Culture

Les constellées, fruit d’une année de lectures au féminin

le dimanche 08 mars 2020
Modifié à 12 h 11 min le 06 mars 2020

L’ouvrage Les constellées de l’auteur originaire de Brossard Daniel Grenier est le récit autobiographique d’une année de lectures de livres uniquement écrits par des femmes. Il y relève le défi lancé par l’éditrice Mélanie Vincelette. À travers cet exercice, Mélanie Vincelette souhaitait «implanter dans le cerveau d’un homme blanc privilégié des idées formulées par des femmes», dans le but de voir comment cela le transformerait. Cette idée est survenue après une «crise littéraire intérieure» née du constat que sa bibliothèque était composée à 90% de livres écrits par des hommes. Toute une vie à lire des œuvres écrites par des hommes a construit sa pensée d’une certaine façon, s’est-elle dit. Dans une réflexion sur la façon dont se construit le canon littéraire, l’éditrice qui cumule 20 ans d’expérience dit constater que les femmes qui réussissent une carrière littéraire sont souvent habillées en hommes ou sont «one of the boys», explique-t-elle, en citant Nelly Arcan qui employait l’exemple de la Schtroumphette. Alors quel serait le résultat chez Daniel Grenier d’une année à lire des œuvres d’auteures? «Je voulais voir l’impact d’une surabondance de livres écrits par des femmes sur Daniel Grenier et au début, je lui ai surtout suggéré des livres qui allaient lui faire dresser les cheveux sur la tête.» La liste d’œuvres lues est imposante, de Mémoire de fille d’Annie Ernaux, Shuni de Naomi Fontaine, en passant par Les filles en série de Martine Delvaux ou encore des titres de Marie-Andrée Gill, Marie-Sissi Labrèche, Nancy Huston, Virginia Woolf, Eileen Miles ou encore Louise-Tremblay D’Essiambre. «Est-ce que je lui ai tendu un piège? Peut-être. Est-ce qu’il s’en est sorti? À merveille», résume Mme Vincelette. Les constellées évoque sur 600 pages les réflexions de Daniel Grenier sur sa position d’homme blanc privilégié, la résurgence des voix autochtones, la place du corps des femmes dans la littérature ou encore la fiction versus l’autofiction. Il y raconte ses découvertes littéraires, comme ses coups de cœur pour Clarice Lispector ou Marie Grace DeRepentigny. L’ouvrage se divise en 12 chapitres, pour autant de mois de l’année, dans lesquels il s’intéresse à la «filière française», aux essayistes et romancières ou encore au queer. Écrivain et traducteur né à Brossard, Daniel Grenier, qui habite aujourd’hui Québec, a remporté le Prix littéraire des collégiens avec son premier roman L’année la plus longue. Il a aussi fait paraître l’essai La solitude de l’écrivain de fond et le roman Françoise en dernier. (A.D.) [caption id="attachment_87039" align="alignnone" width="313"] Les constellées est publié aux éditions Marchand de feuilles[/caption]