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Les prouesses de Gonsalves ont aidé à envoyer un québécois à Rio

le jeudi 23 juin 2016
Modifié à 0 h 00 min le 23 juin 2016
Texte du Brossard Éclair

HALTÉROPHILIE. Lors des Championnats panaméricains d'haltérophilie, tenus du 5 au 12 juin à Carthagène, en Colombie, il était prévisible que l'équipe féminine canadienne réussisse à obtenir une place pour les Jeux olympiques de Rio et que ce billet irait à la meilleure haltérophile au Canada, Marie-Ève Beauchemin-Nadeau, du club Fortius de Brossard. Ce fut fait, sans surprise.

Mais pour l'équipe masculine, faire la même chose était presque impensable. Mais non seulement y est-elle parvenu in extremis, obtenant un billet pour le Québécois Pascal Plamondon, mais un des acteurs de cet exploit était inattendu. Il s’agissait de Mikael Gonsalves, 24 ans, lui aussi de Fortius et conjoint de Marie-Ève.

À l'assaut de l'international

Pourtant, deux mois plus tôt, l'ex-Brossardois aujourd’hui établi à Saint-Constant ne figurait aucunement dans les plans des dirigeants d'Haltérophilie Canada.

Victime de maux de dos en 2014, Gonsalves était athlète élite de niveau provincial à temps partiel quand il a terminé un baccalauréat en philosophie en décembre 2015. Mais, influencé par Marie-Ève, en préparation intense pour les Olympiques, et aidé par son entraîneur Guy Hamilton, qui lui a conçu un programme adapté, il a profité d'une pause d'études de 9 mois pour donner un grand coup. Et non seulement il s'est classé de justesse pour les Panaméricains, comme 8e membre de l'équipe canadienne, mais il a aussi participé à la course aux points des six meilleurs athlètes du pays. Ses 18 points ont aidé le Canada à terminer au 7e et dernier rang pour envoyer Plamondon à Rio, avec 118 points, un seul point devant le Vénézuéla (117) et deux devant le Chili (116). Un vrai conte de fée!

«Je suis fier comme ça ne se peut pas, j'ai encore de la difficulté à y croire, exulte Gonsalves. Je suis passé de simple pratiquant individuel à membre de l'équipe canadienne ayant eu une influence sur notre qualification olympique! Pendant que Marie-Ève s'entraînait10 fois par semaine, je suis passé de 3 entraînements semaine à 8 pour la première fois de ma vie. Et les résultats ont été fulgurants.»

Lui qui était limité à des totaux de 301 ou 302 kg chez les moins de 94 kg à cause des blessures et des études a réussi à lever 312 kg en avril, exactement le total minimum requis pour se classer pour les Panaméricains.

De figurant à acteur de pouvoir

Puis, à Carthagène, son statut de "figurant" a changé quand son collègue Francis Lune-Grenier a frappé le mur, ratant toutes ses barres pour 0 point. «J'étais en action deux jours plus tard, alors mes barres devenaient stratégiques pour l'équipe.»

Victime des circonstances et de son inexpérience, il a d'abord eu de la difficulté à l'arraché. Les installations sommaires et l'humidité extrême lui ont fait rater la limite de poids à la pesée par des poussières. Avec la perte de temps et la déshydratation qui ont suivi, il a raté son premier arraché de 130 kg, lui qui réussissait 140 à l'entrainement. Mais malgré les étourdissements et les maux de tête, il a sauvé les meubles en soulevant ensuite 130 et 134 kg.

Mieux alimenté avant l'épaulé-jeté, il était prêt pour la suite. «Question de stratégie collective, les entraîneurs décidaient des charges et moi, je devais les soulever en leur faisant confiance.»

Il a ainsi réussi 166, 173 et 179 kg, sa dernière barre étant un record personnel en compétition, tout comme son total de 313 kg. Ce résultat le plaçait 2e du groupe B et 9e des moins de 94 kg.

«C'était gratifiant plus tard de voir Pascal sous le choc quand il a réalisé qu'il allait à Rio! De mon côté, j’en suis à me fixer de nouveaux objectifs insoupçonnés.»

Mikael, déjà virtuellement classé pour les Mondiaux universitaires au Mexique en novembre, participera probablement à des qualifications à Toronto le 13 août, surtout si d'autres menacent sa place. D'autres enjeux sont également à sa portée. «En atteignant un total de 323 kg [qu'il frôle déjà à l'entrainement], je pourrais me classer parmi les deux meilleurs au pays et me faire payer mes frais au Mexique, une première en carrière.»

S'il atteint le standard canadien de 327 kg de sa catégorie, il pourrait même être subventionné sur l'équipe nationale. «Je vais y aller une étape à la fois, car tout ça demande chance, temps et santé. Les Jeux du Commonwealth sont dans ma mire. Je reprends déjà l'entraînement intensif et on verra au fur et à mesure», dit-il, rayonnant.