Les réactions se multiplient à l’égard des compressions envisagées par l’ARTM

Les coupures qu’envisage d’imposer l’Agence régionale de transport métropolitain (ARTM) aux différentes sociétés de transport, dont une réduction de services de 2,7% au Réseau de transport de Longueuil (RTL), suscitent de vives réactions.
Après l’opposition unanime du C.A. du RTL la semaine dernière, voilà que l’Association pour le transport collectif de la Rive-Sud (ATCRS) critique vertement ces possibles coupures de services.
Rappelons que Radio-Canada rapportait le 2 juin que l’ARTM anticipe un déficit de 936 M$ pour la période de 2021 à 2024. Le plan actuellement à l’étude envisage des coupes de 2,7% au RTL, de 2,6% au réseau de métro et de 2,2% à Montréal, entre autres.
L’ATCRS redoute que ces coupures se fassent davantage ressentir au RTL, qui avait diminué ses services de près de 10% en 2020.
«Avant la pandémie, la Rive-Sud souffrait déjà d’un retard substantiel en matière de services de transport collectif par rapport aux banlieues sur l’île de Montréal. L’ARTM, par cette décision, accroît ce déséquilibre en faveur de Montréal», relève le porte-parole de l’ATCRS Jean-Michel Laliberté.
M. Laliberté fait valoir que l’offre de service devra rapidement être au rendez-vous, alors que la demande croîtra au fur et à mesure que les cours reprendront en présentiel et que s’effectuera le retour progressif au travail.
«On parle beaucoup de la réduction des gaz à effet de serre et le transport collectif s’inscrit dans la liste des mesures pour atteindre les objectifs environnementaux. Alors cette décision est complètement inconcevable dans le contexte actuel», ajoute-t-il aussi.
Membre du C.A. du RTL, le conseiller municipal Jacques E. Poitras a également dénoncé les compressions budgétaires demandées.
«Ce sont encore les citoyens qui auront à payer encore plus de taxes. L’ARTM devrait penser aux citoyens et les consulter, ce qu’elle fait très peu. Nous allons nous défendre!»
«Monstre bureaucratique»
Le candidat à la mairie Jean-Marc Léveillé fait aussi valoir que le RTL est la seule des sociétés de transports à avoir atteint ses objectifs en 2020, avec des compressions de 10% qui se poursuivront cette année et l’an prochain.
«Les citoyens de Longueuil n’ont pas de poignées dans le dos! On n’est pas là pour payer les déficits structurels de toute la région métropolitaine!» lance-t-il.
M. Léveillé qualifie l’ARTM de «monstre bureaucratique d’inefficacité» et estime qu’elle devrait être réformée. Il juge que l’instance faillit actuellement à son rôle de coordonner et planifier efficacement les transports dans la région métropolitaine.
«Pendant qu’il se réunissent, le REM de l’Est et la Ligne bleue vont se cannibaliser dans un échec de planification évident. Bien sûr, ce sont les citoyens de toutes les municipalités qui vont ultimement assumer la facture de cette catastrophe annoncée, craint-il. Et en contrepartie, à Longueuil, on pourrait devoir attendre encore 10 ou 20 ans, sinon plus, pour un lien structurant dans l’axe du boul. Taschereau.»
Jean-Marc Léveillé lance un appel à l’unité des élus de l’Agglomération, dénonçant l’absence d’un «réel poids politique» à Longueuil et sur la Rive-Sud.
«Ça fait des années qu’on passe après les autres en matière d’investissements parce que ça fait des années qu’on se chicane, soutient-il. Régler les vieilles rivalités dans l’Agglomération va avoir un coût, mais ne pas le faire, ça va continuer de tous nous coûter beaucoup plus cher.»
«Non-sens»
La candidate à la mairie de Coalition Longueuil Catherine Fournier interpelle quant à elle la mairesse Sylvie Parent afin que les intérêts des Longueuillois soient défendus.
«Après avoir été le bon élève, voilà que l’on veut encore couper, en plus nous de nous faire contribuer davantage. C’est un non-sens», a-t-elle réagi.
«Cette nouvelle vague de compression va complètement à l’encontre des besoins de la clientèle du transport en commun de Longueuil et des villes de l’agglomération, a-t-elle poursuivi. Dans un contexte actuel de relance, notamment économique, et de déconfinement de la société, nous devons offrir un service efficace aux citoyens et qui représente les demandes formulées par la clientèle.»
Elle rappelle que de nouvelles lignes d’autobus vers les gares du REM seront prévues à partir de 2022 et que celles-ci devront être financées.
Craintes de l'AUTAL
«Nous estimons que les propositions envisagées par l’ARTM, afin de renflouer ses coffres sont inacceptables et très préoccupantes», a réagi l’Association des usagers du transport adapté de Longueuil (AUTAL).
«Nous sommes conscients que la pandémie de la COVID-19 a engendré des pertes de revenus importantes pour l’ARTM. Cependant, nous nous questionnons à savoir pourquoi l’ARTM envisage des coupures de services et une augmentation des tarifs alors que nous sommes présentement dans un contexte de relance économique et de déconfinement où la demande de service en transport collectif sera augmentée puisque les gens retourneront éventuellement au travail ou à l’école», a renchéri l'organisme à but non lucratif.
L'AUTAL craint que les coupes envisagées aient un impact sur les services de transport adapté; une situation «préoccupante» pour ses membres.
«Déjà, dans le PSD de la région métropolitaine de Montréal de l’ARTM, le financement pour l’accessibilité universelle n’était pas dans les actions priorisées par l’ARTM, maintenant que celle-ci prévoit un déficit d’une centaine de millions de dollars, est-ce que l’accessibilité universelle sera mise aux oubliettes ?» s'inquiète-t-elle.