» Le directeur général évoque aussi le souci de s’assurer de la santé et de la sécurité du personnel d’accueil et technique du TDLV, ainsi que des artistes qu’il accueille. Pour une production de danse, il imagine mal comment la distance de deux mètres peut être respectée. Le développement de salles virtuelles, comme la plateforme Yoop, où l’artiste se retrouve devant un public composé d’un mur d’écrans avec qui il peut interagir, a été discuté. Mais clairement, ce n’est pas dans les premiers choix du TDLV. «Lorsqu’il y aura le déconfinement, il faut se demander si le public aura le goût de ce genre de rendez-vous virtuel. Je crois que les gens auront très hâte de revoir un spectacle vivant.» L’aide est urgente Le besoin d’aide de la part des gouvernements fédéral et provincial est urgent pour l’ensemble du milieu culturel, juge M. Michel. La crise a fragilisé tout l’écosystème de la culture. Il se réjouit de voir la solidarité du milieu: des rencontres se font entre collègues et les associations nationales jouent bien leur rôle. Le directeur général confirme que la crise n’aura pas raison du Théâtre de la Ville, qui sera là après la pandémie. «On a la chance d’avoir une stabilité financière qui est excellente. On sera capables de s’en sortir, c’est certain. Mais il faut être honnête, tout le milieu, on va mettre des années à s’en remettre.»