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Longueuil: le salaire de la mairesse demeurera inchangé

le mercredi 25 mars 2020
Modifié à 8 h 50 min le 01 novembre 2021
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Ce que l’on pourrait appeler une «saga» de près d’un an entourant la rémunération de la mairesse de Longueuil se termine avec le statu quo. La proposition de réduire de 40 000$ le salaire que verse la Ville à Sylvie Parent a été rejetée par cinq conseillers municipaux.

Les quatre élus de l’opposition officielle ainsi que le conseiller municipal d’Option Longueuil Robert Myles ont voté contre la proposition sur la table. Le président de l’assemblée Jonathan Tabarah s’est abstenu de voter.

Ce vote devait obtenir l’appui des deux tiers des élus, dont la faveur de la mairesse, pour être adopté. La résolution soumise à la séance du conseil municipale du 24 mars – qui s’est tenue à huis clos en vidéoconférence – ne concernait que la proposition de réduire de 40 000$ le salaire de Mme Parent. Celui-ci aurait donc été de 112 250$, plutôt que 152 250$. Ainsi, sa rémunération globale se chiffre toujours à un peu plus de 245 000$.

À la suite du dévoilement du rapport de l’École nationale d’administration publique (ÉNAP) sur la rémunération de l’ensemble des élus, des scénarios ont été proposés et des échanges ont eu lieu entre les cabinets de la mairesse et de l’opposition ainsi que les conseillers indépendants. Il avait été suggéré entre autres d’augmenter la rémunération des conseillers municipaux, dont le salaire était en deçà de la rémunération moyenne de leurs homologues des grandes villes du Québec.

La rémunération des participations aux commissions locales avait aussi été source de débat. Aucune proposition n’avait rallié l’appui de tous les élus.

«Indéfendable»

Les élus de l’opposition officielle demandaient plutôt que Sylvie Parent plafonne sa rémunération pour se situer sous celle de la mairesse de Montréal. Au moment de demander le vote, le conseiller Benoît L’Écuyer a insisté sur le fait que même avec cette réduction de salaire, Mme Parent demeurerait la mairesse la mieux payée au Québec.

«On aurait souhaité un effort supplémentaire de sa part, a-t-il soulevé. Jamais je n’aurais pu défendre devant les citoyens d’avoir voté en faveur d’une telle exagération. La mairesse […] n’a qu’elle à blâmer pour cet échec.»

Robert Myles a expliqué sur sa page Facebook sa position. Il a abondé dans le même sens que M. L’Écuyer, ne jugeant pas acceptable cette proposition «lorsqu’une multitude de nos citoyens se retrouveront privés de leur sécurité financière par ces temps difficiles et incertains».

Il a critiqué aussi «l’empressement procédural employé par la Ville et le manque de communication adéquate entourant cette proposition».

Rater une «opportunité en or»

Aux yeux de la mairesse, ce sont des «raisons purement partisanes» qui ont poussé les cinq conseillers à voter contre la proposition de réduction de son salaire, alors qu’ils réclamaient une diminution de sa rémunération depuis plusieurs mois. «Ils ont préféré faire de la petite politique, a-t-elle accusé.

Ceci vient clore un épisode dont personne ne sortira grandi.» Mme Parent estime que le conseil a manqué une «opportunité en or» de revoir la rémunération de l’ensemble des élus de professionnaliser la fonction d’élu municipal.

«Je constate que les discussions n’ont pas su incarner un niveau de maturité suffisant pour trouver une voie de passage», se désole-t-elle.

De la « partisanerie »

La conseillère indépendante Nathalie Boisclair juge «irresponsable» que des conseillers aient voté contre cette réduction de salaire, «surtout que l’opposition n’a déposé aucune autre proposition. Les citoyens sont assez intelligents pour voir que c’est de la petite politique.» Les conseillers indépendants se sont montrés déçus de ce dénouement.

«La partisanerie a eu le meilleur du débat. Le vote de la mairesse est nécessaire pour réduire son salaire, et c’était possible hier», déplore le conseiller Jean-François Boivin.

Selon Jacques Lemire, cette réduction de salaire, bien que jugée insuffisante par certains, aurait été un «premier pas dans la bonne direction». «Entre temps, le salaire de la mairesse est toujours le même et les citoyens n'ont toujours pas récupéré leur argent».

Maire suppléant

Dans toutes les discussions entourant la rémunération des élus, la possibilité d’abolir l’allocation de 7887$ versée au conseiller qui occupe la fonction de maire suppléant faisait l’unanimité.

La conseillère Monique Bastien, qui a été désignée mairesse suppléante pour les trois prochains mois, a affirmé renoncer à ce montant. Le conseiller de l’opposition Michel Lanctôt a exprimé le souhait que tous ceux qui occuperont ce poste fasse de même. C’est un peu plus de 30 000$ qui seraient retournés annuellement dans les coffres de la Ville.

La conseillère Nathalie Boisclair a déposé un avis de proposition, suggérant l’abolition, à partir de novembre 2021, de la rémunération pour la fonction de maire suppléant, ainsi que l’abolition de la rémunération pour la participation aux différentes commissions. «Cette rémunération serait répartie également entre les élus qui participeraient tous à un certain nombre de commissions en fonction de leurs compétences et de leurs intérêts », a-t-elle proposé.