Chroniques
Opinion

Les étudiants en situation de handicap plus vulnérables en temps de pandémie

le mercredi 02 décembre 2020
Modifié à 13 h 48 min le 07 décembre 2020
Le contexte inhabituel de la pandémie engendre un surcroît de vulnérabilité et de détresse chez les étudiants, dont ceux en situation de handicap qui formaient déjà un groupe fragile avant celle-ci. Représentant plus d’un étudiant sur dix à Édouard-Montpetit, les étudiants en situation de handicap (EESH) vivent, par exemple, avec des diagnostics concernant des limitations sensorielles, motrices, neurologiques ou organiques ou des troubles d’apprentissage, de santé mentale ou du spectre de l’autisme. Ces limitations ou ces troubles font en sorte qu’il est généralement plus difficile et plus long pour eux de s’adapter à des nouvelles situations. Nul besoin de dire que la situation exceptionnelle causée par la pandémie peut les avoir frappés de plein fouet. Plus de détresse Au Centre de services adaptés du Cégep, les conseillères qui travaillent avec ces étudiants en leur offrant des outils adaptés, un suivi personnalisé et des mesures d’accommodement afin de les accompagner dans leur réussite scolaire, perçoivent plus de détresse depuis le début de la pandémie. Le nombre de demandes d’accommodements est aussi en hausse. En plus de soutenir les EESH devant concilier la transition secondaire-collégiale et le contexte actuel, ces professionnelles reçoivent des demandes d’étudiants rendus en deuxième ou en troisième années d’études devenus suffisamment autonomes, mais qui ont perdus certains repères lors du passage de l’enseignement en mode virtuel. Les mesures mises en place pour offrir un enseignement à distance nécessitent de l’adaptation de tous les étudiants, mais requiert encore plus d’efforts chez les EESH. S’organiser et faire preuve d’une certaine autonomie est souvent, pour eux, déjà un grand défi en contexte hors-pandémie. S’adapter à une nouvelle réalité amène d’ailleurs son lot de stress et d’anxiété pour tous les étudiants; 64 % des répondants à une récente enquête de la Fédération étudiante collégiale du Québec ont indiqué que leur santé mentale s’était détériorée depuis le début de la pandémie. Des nouvelles ressources Face à cette situation, le Cégep s’est retroussé les manches et a embauché une nouvelle conseillère en services adaptés. Aussi, deux membres de l’équipe qui œuvraient à temps partiel travailleront désormais à temps plein. Ces ajouts permettront de bonifier les services du Centre, dont l’offre est déjà généreuse et diversifiée. Une conseillère en services adaptés est également disponible durant les heures de cours via une plateforme numérique pour clavarder avec les étudiants en difficulté et les rencontrer, au besoin. Ainsi, comme c’était le cas en présentiel, ceux-ci ont accès à une ressource si nécessaire, en plus de leurs suivis individuels. Vers la pédagogie inclusive Par ailleurs, les professeurs et le personnel du Cégep sont à pied d’œuvre pour soutenir tous les étudiants en pratiquant une pédagogie inclusive. Le Cégep a créé le projet Prof aidant à l’inclusion et la réussite des étudiants pour libérer des professeurs dans chaque programme d’étude afin qu’ils collaborent avec les professionnelles du Centre de service adapté et ainsi sensibiliser leurs collègues à la pédagogie inclusive. Avec le nombre d’EESH qui a augmenté en flèche dans les dix dernières années et la pandémie qui a mis en lumière les limites du modèle actuel, le Cégep doit faire preuve de créativité, repenser ses façons de faire et tendre vers l’inclusion dans ses pratiques courantes. Chaque geste compte pour offrir un environnement d’études sain, dynamique et où il fait bon apprendre pour tous les étudiants, dont ceux en situation de handicap. En les soutenant, comme nous le faisons, nous contribuons, à notre façon, à vaincre les effets de la pandémie sur leur apprentissage et à les accompagner vers la réussite scolaire.