Culture

Les Hardings: l'erreur est humaine

le dimanche 20 février 2022
Modifié à
Par Jean-Baptiste Hervé

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Les Hardings est présentée au Théâtre de la Ville, à Longueuil, le 25 février. (Photo: Gracieuseté - Neil Mota Design Gauthier)

Dans la pièce Les Hardings, à travers trois personnages partageant le même nom de Thomas Harding, l’autrice et metteure en scène Alexia Bürger s’interroge sur les notions de responsabilité et de culpabilité en lien avec la tragédie de Lac Mégantic.

«L’idée de réunir ces trois Thomas Harding sur scène était de se poser la question sur ce qu’ils partagent mis à part un nom, explique avec enthousiasme, Alexia Bürger. Il n’y a rien qui les lie à la base et c’était une façon de me demander ce qui m’attache au chef de train à travers le quotidien et les gestes qu’on pose ou qu’on ne pose pas socialement.»

Le chef de train est l’homme qui a été accusé et blanchi de la tragédie de Lac Mégantic, le 6 juillet 2013, le pire accident de l’histoire du Canada impliquant des liquides inflammables. Un déraillement de 5 locomotives et de 72 wagons-citernes contenant 7,7 millions de litres de pétrole brut au centre-ville de Mégantic. Les explosions ont tué 47 personnes et détruit une quarantaine d’édifices dans un rayon de deux kilomètres.  

«On ne pouvait pas tenir un seul homme coupable de tout ce qui était arrivé, il y avait quelque chose là-dedans que je n’arrivais pas à accepter», révèle-t-elle. 

La pratique de la metteure en scène est issue du théâtre documentaire. Elle s’est plongée dans la vie de la communauté du village et a côtoyé l’avocat du chef de train, des militants méganticois, les journalistes et les survivants qui se sont battus pour plus de sécurité ferroviaire. 

Un travail de proximité avec les acteurs réels de la tragédie. Une démarche qui allie les paroles véritables et la fiction via les trois Thomas Harding de la pièce.    

Évoluer, malgré tout

Sur scène, la pièce présente trois hommes: le cheminot québécois  (Normand D’Amour), un assureur américain (Martin Héroux) et un chercheur néozélandais  (Patrice Dubois). Chacun des personnages détient une partie du casse-tête que fut la tragédie dans son ensemble. Un casse-tête humain et juridique pour déterminer les responsabilités individuelles et collectives. 

«Je crois que Thomas Harding est un homme très humble qui n’a jamais fait d’éclat et qui a très bien saisi sa part de responsabilité, explique Normand D’Amour. Je l’interprète avec cette optique et aussi avec l’impression qu’il a agi de la sorte dues à un environnement de travail déficient.» 

Les raisons de la tragédie sont plurielles et la pièce veut faire saisir la négligence systémique de l’industrie ferroviaire. Encore aujourd’hui, personne n’a été tenu responsable de la tragédie de Mégantic.   
 
«Ce qui m’intéresse le plus en tant que comédien, c’est que les gens apprennent des choses et puissent évoluer à partir de ce moment-là, poursuit l’acteur. C’est ce qui est le plus beau chez l’être humain, quoique tu aies fait, tu as la possibilité d’évoluer.»
    
Les Hardings est présentée au Théâtre de la Ville, à Longueuil, le 25 février.