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« Les médecins me disaient que c'était dans ma tête »

le mercredi 18 janvier 2017
Modifié à 0 h 00 min le 18 janvier 2017

SANTÉ. Au cours des six dernières années, Vanessa Grenier a vu sa santé dépérir, sous le regard d'une vingtaine de médecins spécialistes qui n’étaient pas en mesure d’en déterminer la cause. La résidente de Longueuil vient finalement d'obtenir un diagnostic de la maladie de Lyme, mais aux États-Unis.

«Depuis 2010, je dois avoir vu pas loin d'une vingtaine de médecins au Québec, raconte Vanessa Grenier à TC Media. J'ai fait tous les tests possibles, mais jamais on ne m'a fait faire un test pour la maladie de Lyme. C'est en faisant des recherches que j'ai trouvé que mes symptômes s'apparentaient beaucoup à ceux de cette maladie. Mais au Québec, si tu ne te présentes pas à l'hôpital avec un érythème migrant [rougeur sur la peau] à l'endroit de la piqûre, même si tu leur dis que ça ressemble à la maladie de Lyme, jamais ils ne vont te faire passer le test», déplore-t-elle. 

De nombreux symptômes

Fièvre, maux de tête, fatigue, douleurs musculaires, articulaires et même paralysie; les symptômes de la maladie de Lyme, transmise par la morsure d'une tique infectée par une bactérie, ressemblent à ceux de plusieurs autres maladies. 

«Ç’a commencé avec une paralysie du côté gauche, se souvient Vanessa Grenier. À l'hôpital, on m'a dit que j'étais en dépression et que c'était dans ma tête. Ensuite, je suis allée voir un neurologue qui m'a dit que c'était des migraines avec aura et un peu plus tard, on m'a diagnostiqué une fibromyalgie. Après, tout s'est vraiment enclenché et j'ai commencé à être vraiment malade, comme une grosse grippe avec des palpitations cardiaques, des douleurs extrêmes au dos et aux côtes et j'en passe. Ç’a duré des mois! Mais à l'hôpital, on me disait toujours la même chose ''c'est dans ta tête''!» 

Enfin une réponse, aux États-Unis

Après des années à tenter de mettre un nom sur le mal qui l'affligeait, Vanessa Grenier a finalement obtenu un diagnostic de la maladie de Lyme, après être allée consulter un médecin à Plattsburgh, dans l'État de New York. 

«La Dre Maureen Mcshane m'a d'abord fait un diagnostic clinique et ensuite, les résultats positifs du test de laboratoire ont confirmé ce que nous pensions, laisse tomber Vanessa Grenier. Ce n'est qu'après cela que les médecins du Québec ont finalement voulu me faire passer le test, mais les résultats étaient négatifs.» 

Plusieurs laboratoires aux États-Unis utilisent en effet le test Western Blot, alors qu'au Canada, s'est plutôt le test Elisa qui est utilisé (voir le bloc plus bas). 

Jusqu'ici, Vanessa Grenier a ainsi dépensé quelque 5000$ pour obtenir un diagnostic. Et même si elle a finalement obtenu une réponse, la jeune femme est encore très hypothéquée par la maladie. Elle devra ingérer de nombreux médicaments pour tenter de mettre le mal en dormance si elle veut retrouver un semblant de vie normal. 

«Les médecins du Québec ne sont même pas capables de reconnaître que cette maladie peut exister et que les gens sont vraiment malades. Ils sont vraiment mal informés», conclut-elle.

À lire aussi: un cinéaste de Mont-Saint-Hilaire réalise un documentaire au sujet de la maladie de Lyme.

Des tests plus souples aux États-Unis ?

En 2015, 160 cas de la maladie de Lyme ont été rapportés au Québec, avec de plus fortes proportions en Estrie et en Montérégie. Aux États-Unis, 30 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. 

«Aux États-Unis, il y deux approches pour diagnostiquer la maladie de Lyme, précise le médecin expert de l'Institut national de santé publique du Québec, Dr François Milord. Il y a celle qui est utilisée dans les hôpitaux, la même que nous au Canada. Mais il y a aussi celle qui est mise de l'avant par plusieurs laboratoires privés américains. La différence se situe au chapitre des critères utilisés pour obtenir un positif ou un négatif. Dans ces laboratoires, les critères sont plus souples. La question qu'il faut se poser c'est "Est-ce qu'ils ont vraiment la maladie?" C'est certain que ça soulève des questions!» 

Il n'est pas toujours facile pour les médecins québécois de diagnostiquer la maladie de Lyme. Avec une centaine de cas répertoriés chaque année, peu y sont confrontés. 

«Depuis 2010, il y a de plus en plus d'informations transmises sur la maladie de Lyme et ça vise autant la population que les professionnels de la santé, précise le Dr Milord. Différents outils existent pour essayer de se mettre à jour. C'est une maladie qui est assez rare, alors un médecin va voir peu de cas. Il a donc un défi de se mettre à jour sur une maladie qu'il voit rarement. Il faut en parler pour que la population et les professionnels de la santé réalisent que oui, on peut attraper cette maladie, même si ça reste assez rare.» 

Qu'est-ce que la maladie de Lyme ?

La maladie de Lyme est causée par la bactérie Borrelia burgdorferi et elle peut se transmettre par la piqûre de la tique infectée. 

Symptômes

Les premiers symptômes de la maladie de Lyme apparaissent généralement entre 3 et 30 jours après la piqûre d’une tique infectée. Le symptôme le plus courant est une rougeur sur la peau, à l’endroit de la piqûre. Ce symptôme est présent dans 60 à 80% des cas d’infection.

Les autres symptômes sont:

• fièvre;

• fatigue;

• maux de tête;

• raideur à la nuque

• douleurs musculaires et articulaires.

 

Traitement

La maladie de Lyme se traite avec des antibiotiques prescrits par un médecin. La nature et la durée du traitement dépendent du stade de l’infection et des symptômes présents.

Complications

Si la maladie n’est pas traitée, elle peut causer des problèmes à d’autres organes ou parties du corps, par exemple:

 

• des problèmes aux articulations;

• des problèmes cardiaques;

• des problèmes neurologiques.
 
(Source: Institut national de la santé publique du Québec)