Personne disparue : les jeunes se prêtent à l’exercice

Plusieurs des jeunes participant au camp des apprentis souhaitent devenir policier. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Denis Germain)
Nous sommes en début d’après-midi, au parc Michel-Chartrand de Longueuil. Le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) déploie son poste de commandement, car une personne est disparue : Maude Laroche, 30 ans, cheveux blonds et yeux bleus. En réalité, Maude n’est pas vraiment disparue. Mais tout le processus est recréé afin de démontrer à des jeunes quoi faire dans cette situation.
Ils sont 12 apprentis policiers de 12 ans plongés dans l’action par cette chaude journée de juillet.
En duo, ces participants au camp des apprentis du SPAL vont se rendre à l’hôpital où la personne aurait été vue pour la dernière fois, d’autres rencontrent une équipe d’enquêteurs, d’autres vont vérifier les caméras d’un Tim Hortons à proximité.
Le tout culminera par une battue dans le parc avec l’unité de recherche en forêt, où les préadolescents feront une ligne et progresseront dans le parc jusqu’à ce qu’il trouve la dame.
«On a impliqué différents partenaires, comme les ambulanciers. Les jeunes viennent de faire un cours de premiers soins. Lorsqu’ils localiseront la personne disparue, ils seront amenés à prodiguer les premiers soins et faire un bandage», explique Charles-André Raymond, un des policiers qui a lancé le projet du camp des apprentis.
Être un policier
Tout le processus recréé pour les jeunes est celui que les policiers mèneraient dans ce type d’enquête. Les policiers qui les accompagnent sont de vrais policiers, les enquêteurs rencontrés sont de vrais enquêteurs.
Et c’est l’une des nombreuses activités qu’ils réalisent durant cette semaine afin de s’immerger dans la peau d’un policier.
Un des jeunes a parcouru le parc Michel-Chartrand en VTT à la recherche de la personne disparue. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Denis Germain)
«Ce sont tous des jeunes de 6e année qui ont voulu venir ici. Quand ils postulent, ils doivent écrire une lettre de motivation et on en choisit 12 parmi les candidats», souligne l'agent Raymond.
L’activité de recherche de personne disparue est l’une des favorites du groupe, confirmé par Kyra et Louis, deux jeunes qui venaient de fouiller le parc sur un véhicule tout-terrain.
«Ça donne encore plus le goût d’être policier!» lance Kyra.
D’apprenti à cadetVictor Plouffe a fait partie de la première cohorte du camp des apprentis en 2019. Une expérience qui l’a mené tranquillement vers des études en technique policière, même si à ce moment, il n’avait pas nécessairement l’ambition de devenir policier. «Quand j’ai fait le camp, j’ai pu avoir une plus grosse image du métier de policier, ce que c’est vraiment. En 4e secondaire, j’ai fait des stages avec le SPAL et c’est là que j’ai su que c’était ça que je voulais faire. Mais le camp, c’est là que l’idée a bourgeonné», explique-t-il. Aujourd’hui, Victor a terminé sa première année de cégep en technique policière et est cadet avec le SPAL cet été, ce qui lui permet d’assister les policiers, de donner certains constats d’infraction ou d’agir en prévention lors d’événement, comme pour bloquer des rues dans le cadre des feux d’artifice. Il a d’ailleurs expliqué aux jeunes du camp 2025 son parcours et son expérience de 2019, où il avait lui aussi visité les différentes escouades, l’école nationale de police et participé à l’activité de personne disparue. |
Victor Plouffe a été l'un des premiers à faire le camp des apprentis, en 2019. Il est aujourd'hui cadet avec le SPAL. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Michel Hersir)
Des disparitions toutes les semaines
Un déploiement comme celui que simule le SPAL avec les apprentis ou comme celui vu récemment avec le cas de la fillette de LaSalle est plutôt rare. Cependant, les signalements de personnes disparues sont réguliers pour les policiers.
«On en a, peut-être pas au quotidien, mais plusieurs fois par semaine», explique Charles-André Raymond.
«On va inonder le secteur, on va aviser, par exemple, le Réseau de transport de Longueuil, les compagnies de taxi, tous ceux qui sont présents sur la rue. Souvent, on va localiser la personne rapidement», ajoute-t-il.
L’agente Maude Surprenant abonde dans le même sens. «Il y a toujours un tour des lieux de base qui va être fait. Ensuite, c’est aller chercher le plus d’informations possible. Il y a des patrouilleurs qui font des recherches et pendant ce temps, il y a d’autres infos qui seront obtenues et données aux patrouilleurs.»
Il s’agit parfois de vérifications de base qui n’ont pas été faites avant d’appeler le 9-1-1.
«Une personne a quitté l’école, elle était censée arriver au service de garde, mais n’est pas là. Après 2, 3 démarches, on se rend compte que les parents sont séparés, on fait 2, 3 vérifications auprès des parents, des grands-parents. On fait des appels et là la personne est retrouvée. La plupart du temps, ça finit bien», donne en exemple l’agente Surprenant.
Charles-André Raymond est l'un des trois policiers à avoir lancé le camp des apprentis en 2019, avec Audrey Désaulniers et Williams Cruz. Et dès la première édition, il était clair pour eux que l'initiative devait être pérénisée. (Photo: Le Courrier du Sud ‒ Denis Germain)
Public ou non?
Quant à la décision de rendre publiques les informations sur une disparation, les circonstances jouent pour beaucoup, informe l’agent relationniste François Boucher.
«Tout est circonstanciel, mais c’est souvent quand on a épuisé les démarches qu’on pouvait faire avec les infos qu’on avait à notre disposition qu’on prend la décision de médiatiser [la disparition]» explique-t-il.
S’il s’agit d’un jeune enfant potentiellement en danger, les policiers auront tendance à publier la disparition plus tôt.
«Mais si c’est une personne perdue en forêt, on sait qu’on a nos démarches à faire et ça ne sert à rien d’alerter les gens sur le Mont-Royal alors qu’on sait qu’elle est sur la montagne à Saint-Bruno. Ou dans le cadre d’un dossier criminel, y a-t-il des éléments qu’on doit protéger pour l’enquête et qu’on ne peut pas diffuser? Il y a beaucoup d’éléments à regarder», précise l’agent Boucher.
Dans le cas d’une recherche plus importante, comme celle simulée avec les jeunes, c’est une équipe spécialisée du SPAL qui s’en charge. Celle-ci a reçu une formation spécifique, incluant la recherche ou l’intervention auprès des foules, notamment.