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Les besoins sont criants chez les organismes communautaires

le mercredi 25 mars 2020
Modifié à 16 h 33 min le 25 mars 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Les enjeux des organismes communautaires de la Rive-Sud, plus solidaires que jamais, sont énormes en ce temps de crise. Au défi de jongler avec les répercussions des annonces gouvernementales s’ajoutent les considérations financières et, pour certains, le manque de bénévoles. Mardi matin, la Corporation de développement communautaire de l’Agglomération de Longueuil (CDC-AL) a tenu une première vidéoconférence hebdomadaire regroupant des organismes de la région: 81 personnes étaient au rendez-vous. Le directeur général Martin Boire se réjouit de voir que les réseaux des organismes sont bien solides. Un comité a aussi été mis en place pour assurer la collaboration entre divers partenaires, comme le Service de police de l’Agglomération de Longueuil, Moisson-Rive Sud et les villes. M. Boire donne en exemple la Ville de Longueuil qui a mis des cols bleus à la disposition d’organismes offrant un service de popotte roulante. Fonds d’urgence: un besoin «criant» Les organismes – tout comme l’ensemble de la province – suivent avec attention les annonces quotidiennes du gouvernement du Québec. Martin Boire juge toutefois que le milieu communautaire ne fait pas l’objet de beaucoup de considération: «c’est important que le gouvernement envoie un message clair sur l’aspect essentiel de l’action communautaire». Surtout, le fonds d’urgence promis est fort attendu. «Le besoin est criant. C’est urgent», insiste-t-il. Il rappelle que Centraide Grand Montréal a mis en place le fonds d’urgence, invitant la population à faire un don (pour faire un don : https://www.centraide-mtl.org/fr/). Puisque les personnes âgées de 70 ans et plus doivent rester à la maison, cela prive les organismes d’une grande part de leurs bénévoles. «Ça va prendre de la relève, quand les employés qui font en plus les tâches de bénévoles seront à bout, expose M. Boire. D’où l’importance de mettre en place le plus rapidement possible le fonds d’urgence.» Par ailleurs, plusieurs organismes se retrouvent privés d’importantes sources de revenus, alors que des projets d’économie sociale se trouvent sur la glace ou que les friperies doivent fermer. «Ça va prendre de l’argent pour pallier ce manque», expose-t-il. À la Mosaïque, située dans le secteur LeMoyne, l’adjointe administrative Jacinthe Lachance relève que la fermeture de la friperie a porté un dur coup financier à l'organisme, puisque cela représente 35% du budget. «Ça prendra une aide du gouvernement ou on devra puiser dans nos réserves, ce que l’on ne souhaite pas», souligne-t-elle. Moins de services Tant à La Mosaïque qu’au Centre d’action bénévole de Saint-Hubert, les services ont dû être réduits. Tous deux ont dû mettre fin aux cliniques d’impôts et à l’accompagnement de transport médical. À La Mosaïque, il ne restait plus de bénévoles pour assurer le transport. «Heureusement, la plupart des bénéficiaires ont pu trouver quelqu’un dans leur famille pour les conduire à leurs rendez-vous médicaux», a indiqué Mme Lachance. La directrice générale du Centre d’action bénévole de l’arr. de Saint-Hubert Aurélie Condrain-Morel explique également qu’il n’était plus possible d’assurer ce service, depuis que les visites sont interdites dans les hôpitaux. Les accompagnateurs se retrouvaient à laisser les bénéficiaires à la porte. «Nous ne sommes pas un service de taxi, signifie-t-elle. Le but est d'accompagner les bénéficiaires.» Popotte et aide alimentaire Avec cette réduction de services, les deux organismes peuvent encore opérer avec leurs équipes actuelles. Jacinthe Lachance porte plutôt l’attention sur Moisson Rive-Sud, dont dépendent plusieurs organismes, qui a un grand besoin de ressources humaines. La Mosaïque continue en effet d’offrir de l’aide alimentaire, considérée comme un service essentiel. Ainsi, une trentaine de familles reçoivent de façon hebdomadaire une commande de denrées fraîches, fournies en collaboration avec Moisson Rive-Sud. L’aide ponctuelle offerte par le dépannage d’urgence, disponible seulement sur rendez-vous, est toujours effective. Actuellement, Mme Lachance n’a pas noté de hausse de la demande, mais elle anticipe une augmentation au cours des semaines à venir. Au Centre d’action bénévole de Saint-Hubert, la popotte roulante livre toujours des repas aux aînés, mais des ajustements ont dû être apportés. Afin d’éviter les contacts, les bénévoles n’entrent plus dans les maisons. «On ne fait plus payer les gens avec de l’argent comptant. Des bénévoles étaient inquiets. Les bénéficiaires remplissent un bon de commande et on les fera payer plus tard», détaille Mme Condrain-Morel. Soutien psychologique Le soutien psychologique qui devra être apporté aux personnes vulnérables et isolées fait aussi partie des inquiétudes de plusieurs organismes. «Ça prend beaucoup de personnes pour contacter ces gens, détecter la détresse et les référer aux bonnes ressources», relève Martin Boire, de la CDC-AL. Au Centre d’action bénévole de Saint-Hubert, les visites d’amitié ont été remplacées par des appels d’amitié. Un service d’appels aux aînés vulnérables est en voie d’être instauré.