Logan : même les superhéros se fatiguent

C'est le plus torturé des X-Men. Le plus sanguinaire aussi. Wolverine semble avoir épuisé sa destinée. Affaibli, vieilli, alcoolique et désabusé, Logan trouve sa rédemption en Laura dans cette ultime aventure qui puise sa force dans un récit brillant insérant quelques codes du western.
On aurait pu tomber dans l'ennui de la redondance, ou pire dans les clichés du pathos. Mais non. Logan est tout sauf une suite sans intérêt. Un exercice scénaristique de haut niveau qui prouve aux séries de ce monde qu'il est possible de faire du neuf avec du vieux.
L'environnement décalé de quelques années dans le futur (on est en 2029) accolé au décor du désert du Mexique donne une ambiance apocalyptique qui ajoute à l'aspect de la survie menacée des X-Men. Car il faut se le dire, leur gloire est passée depuis longtemps déjà.
Le professeur Charles Xavier (Patrick Stewart) qui déambulait jadis dans sa somptueuse école de surdoués est maintenant enfermé dans un vieux château d'eau en raison de l'Alzheimer. Il se fait vieillissant et sa tête qui déraille provoque de puissantes crises causant des accidents et des dommages auprès de son entourage.
Laura
Décimée, la colonie des X-Men vit ses dernières heures dans le déshonneur et l'oubli. Logan (Hugh Jackman) s'est réorienté comme chauffeur de limousine.
Il tient captif le professeur Charles Xavier de l'autre côté de la frontière américaine. Le vieil homme est maintenant considéré comme une arme de destruction massive. Logan, aidé de Caliban (Stephen Merchant), garde le professeur pendant qu'il travaille en vue d'acheter un yacht pour isoler le professeur en mer dans un meilleur environnement.
Les plans de Logan seront changés tandis qu'une femme nommée Gabriela (Elizabeth Rodriguez) le pourchasse. Elle demande sa protection alors qu'elle est elle-même poursuivie par des mercenaires armés avec à leur tête Pierce (Boyd Holbrook). Logan sera contraint de protéger la petite Laura (Dafne Keen) qui s'avère avoir été conçue avec l'ADN de Wolverine.
L'homme
Wolverine est probablement le superhéros le plus humain. Non pas en raison de son apparence, mais par son esprit qui correspond en plusieurs points à la psychologie de l'homme. Cette caractéristique donne aux gestes sanguinaires des combats un poids qui pèse lourd sur ses épaules.
On sent cette fatigue, ce désir de fuir l'atrocité des gestes qu'il a causés. Logan a du sang sur les mains. Beaucoup. On le retrouve dans ce dernier opus épuisé par toute cette vie, les pertes encourues en raison de sa nature, que ce soit sa bien-aimée ou ses collègues des X-Men qui ont laissé leur peau dans les combats.
L'interprétation de Hugh Jackman est d'une justesse et d'un réalisme presque sans faille. L'acteur qui a annoncé que Logan allait être sa dernière apparition en Wolverine livre ici une finale éloquente de ce chapitre qui réconcilie sa part de l'homme et de la bête. De l'ombre et du soleil. On l'appelle d'ailleurs majoritairement Logan et non Wolverine.
Western
Les nombreux clins d'œil aux codes du western viennent donner aussi davantage de réalisme dans cette ultime aventure. Car Logan perd de plus en plus de ses pouvoirs. Les scènes de combats sont violentes, mais crédibles.
On est dans une dualité homme à homme (Logan contre Pierce). Les plans en contreplongée magnifient Logan lorsqu'il est au combat. On est dans les clichés des westerns, et quelques critiques ont même soulevé le fait que physiquement, il ressemble à Clint Eastwood, cette icône du genre.
Puis, il y a les références dans les dialogues et l'action de L'homme des vallées perdues (1953) de George Stevens. Le professeur Charles Xavier en écoute d'ailleurs une scène avec Laura. Un mythique western dans lequel un ancien chasseur de prime trouve une rédemption auprès de familles de fermiers alors qu'il les protègera des riches propriétaires terriens qui souhaitent les expatrier.
L'histoire de Logan se juxtapose à celle de Shane. Car comme dit ce dernier, on ne s'en remet jamais vraiment lorsqu'on a tué un homme.