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Les frais de traduction chargés lors d’une consultation médicale font réagir

le jeudi 09 mai 2019
Modifié à 13 h 35 min le 09 mai 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Un médecin du Centre médical Alexandre de Brossard a chargé des frais de traduction lors d’une consultation avec un patient de la communauté asiatique. Mais depuis, l’existence de tels frais a été décriée sur les réseaux sociaux et la clinique est la cible d’insultes et de menaces. La pratique fait pourtant partie des procédures de la Régie d’assurance-maladie du Québec (RAMQ). Une connaissance du patient en question a affirmé sur sa page Facebook que son ami avait dû payer des frais de traduction de 26$ pour avoir parlé en anglais avec le médecin de la clinique. La carte d’assurance-maladie du patient était expirée, ce qui explique pourquoi il a reçu une facture - qui pourrait lui être remboursée par la RAMQ - et a ainsi pu prendre connaissance des codes appliqués et des actes facturés. «Ce n’est pas acceptable! Vivons-nous toujours dans un pays bilingue?» écrit Joy Zhu, en anglais, sur sa page Facebook. La publication a été partagée près de 600 fois. L’histoire a aussi été publiée sur la page Rive-Sud – Le média citoyen, qui indique que «le patient affirme avoir demandé d’être traité en anglais. La consultation aurait duré trois minutes. La clinique affirme que le niveau d’anglais du patient était insuffisant, d’où les frais.» Traduction du mandarin Selon la coordonnatrice du centre médical, Mélanie Chartrand, le patient ne pouvait s’exprimer suffisamment bien pour être compris par le médecin, ni en français, ni en anglais. Une tierce personne a dû traduire du mandarin à l’anglais lors de la consultation, ce qui explique les frais de traduction. Depuis que cette situation a été exposée sur les réseaux sociaux, la clinique reçoit de nombreux messages violents ainsi que des insultes. «Juste ce matin [8 mai], j’avais 198 messages; ça n’a pas de bon sens», dénonce Mme Chartrand. Cette dernière a contacté les policiers, des menaces ayant été proférées. «C’est fou ce que les gens peuvent dire en se cachant derrière leur écran d’ordinateur», s’étonne-t-elle, exaspérée par l’ampleur de la situation. Elle déplore que tout cela repose sur une incompréhension, alors que les médecins sont en droit de charger des frais de traduction lorsqu’un accompagnateur est nécessaire lors d’une consultation. Si la carte n’avait pas été expirée, cette facture aurait été envoyée directement à la RAMQ par le médecin. Intermédiaire d’un interprète Selon le manuel de facturation des omnipraticiens de la RAMQ, un médecin peut charger un supplément «pour la communication par l'intermédiaire d'un interprète», que ce soit en cabinet, à domicile ou dans un établissement pour un patient inscrit. Cette mesure concerne les services rendus au Québec à des résidents d’autres provinces et territoires, ainsi que tous les services où un patient risque de ne pas comprendre ou de ne pas être compris par le médecin. «La RAMQ ne peut obliger un médecin à parler mandarin, indique la porte-parole Caroline Dupont. Si un patient n’est pas à l’aise en français ou en anglais, on lui suggère d’être accompagné [de quelqu’un qui pourra communiquer avec le médecin].» La règle ne compte aucune précision quant aux langues visées. Ainsi, advenant qu’un médecin ne soit pas suffisamment à l’aise en anglais et qu’un interprète soit nécessaire, il pourrait facturer des frais de traduction.

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