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Longueuil veut réduire le cheptel de cerfs par chasse à l’arbalète

le mercredi 20 juillet 2022
Modifié à 12 h 01 min le 20 juillet 2022
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

La mairesse Catherine Fournier et le conseiller municipal Jonathan Tabarah (Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

Le cheptel de cerfs a bondi de 50% en un an au parc Michel-Chartrand, atteignant les 108 bêtes selon un dénombrement effectué ce printemps. Malgré les procédures judiciaires contre elle, la Ville de Longueuil non seulement poursuit son plan de match pour contrôler la surpopulation, mais opte pour la chasse à l’arbalète plutôt que la capture et l’euthanasie.

Afin d’atteindre la capacité de 10 à 15 cerfs de ce parc de 1,85 km carré, ce sont ainsi près de 100 cerfs qui seront abattus, alors que la Ville estime que leur population a continué de croître depuis le dénombrement effectué par le ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs (MFFP) au printemps.

Il s’agit d’une trentaine de bêtes à abattre de plus que ce que la Ville prévoyait l’an dernier.

«Les données sont très préoccupantes pour la préservation du parc», a exprimé la mairesse Catherine Fournier, en conférence de presse le 20 juillet.

En 2017, une quarantaine de cerfs seulement habitaient le parc-nature; un bond de 238% en cinq ans.

(Photo: Gracieuseté - Ville de Longueuil)

Arbalète

Rappelons que l’euthanasie, initialement prévue en février, avait été reportée à l’automne afin d’avoir une portée plus large. C’est ce pas de recul qui a mené à la Ville à privilégier une nouvelle méthode. À la lumière des avis des experts consultés, Longueuil délaisse l’opération de capture et d’euthanasie jusqu’ici priorisée et se tourne vers la chasse contrôlée, soit la chasse à l’arbalète.

«C’est une méthode qui a fait beaucoup plus ses preuves. Elle est d’ailleurs permise au boisé Du Tremblay depuis 2003», a évoqué la mairesse.

La chasse contrôlée est employée dans plusieurs parcs nationaux, comme ceux des Îles-de-Boucherville et de Saint-Bruno-de-Montarville.

Le comité exécutif a mandaté l’administration afin que la Ville se dote de permis SEG visant les animaux sauvages auprès du MFFP. 

L’opération sera effectuée à l’automne, par une entreprise spécialisée. Elle nécessitera des fermetures ponctuelles du parc pour quelques jours, ce qui sera plus court que le délai qu’auraient nécessité la capture et l’euthanasie des bêtes. 

«On met cette opération entre les mains d’experts pour assurer une meilleure efficacité possible», a relevé Mme Fournier. 

Le nombre élevé de cervidés favorise de plus les accidents de la route, la transmission de maladie de Lyme et les dommages aux aménagements des résidents voisins du parc. Les cerfs peinent aussi à se nourrir dans le parc.

Un plan d’intervention sera élaboré, avec la collaboration du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL). Il déterminera notamment le déploiement de mesures de sécurité, qui seront communiquées à la population et aux résidents des quartiers adjacents.

Il est toujours prévu de valoriser la viande et de la distribuer à une banque alimentaire.

Urgence d’agir
Le conseiller municipal du district du parc Michel-Chartrand Jonathan Tabarah a réitéré que la réduction du cheptel de cerfs s’impose, car la surpopulation menace l’équilibre écologique du parc Michel-Chartrand, qui est incapable de se régénérer.

«Des milliers d’espèces de végétation sont à reboiser rapidement. C’est un parc naturel, un joyau important pour la qualité de vie des citoyens. Si on ne fait pas quelque chose rapidement, c’est bien dommage, mais on va le perdre, le parc», a-t-il dit.

Mme Fournier précise que la chasse contrôlée demeure une méthode à court terme pour contrôler la surpopulation de cerfs et préserver l’écosystème du parc Michel-Chartrand.

«Nous allons ensuite évaluer les méthodes de contrôle à long terme, comme la stérilisation. C’est dans notre intention de la valoriser, cela faisait partie des recommandations de la table de concertation», a-t-elle signifié.

Devant la cour

La poursuite envoyée en mai par Me Anne-France Goldwater et l’organisme Sauvetage Animal Rescue sommant la Ville de renoncer au «massacre» des cerfs du parc ne change rien aux démarches de l’administration municipale, a assuré Catherine Fournier.

L’avocate déplore que la Ville ait écarté certains avis scientifiques qui privilégient d’autres méthodes que l’euthanasie pour contrôler les populations de cervidés.

Jonathan Tabarah a rappelé que pour aller de l’avant avec une relocalisation des bêtes, la Ville devrait obtenir un certificat de bons soins du comité d’éthique de l’Université de Montréal et un permis du MFFP.

Le plan de relocalisation soumis par Sauvetage Animal Rescue avait été refusé en 2021 par le comité d’éthique.
«La souffrance animale induite par le déplacement causerait une mort plus souffrante pour les cerfs, a expliqué la mairesse. Nous ne sommes pas des scientifiques, mais nous nous croyons en la science et nous suivons la science.»
«Ni le MFFP ni le comité d’experts ne recommande la relocalisation», a renchéri M. Tabarah.

La cause opposant Me Goldwater, Sauvetage Animal Rescue et la Ville sera entendue en septembre devant la Cour supérieure.