Opinion

Lettre ouverte - Feux sonores, leur installation et leur entretien : les villes doivent faire mieux

le jeudi 07 mars 2024
Modifié à

(Photo: Le Courrier du Sud - Archives)

Tout récemment, une personne aveugle faisait paraître une lettre ouverte dans laquelle elle exhortait la Ville de Montréal d’accélérer l’installation de feux sonores sur son territoire. Le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM) appuie fortement cette demande.

En effet, l’insuffisance de feux sonores dans de nombreuses villes est criante. À Laval, on compte 21 feux sonores. À Montréal, on en retrouve environ 250, alors que près d’une soixantaine sont disséminés sur le territoire de la ville de Longueuil.

Les feux sonores sont des dispositifs qui permettent à une personne aveugle ou malvoyante de savoir quand amorcer la traversée d’une intersection, de même qu’à maintenir une trajectoire sécuritaire pendant la traversée. De plus, et ce n’est pas un détail, lorsqu’un feu sonore est en fonction, il ne peut y avoir de conflit entre la circulation véhiculaire et un piéton. C’est donc là un avantage des plus précieux pour tout le monde, pas uniquement les personnes aveugles et malvoyantes. Toutefois, les feux sonores constituent un atout incontournable pour assurer la sécurité des déplacements de ceux et celles que nous représentons.

Les villes peuvent agir de façon encore plus proactive pour assurer la sécurité des personnes aveugles et malvoyantes. Pour ce faire, le RAAMM demande aux villes de poser les gestes suivants :
Intégrer la question des feux sonores au début du processus d’aménagement des intersections comme étape normale dans l’élaboration d’un projet;

Élaborer des objectifs mesurables d’implantation de feux sonores là où les intersections sont problématiques afin de combler le manque à gagner (le ministère des Transports et de la Mobilité durable s’est doté d’une norme qui précise les contextes où des feux sonores devraient être installés);

Améliorer la façon dont les villes sont informées de l’existence de feux sonores défectueux sur leurs territoires (actuellement, tout repose sur les épaules des citoyens);

Mettre sur pied un système bien rodé pour assurer l’entretien des feux déjà en place (à l’heure actuelle, des délais de plusieurs semaines peuvent survenir entre le moment où un feu sonore défectueux est rapporté aux villes et que les réparations sont effectuées).

Il faut passer des paroles aux gestes. À cet égard, signalons que le Comité exécutif de la ville de Montréal n’a toujours pas statué sur les recommandations émises par la Commission sur les transports et les travaux publics, suite à sa consultation sur la traversée des rues et les mesures d’accessibilité universelle et la mobilité durable. La Commission a terminé ses travaux en mai dernier. Plusieurs recommandations touchent directement la question des feux sonores, dont une meilleure planification, une amélioration des processus d’entretien, de même que l’installation de feux sonores dans certains contextes, notamment le long des voies cyclables de type REV. L’adoption de ces recommandations et leur mise en œuvre s’imposent!

Comme d’autres y ont fait allusion ailleurs, une ville bien dotée en matière de feux sonores, tant sur le nombre que leur bon fonctionnement, est une ville où les personnes aveugles et malvoyantes pourront se déplacer de manière plus sécuritaire. Il est grand temps que la sécurité de toutes et tous soit réellement prise en compte!

Yvon Provencher,

Agent de mobilisation et de défense des droits
Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain