L'environnement et l'international teintent les échanges

ÉLECTIONS. Environnement, position du Canada à l'international, économie, sécurité. Les enjeux — et les échanges musclés — n'ont pas manqué lors du débat des candidats de Longueuil – Saint-Hubert, organisé par l'association étudiante du Cégep Édouard-Montpetit, le 23 septembre.
L'environnement semble apparaître en tête de liste des priorités de bien des partis. Si Denis Trudel (Bloc Québécois), Affine Lwalalika (Forces et démocratie) et Casandra Poitras (Parti vert) se sont farouchement opposés au projet d'oléoduc Énergie Est, la position des autres partis était moins tranchée.
«Est-ce que je vais m'opposer, sans savoir, les yeux fermés? Certainement pas! s'est exclamé Pierre Nantel (Nouveau parti démocratique (NPD)), estimant qu'une réforme s'impose à l'Office national de l'énergie (ONÉ). Réalistement, quelle est la date où on pourra s'affranchir du pétrole? Il faut être réaliste, il y a du gaz dans chacun des chars de ceux qui sont ici.»
Le candidat libéral Michael O'Grady croit qu'il faille attendre que les «communautés» se prononcent sur cet enjeu, puisqu'il manque d'informations scientifiques sur ce projet.
En plus des dangers de l'oléoduc, Mme Poitras a souligné à plus d'une reprise son inquiétude à l'égard de la piètre qualité des chemins de fer, rappelant du même souffle la tragédie de Lac Mégantic.
En réponse à une question de Mme Lwalalika, M. Trudel s'est défendu de tenir un discours contradictoire, alors que son parti appuie le projet Old Harry sur l'île d'Anticosti. Il assure plutôt qu'une période de transition est nécessaire pour atteindre une économie basée sur les énergies vertes et l'électrification des transports.
Sur la question environnementale, le candidat conservateur dans Outremont Rodolphe Husny (remplaçant son collègue John Sedlak en raison d'un conflit d'horaire), a affirmé que son gouvernement est parvenu à réduire les émissions de gaz à effets de serre de 3% et qu'un travail avec les provinces est préférable à une taxe sur le carbone, «qui n'est qu'une taxe, qui ne fait rien pour réduire les GES».
Longueuil— Saint Hubert doit exploiter son potentiel
Même la question sur l'économie a dévié vers l'environnement, ces deux éléments présentés comme deux enjeux intrinsèques par quelques candidats. Avec ses nombreuses industries de l'électrification des transports, Longueuil aurait tous les moyens pour emprunter le virage vert.
«Le Parti vert veut mettre de l'avant les énergies vertes et les métiers premiers. Il y a du potentiel ici, pour créer des emplois à long terme», a avancé Mme Poitras.
«Le parc industriel ici, c'est le Silicon Valley de l'électrification des transports, a pour sa part signifié M. Trudel. Dans un Québec indépendant, c'est ce qu'on ferait, alors que le Canada veut rester dans un "Pétro-État".»
M. Nantel a fait valoir pour sa part que non seulement les grandes entreprises comme Héroux Devtek doivent être tentés d'installer leur usine dans la région, mais qu'une «grappe» d'entrepreneurs doit être courtisée. «Les grandes entreprises doivent pouvoir s'approvisionner chez nous. Il faut faire la finition des ressources chez nous.»
Selon M. O'Grady, stimuler l'économie passe par des investissements dans les infrastructures, comme le promet le parti Libéral, à hauteur de 125 G$. Il souligne le potentiel de l'aéroport de Saint-Hubert. «Nous devons ajouter plus d'autobus dans l'axe est-ouest, pour développer l'économie», a-t-il donné en exemple.
Une révélation sur le vote voilé
Talonné par le candidat bloquiste sur la question de l'interdiction du port du niqab lors des cérémonies d'assermentation, Pierre Nantel a finalement révélé que «par rapport à mon vote qui n'engage que moi, je suis tout à fait d'accord avec cette notion qu'on doive se présenter à visage découvert [lors des cérémonies d'assermentation]», ce qui lui a valu de vifs applaudissements.
Il s'éloigne ainsi de la position de son chef Thomas Mulcair, qui s'oppose à l'interdiction du niqab lors des cérémonies d'assermentation.
Syrie et casques bleus
À la question portant sur les moyens à prendre pour lutter contre l'État islamique, M. Husny a répondu que les Conservateurs attaquent le problème sur trois axes: l'accueil de réfugiés, l'aide humanitaire et l'activité militaire.
«Pour résumer, il y a un feu en Syrie, image-t-il. Ce que nous proposons, c'est d'envoyer les pompiers et l'ambulance. Les autres partis proposent juste l'ambulance.»
Mme Lwalalika, de Forces et démocratie, s'est voulue plus réaliste: «On souhaite travailler avec tous les partis pour que le Canada établisse des objectifs raisonnables. Le Canada doit fixer des objectifs qu'il peut atteindre. Force Démocratie croit, et je crois, que nous devons travailler pour contenir de tels états de crise avec des efforts de paix et mettre l'emphase sur l'aide humanitaire».
Tant les candidats du NPD, du Parti vert que du Parti libéral souhaite que le Canada retrouve son expertise en mission de paix. «Avant, quand je voyageais, j'étais fier de dire que j'étais Canadien, maintenant, ce n'est plus vrai. Les Conservateurs ont laissé de côté notre réputation d'agent de paix», dénonce M. O'Grady.
Quant à M. Trudel, il avance qu'un Québec indépendant serait «généreux» et ouvrirait la porte aux immigrants.
Un peu de discipline !
L'animatrice du débat, Camille Pratt-Dumas, a tenté tant bien que mal de faire respecter la consigne de limiter les attaques personnelles et de miser sur les propositions du parti plutôt que sur les critiques des autres. Elle a dû rappeler à l'ordre à plusieurs reprises les candidats, tout particulièrement MM. Trudel et O'Grady. «Pour proposer une solution, il faut nommer le problème, et le problème, c'est les Conservateurs.»
Ce qu'ils ont dit:
«Nous sommes le parti au pouvoir, donc c'est facile de critiquer. Les autres peuvent faire toutes les promesses qu'ils veulent, c'est de l'argent Monopoly pour eux.» Rodolphe Husny, candidat conservateur.
«Quand on envoie des avions pour bombarder des infrastructures dans le Moyen Orient, ce n'est pas une assurance de notre sécurité. Il faut être conséquent dans ses paroles et ses actions.» Michael O'Grady, candidat libéral.
«Je vous annonce qu'on ne passe pas notre temps à caresser des arbres et observer des feuilles.» Casandra Poitras, Parti vert.
«Est-ce que de faire une lutte là-bas [au Moyen Orient] va nous protéger de E.I.? J'ai plutôt l'impression qu'on s'expose, que l'on sera plus vulnérable, à des possibles attaques en faisant les fanfarons sur la scène internationale alors qu'on n'en a pas les moyens.» Pierre Nantel, NPD.
«On ne peut cautionner un tel projet de loi [C-51] aux répercussions aussi graves. Il faut éteindre la flamme de terreur que les Conservateurs ont contribué à attiser. On n'éteint pas le feu par le feu. Les jeunes sont courtisés par les armés terroristes. Nous proposons les cyber army: les armées informatiques qui aident à surveiller [le web].» Affine Lwalalika, Forces et démocratie.
«Si vous permettez, c'est le moment où vous prenez la feuille où vous dites que vous êtes contre C51.» M. Husny, à Denis Trudel, candidat bloquiste, qui a demandé à l'animatrice de répéter la question concernant la sécurité.
«M. Husny, je vous demanderais d'être plus poli. Surtout que vous ne devriez pas être ici.» M. Trudel.
«Dans C51, il y a un paragraphe qui s'adresse à "toute personne qui s'attaque à l'intégralité territoriale du Canada". Moi je m'attaque à l'intégralité territoriale du Canada, ça m'intéresse de séparer le Canada! Avec C51, mon Internet, mon ordinateur pourraient être suivis. Sans mécanisme de surveillance, ça n'a aucun sens.» M. Trudel.