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Lydie Olga Ntap récompensée pour son apport à la société québécoise

le mercredi 07 novembre 2018
Modifié à 13 h 19 min le 07 novembre 2018
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

PRIX. Lydie Olga Ntap, Sénégalaise d’origine, est la fondatrice du tout premier Musée de la femme au Canada, situé à Longueuil. Son initiative a été récompensée lors de la quatrième édition du Gala Oser Agir: dites votre admiration à une personne immigrante, où elle s’est mérité le prix culture, le 22 octobre. «J’en suis encore émue, admet Lydie Olga Ntap. J’accepte avec humilité cette reconnaissance. Ça souligne l’apport à la culture, à la préservation d’un matrimoine et du récit des femmes. Pour moi, cela va de soi de donner. Si je peux donner, je donne. Je suis vraiment flattée de cette reconnaissance.» Mme Ntap a quitté le Sénégal à l’âge de 20 ans afin de poursuivre ses études. Elle était toutefois déjà familière avec le Québec. «J’ai toujours vécu dans un univers d’écoles québécoises qui sont installées au Sénégal, explique l’avocate et muséologue. Les professeurs et directeurs ont, pour la plupart, été formés au Québec ou sont des Québécois. C’était naturel pour moi de venir poursuivre mes études ici.» Elle s’est ensuite impliquée sur différents plans dans la ville de Québec, jusqu’au jour où est née cette idée de créer un musée rendant hommage aux femmes. Démarche participative C’est une amie de la mère de Lydie Olga Ntap qui a fondé le premier Musée de la femme en Afrique. Mme Ntap a donc grandi dans un «univers de femmes féministes». Cette idée de mettre sur pied le premier Musée de la femme au Canada a germée en 2005, alors que la Sénégalaise d’origine prenait part à la Marche mondiale des femmes. «Je me suis demandé: comment ça se fait qu’il n’y ait pas de musée de la femme au Québec, avec toute l’histoire des Filles du Roi, le travail, le fait qu’on ait eu le droit de vote 20 ans plus tard que toutes les femmes canadiennes, l’influence de l’église dans nos vies, le féminisme québécois…?» relate la femme de 49 ans. «Je trouvais ça vraiment essentiel d’avoir un espace comme ça», ajoute-t-elle. Le Musée, situé sur le boul. Roland-Therrien, propose différentes expositions racontant l’histoire de la femme. Celle qui habite Longueuil depuis plus de 15 ans insiste sur l’importance, lors de la visite du musée, de participer. «La personne qui vient ici doit s’attendre à s’exposer, précise Mme Ntap. On ne peut pas discuter de la condition féminine si on vient juste visiter, regarder et être un spectateur. Ici, le visiteur est un acteur parce que même quand il sort du musée, il continue à réfléchir sur l’évolution des droits civiques, sur la condition féminine et en fait la promotion. C’est un exercice de partage qui se fait.» C’est sans oublier la dégustation de pouding chômeur proposée à la fin de la visite! «C’est en hommage aux femmes du Québec, soutient Mme Ntap. Parce qu’elles ont été assez ingénieuses pour penser à un dessert quand il y a eu la crise des années 1930. Il n’y avait plus de travail, beaucoup de chômage, donc elles ont créé le pouding au chômeur.» S’impliquer pour s’intégrer Tout n’était pas parfait lorsque Lydie Olga Ntap s’est installée au Québec, en 1989. «La solitude, le choc culturel… Ce n’est pas facile d’aller vers les autres, mais il faut le faire parce que ça donne la solidarité, croit-elle. Des difficultés, tout le monde en a, mais nous, on arrive sans parents, sans repères.» Celle qui est aussi vice-présidente de l’Association internationale des musées de la femme croit que le secret de l’intégration pour un immigrant est l’implication. «C’est important de connaître les lieux, de connaître qui nous sommes et dans quel univers nous sommes, de se donner du temps. C’est de cette façon qu’on va comprendre la culture. Il faut s’impliquer dans des organismes.» «On a déjà fait le premier pas, qui est de quitter notre pays d’origine et d’arriver dans un autre pays, poursuit-elle. À partir de là, il faut vraiment faire un effort pour comprendre la société d’accueil en allant vers les gens. Et la meilleure façon d’aller vers les gens, c’est de s’impliquer.»