Opinion
Tribune libre

Lettre ouverte - Le gouvernement Trudeau, leader ou cancre du climat ?

le mardi 25 février 2020
Modifié à 11 h 50 min le 24 février 2020

En ce début d’année, l’alarme de la crise environnementale retentit partout sur la planète. Des feux dévastateurs en Australie aux précipitations de neige paralysantes à Terre-Neuve, en passant par les inondations meurtrières en Indonésie et à Madagascar, la nature se déchaine après tant d’années où nous avons ignoré les scientifiques nous dire qu’il fallait réduire notre production et notre consommation d’énergies fossiles. D’ici la fin du mois, le gouvernement de Justin Trudeau aura à prendre une décision importante: approuver ou refuser le projet Teck Frontier, la plus grande mine à ciel ouvert de sables bitumineux jamais exploitée au Canada – on y retrouve déjà 150 mines. En superficie, c’est l’équivalent de deux fois la taille de la ville de Vancouver! Teck Frontier, c’est l’exploitation de 260 000 barils de pétrole par jour – soit 40 millions de litres –; la destruction de 14 000 hectares de milieux humides – soit 45% de sa superficie –; la perte irréversible de forêts anciennes, dont certains arbres ont de près de 100 ans; la violation des droits ancestraux des Premières Nations; et surtout, la garantie que nous serons enfermés dans l’exploitation des sables bitumineux pour encore 40 ans, équivalent à 6 millions de tonnes de CO2 chaque année. La commission d’examen conclut que la mine aurait des impacts «irréversibles» sur l’environnement et des effets néfastes importants sur les peuples autochtones, mais recommande néanmoins qu’elle soit approuvée dans l’intérêt public, pour des raisons économiques. Décision incompréhensible! Comment peut-on encore penser en termes de rentabilité économique alors que les géants financiers commencent à désinvestir des énergies fossiles, que les catastrophes naturelles coûtent de plus en plus cher aux contribuables – coût estimé à 100 G$ pour les feux de forêt en Australie – et que le Canada doit subventionner les pétrolières? Le 21 octobre, les électeurs ont donné une seconde chance à Justin Trudeau après l’achat honteux d’un pipeline à 4 G$. C’est le test de vérité du gouvernement Trudeau, mais aussi de chacun de nos députés. De quel côté de l’histoire choisiront-ils d’aller: du côté des lobbyistes, pétrolières et gazières ou du côté de la sécurité et du bien-être des Canadiens? Nous ne sommes plus à l’étape d’argumenter sur les changements climatiques. Il n’y a pas deux opinions: le réchauffement climatique est un fait scientifique. Il faut refuser tout nouveau projet d’extraction, d’exploitation, de transport ou de stockage des hydrocarbures. Mesdames et messieurs les députés, nous comptons sur vous pour bloquer l’approbation de la mine Teck Frontier.

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