Les inscriptions à la formation aux adultes à la baisse

(Photo: Pixabay)
Les élèves inscrits à la formation aux adultes dans les centres de services scolaires de la région termineront bientôt une année d’études. Au fil des années, le nombre d’élèves profitant de cette formation fluctue à la baisse. Gravité a tenté de connaitre les raisons derrière cette situation.
Au Centre de services scolaire Marie-Victorin à Longueuil, le nombre d’inscriptions est passé de 4 983 en 2016-2017, à 3 152 en 2020-2021. Du côté de la Commission scolaire New Frontiers à Châteauguay, 553 élèves étaient inscrits à la formation aux adultes en 2016-2017 comparativement à 271 en 2020-2021. Le Centre de services scolaire de la Vallée-des-Tisserands à Beauharnois fait bande à part avec une augmentation des inscriptions en 2021-2022 (915), comparativement à 2019-2020 (886).
Josée Lepitre, directrice responsable de la formation générale aux adultes, de la formation professionnelle et du service aux entreprises au sein du Centre de services scolaire Marie-Victorin, établit un lien entre la baisse des inscriptions et le plein emploi. Le marché de l’emploi des dernières années est marqué par une pénurie de travailleurs dans plusieurs secteurs d’activité. Résultat: des jeunes optent pour le marché du travail plutôt que de poursuivre leurs études, indique Mme Lepitre. Ces jeunes reviennent-ils sur les bancs d’école pour réussir les cours manquants?
«Certains reviennent, d’autres non, mentionne-t-elle. Des gens forment d’excellents employés, mais ils n’ont pas terminé leurs études secondaires. Le balancier va tourner et ils vont aller chercher une équivalence pour obtenir un emploi avec de meilleures conditions ou un poste à un niveau supérieur.»
Réforme
En 2016, Québec a uniformisé les exigences et objectifs de la formation aux adultes à ceux de la formation générale chez les jeunes. L’adoption de cette réforme a-t-elle eu un impact chez les élèves? Josée Lepitre explique que des élèves éprouvent des difficultés dans certaines disciplines. Elle attribue cette réalité à plusieurs facteurs, sans affirmer que le «renouveau pédagogique», soit la réforme du programme de la formation aux adultes, soit en cause.
Pour sa part, Chantal Martin, directrice de la formation continue au sein de la Commission scolaire New Frontiers, voit la réforme positivement. Depuis 2016, les élèves à la formation aux adultes font l’apprentissage de diverses techniques, pour la lecture et la compréhension par exemple, qui les suivront toute leur vie.
«Les changements ont approfondi les connaissances. Oui, le contenu des cours est plus intense, mais on va chercher le développement de la compétence de l’élève», explique-t-elle.
De quelle façon la Commission scolaire soutient-elle ses élèves à la formation aux adultes, devant cette situation?
«Nous avons un psychologue qui travaille avec les élèves anxieux. Des élèves travaillent avec les professeurs de ressources. Nos professeurs les rencontrent un à un», poursuit-elle.
Persévérance
Si des élèves quittent la formation aux adultes, ceux qui y demeurent persévèrent, lance Mme Lepitre. Les professionnels derrière le Centre de services scolaire Marie-Victorin multiplient les efforts afin d’inciter les jeunes à compléter leur parcours. La directrice fait référence à la formation à distance, à l’équipe en place, et à l’accompagnement offert pour soutenir les jeunes.
«Nous travaillons beaucoup sur l’accompagnement pour faire en sorte de garder la motivation des élèves. La reconnaissance des acquis prend des proportions plus grandes», soulève Mme Lepitre.
La directrice ajoute partager les enjeux, les solutions et les projets du Centre avec ses collègues de la Montérégie. Le but est de «développer des modèles hybrides, assurer que nos jeunes et moins jeunes puissent sortir avec un diplôme en poche».
À la Commission scolaire New Frontiers, le soutien aux élèves est aussi omniprésent. Mme Martin dit mettre «des situations en place pour encourager les élèves à continuer leurs études». Par exemple, depuis la pandémie au printemps 2020, la hausse des inscriptions en ligne pour la formation aux adultes a gagné en popularité.
«Ils ont goûté à apprendre en ligne. Retourner à la normale, c’est difficile. Ils ont la chance de travailler», spécifie-t-elle.
Le nombre de demandes de modification d’horaire est à la hausse de la part d’élèves souhaitant concilier études-travail, avoue Mme Martin.
Portrait des élèves à la formation aux adultes
Qui fréquente le programme de formation aux adultes? Dans les écoles du Centre de services scolaire Marie-Victorin, la formation aux adultes attire davantage les femmes. Elles représentaient 57 % des élèves, pour l’année 2016-2017, et un peu plus de 54 %, pour l’année 2020-2021. L’organisation cible les jeunes de 16 à 24 ans.
Le Centre offre plusieurs services d’enseignement aux adultes, dont des cours de francisation. Ici, les élèves sont plus âgés.
«C’est des personnes issues de l’immigration. C’est une clientèle fidèle, précise Josée Lepitre. Certains sont inscrits en formation générale aux adultes, mais ce n’est pas une majorité.»