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COVID-19

Les sœurs de la Maison Jésus-Marie épargnées par la COVID-19

le mercredi 20 mai 2020
Modifié à 10 h 36 min le 09 juillet 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Entre les murs de la Maison Jésus-Marie de la rue Saint-Charles à Longueuil, aucune des quelque 130 religieuses ne sont atteintes de la COVID-19. Ce qui a toutes les apparences d’un miracle repose en fait sur la vigilance et la proactivité de toute la communauté. «Les mots d’ordre, ce sont la rigueur, la surveillance. On est vraiment fatigantes sur la surveillance!» lance Geneviève Grégoire, la directrice générale de la Maison Jésus-Marie. Le pavillon Saint-Charles, appelé «l’infirmerie», est un milieu de vie offrant des soins de longue durée. Les religieuses plus autonomes habitent dans le pavillon Saint-André. La moyenne d’âge de l’ensemble de la communauté est de 90 ans. Les Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie ont la chance de compter sur une équipe bien outillée pour affronter une pandémie. La directrice des soins Isabelle Rivard et la directrice générale Geneviève Grégoire sont respectivement spécialisées en contrôle d’infection et en gestion de crise. Dès les premiers jours de la pandémie, la première phase d’un plan de contingence a été mise en place: visites interdites, contacts interdits entre les étages d’un même pavillon et entre les deux pavillons, à l’exception de quelques sœurs autonomes qui prennent soins de consœurs. [caption id="attachment_91290" align="alignright" width="385"] La directrice générale Geneviève Grégoire[/caption] Les promenades à l’extérieur sont autorisées, mais restreintes au terrain appartenant à la communauté.  «Des fois, quand on en voit qui se rapprochent trop, on leur fait des signes, pour leur rappeler de garder le deux mètres», décrit Mme Grégoire, en écartant les bras. Les repas sont partagés: les trois cafétérias ont été réaménagées en huit lieux, là où l’espace permet la distanciation physique, dans un grand corridor, par exemple. «Les soeurs sont confinées, mais pas isolées», résume l’animatrice provinciale Sr Denise Riel. On a créé un milieu de vie malgré tout, pour une question de santé mentale et de bien-être.» Tous les employés et fournisseurs qui se présentent à la Maison Jésus-Marie doivent prendre leur température et répondre à un court questionnaire, ce que l’équipe du journal a aussi fait avant la rencontre. Prêtes à tout Rapidement, une zone chaude a été créée dans une partie du bâtiment conçue pour être une unité prothétique. Cette section est pleinement autonome, avec un poste de garde, des chambres individuelles et des salles de bain. Ainsi, douze chambres que l’on espère ne pas utiliser sont prêtes. [caption id="attachment_91296" align="alignleft" width="354"] Interdit d'entrer dans la zone chaude ![/caption] Si l’une des sœurs vivant en appartement (elles sont 55) ou vivant dans d’autres installations des SNJM de la région attrapait le coronavirus, elle pourrait être hébergée dans cette zone chaude, à moins qu’une autre condition de santé exige qu’elle soit hospitalisée. L’installation de cette unité signifie toutefois qu’une douzaine de religieuses ont dû être relocalisées ailleurs dans le pavillon. «Ç’a été difficile, on déracine une aînée de son milieu de vie, reconnait Geneviève Grégoire. Il y a des habitudes qui se perdent difficilement.» «Mais elles ont très bien compris», ajoute Sr Riel. Un salon familial a été transformé en zone tiède. Dès qu’une sœur présente des symptômes ou revient d’un séjour de plus de 24 heures à l’hôpital, c’est l’isolement strict. Du personnel du CLSC effectuent des tests de dépistage sur place. Employés en poste [caption id="attachment_91291" align="alignright" width="317"] La congrégation a su s'approvisionner en matériel médical.[/caption] Certaines communautés religieuses ont été désertées par plusieurs membres du personnel soignant, attirés par les primes offertes dans le secteur public. «Les portes s’ouvraient, le réseau de la santé est très agressif pour recruter», fait valoir Geneviève Grégoire. La Maison Jésus-Marie a su retenir ses employés, et pas seulement en offrant le même niveau salarial et les mêmes primes que le public. Tous les employés se sont fait offrir de passer du temps partiel au temps plein. «Ça fait en sorte qu’on est un peu en surplus de personnel présentement», expose Mme Grégoire. Une marge de manoeuvre qui facilitera la gestion de la période de vacances. La communauté peut aussi compter sur un approvisionnement suffisant en matériel médical, grâce à des démarches proactives auprès des fournisseurs habituels… et inhabituels, comme CCM, à qui la congrégation a acheté des visières. «Le secret, c’est une bonne collaboration et une bonne communication entre le personnel administratif, l’équipe provinciale et les employés», soutient Sr Denise Riel. Garder le moral Le confinement a changé les habitudes, mais néanmoins, une vie communautaire demeure. L’accès à la télévision permet aux résidentes de se tenir informées et de regarder la messe diffusée à la télévision communautaire. Sur le circuit fermé reliant toute la communauté des SNJM de la province, des documentaires sont diffusés en après-midi. «À 16h, c’est le chapelet! Ah ça, c’est sacré! s’exclame Sr Denise Riel. C’était comme ça aussi avant le confinement.» [caption id="attachment_91289" align="alignright" width="302"] Une cérémonie a permis de souligner la mémoire de trois religieuses décédées au cours des dernières semaines.[/caption] Les activités qui impliquaient une proximité, comme le bingo et les jeux de cartes, ont été interrompues. La bibliothèque a été fermée, mais les sœurs peuvent néanmoins emprunter un livre ou un casse-tête. Ces prêts passeront toutefois par une quarantaine de 14 jours avant d’être remis en circulation. Par ailleurs, une équipe de couturières est actuellement formée; une façon de se préparer à un éventuel déconfinement, car le masque sera obligatoire pour celles qui désireront sortir. La Maison Jésus-Marie songe d’ailleurs à «sortir des sentiers battus» pour bonifier l’offre d’activités possibles en ce temps de pandémie. Depuis le début de la pandémie, quatre sœurs sont décédées. Le circuit fermé aura permis de tenir une petite cérémonie dans la chapelle, et de la diffuser à l’ensemble de la communauté. «Les urnes étaient restées au salon mortuaire. On s’est dit «il me semble qu’on pourrait les rapatrier», relate Sr Riel. Ç’a permis de rappeler la vie de la sœur, de faire une petite procession.» De plus, des accompagnatrices veillent au bien-être des sœurs, pour prendre soin de celles qui vivent de la détresse. «Point de presse» hebdomadaire Les ponts ne sont pas complètement fermés entre les membres des SNJM: courriels, appels, lettres sont échangés. L’équipe provinciale fait parvenir un communiqué hebdomadaire, qui compte les points d’information importants et «une réflexion, pour garder l’espérance en temps de confinement», exprime Sr Denise Riel. Des comités se rencontrent aussi par visioconférence. «On est à temps plein dans Zoom!» De plus, chaque mercredi à 14h30, la directrice générale et la directrice des soins Amélie Rivard tiennent une rencontre d’information diffusée sur le circuit fermé. «On fait des MM. Legault et Arruda de nous-mêmes! On répond aux questions qui ont été posées durant la semaine. On les rassure, on les remercie, soutient Geneviève Grégoire. Notre bilan est toujours à zéro et on le répète: il ne faut pas baisser la garde!» [caption id="attachment_91297" align="alignnone" width="444"] La chapelle[/caption]