Les Cercles : une histoire qui tourne en rond

Les films d'horreur, c'est comme de la porno. Plus on en écoute et plus on s'habitue. Plus les cinéphiles recherchent les émotions fortes. Dire si Les Cercles fait peur est relatif à chacun. On peut affirmer par contre que l'histoire semble se répéter indéfiniment comme une vieille cassette brisée. Et cette redondance casse la surprise de la peur.
Car un film d'horreur doit être basé sur l'appréhension, sur l'attente de l'action principale. Dans ce cas-ci, l'arrivée de Samara d'entre les morts. Dans ce sens, on fait le décompte et on angoisse tranquillement à l'approche de la date fatidique.
L'action est aussi construite en escalade pour faire ressentir la montée de la tension en vue du climax. Et ce climax est l'émotion du spectateur devant ce qu'il voit. Qu'ils soient jouissifs ou meurtriers, les actes à l'écran engagent émotionnellement le cinéphile.
C'est cette expérience qu'on recherche lorsqu'on écoute le film de 1 heure et 42 minutes. Mais le rendez-vous final tombe à plat cette fois-ci, car on n'accroche pas une troisième fois à une histoire qui accole des meurtres répétitifs à une quête sur les origines de cet enfant maudit.
Encore la cassette
Un professeur d'université met la main sur un lecteur de vidéocassettes dans une vente-débarras. Le magnétoscope aurait appartenu à un homme décédé dans un écrasement d'avion, il y a quelques années.
En branchant l'appareil, une VHS démarre avec seulement quelques images hétéroclites en noir et blanc. Une jeune fille aux cheveux mouillés erre avant de tomber sur le bord d'une falaise. Puis le téléphone du professeur sonne. «Sept jours», lance la voix féminine faisant suivre une suite d'événements bizarres.
On connaît déjà l'enjeu de Samara, la petite fille aux cheveux noirs lancée au fond d'un puits. Elle y a survécu pendant sept jours et c'est pourquoi elle viendra faucher la vie de ceux et celles qui regarderont la vidéo dans sept jours.
Le récit de Les Cercles garde le même fondement. À l'exception que le professeur trouvera le moyen de retarder l'arrivée d'outre-tombe de la macabre jeune fille.
Sauvez mon âme
C'est justement dans ses études menées sur le campus de Colombus que la destinée de Julia sera liée à celle de Samara. La jeune a dû regarder la vidéo pour sauver l'âme de son bien-aimé Holt.
Mais cette fois-ci, la vidéo s'est transformée et les tactiques du chercheur ne pourront retarder la venue de Samara. Une marque apparue précipitamment sur la paume de la main de Julia indique que le processus s'accélère et s'intensifie.
Après analyse, on découvre des vidéos qui se cachent dans les images. Le trio devra les décrypter afin de déchiffrer le message lancé par la jeune fille. Holt et Julia prendront alors la route vers le petit village où Samara est née et a été enterrée en suivant les visions de la jeune femme qui se retrouvent également sur la vidéo.
Peur
Ce qu'on souhaite en entrant dans la salle, c'est avoir peur. Le troisième opus de Samara fout-il la trouille? Parlez-en aux six jeunes qui criaient au meurtre et ils diront oui. Par contre, le couple de jeunes adultes qui est resté impassible devant l'écran dira non en souriant d'ironie.
Les images sont marquantes certes. Elles l'étaient avant même le début du film. Les images du puits duquel émerge la jeune fille ont marqué une génération. L'auteur de ces lignes a d'ailleurs eu une peur bleue en regardant l'original japonais Ringu en classe de cinéma de genre.
Ce leitmotiv devenu un symbole iconique d'une génération est à double tranchant. Bien qu'il aide à construire une appréhension angoissante, il déconstruit du même coup la tension narrative puisqu'on devine la suite. Et c'est justement ce suspense qui mène vers la peur de haut niveau. Certains passages font par contre assurément grincer des dents.