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Les employés de la centrale du 911 lancent un appel d’urgence

le mardi 22 septembre 2020
Modifié à 15 h 27 min le 22 septembre 2020
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Pénurie de personnel, surcharge de travail, équipements désuets… Les employés de la centrale 911 de l’agglomération de Longueuil lancent un appel d’urgence afin de «dénoncer l’inaction des décideurs devant une situation qui perdure depuis des années». En 2018, deux enquêtes menées par des firmes externes à la demande du Syndicat de canadien de la fonction publique (SCFP) «sont arrivées à la même conclusion : il y a un problème», dit-on dans un communiqué diffusé le 4 septembre. Le manque de main-d’œuvre mènerait à une surcharge de travail, alors que plusieurs employés se voient fréquemment obligés de faire du temps supplémentaire. «Ce n’est pas un travail facile, ça demande une concentration maximale. Ça met les employés sur un stress quotidien», indique le conseiller syndical Dominic Laforest en entrevue au Courrier du Sud. Ceux-ci se font d’ailleurs refuser des vacances et des congés prévus à la convention collective par leur employeur, le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL), puisque les employés temporaires pouvant les remplacer sont trop peu nombreux. Cette situation pousse certains salariés à l’épuisement et à la détresse psychologique, déplore le Syndicat. «On se fait répondre par l’employeur que ce sont des congés monnayables, que s’ils ne peuvent pas les prendre, ils seront remboursés. Mais nos membres, ce n’est pas de l’argent qu’ils veulent. Ils veulent des pauses de temps en temps, pour recharger leur batterie», dit le représentant.
«Ils n’en peuvent plus.» - Dominic Laforest, conseiller syndical
Rétention et équipements désuets Le SCFP soulève également un problème de rétention des employés. «On se fait dire que 15 personnes vont être embauchées, mais à la fin de la formation, finalement, il en reste une ou deux. Et souvent, elles ne restent pas», soutient M. Laforest. «On a de plus en plus d’employés permanents qui songent à quitter parce qu’ils ne sont plus capables», ajoute-t-il. Les équipements désuets avec lesquels doivent composer les employés de la centrale, qui dessert les villes de Longueuil, Boucherville, Brossard, Saint-Bruno-de-Montarville et Saint-Lambert, font également partie du problème dénoncé par le Syndicat. «Parfois, le système peut figer et c’est long pour donner l’information aux policiers, exemplifie M. Laforest. Une chance que nos membres sont imaginatifs et professionnels et qu’ils sont quand même capables d’assurer la sécurité des citoyens.» Pourparlers Après la conclusion des deux enquêtes en 2018, le Syndicat avait rencontré l’employeur à trois reprises. Celui-ci avait alors soumis un plan d’action pour des changements sur le long terme. «Malgré leurs bonnes intentions, il n’y a rien qui change», déplore toutefois Dominic Laforest. La partie syndicale a donc demandé à rencontrer le directeur du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL), Fady Dagher. La rencontre a eu lieu le 2 juillet. «Il a été très correct, nous a rencontrés, nous a écoutés, a soumis des propositions, souligne le conseiller syndical. Il a proposé de former un comité spécial avec des gens du 911, mais en date d’aujourd’hui, ce comité n’est toujours pas mis sur pied», indique-t-il. «Pour l’instant, ça n’a malheureusement pas changé grand-chose. Nous, ce qu’on veut, c’est travailler avec eux et de trouver des solutions le plus rapidement possible. On est disponibles. Il faut qu’il se passe quelque chose», conclut-il. Le SPAL en processus d’embauche De son côté, le SPAL se dit au fait du manque d’employés à la centrale du 911. «Quand on est tombé en mesures d’urgence, il y a eu un changement sur le plan des horaires. Ils travaillaient sur des horaires de douze heures, rapporte la capitaine de la section communications et relations médias, Claudine Després. Il n’y avait aucun congé ou vacances autorisés à ce moment-là. C’est sûr que ça donne une pression de plus sur les employés, on en est conscients.» Toutefois, le SPAL est actuellement en processus d’embauche afin de former «le plus de gens le plus rapidement possible», indique-t-elle. «C’est toujours une problématique de trouver de bons candidats pour ça, explique Mme Després. Ce n’est pas un métier facile, c’est un métier super important parce que c’est le premier lien entre les citoyens et les policiers sur la route. Ça prend des qualités particulières. Jusqu’à maintenant, ça va bon train, mais c’est sûr qu’on fait appel aux gens s’ils souhaitent envoyer leur curriculum vitae.» Elle mentionne d’ailleurs que la formation de préposé aux télécommunications a été revue afin que les candidats soient «plus à l’aise, efficaces plus rapidement». Des demandes sont également en cours à la Ville en ce qui a trait aux équipements désuets. Quant à la table de discussion sur le climat de travail qu’il a été convenu de mettre sur pied, Mme Després indique que «c’est dans les plans», mais que le tout a été ralenti en raison de la COVID et des vacances d’été.