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VIDÉO - Manifestation à Longueuil : de meilleures conditions d’abord

le mercredi 22 novembre 2023
Modifié à 14 h 00 min le 23 novembre 2023
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Les manifestants se sont rendus jusqu’au bureau de Lionel Carmant, sur le boul. Roland-Therrien à Longueuil. (Photo : Le Courrier du Sud – Michel Hersir)

«À la manifestation, on rêvait de révolutions», chantait Karl Tremblay des Cowboys Fringants. Mais à la manifestation du Front commun le 22 novembre, on rêvait surtout de meilleures conditions de travail. Et peut-être aussi d’une météo plus accueillante.

La pluie avait presque cessé, mais la gadoue était bien présente au sol lorsque la majorité des gens ont afflué près de l’école secondaire Jacques-Rousseau à Longueuil vers 9h. Ce sont donc les pieds trempés que les centaines de manifestants ont marché les 650 mètres qui séparaient l’école du bureau de Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux et député de la circonscription.

 

 

 

 

Les corps de métier reliés à l’éducation étaient tous représentés, dont les professeurs, mais également un contingent important d’employés de soutien.

Ceux-ci représentent une quarantaine de métiers, dont les éducateurs spécialisés, éducateurs en service de garde, surveillants, préposés aux élèves handicapés et secrétaires.

Et ils sont clairs : leurs conditions sont plus qu’inadéquates en ce moment.

Violence

Parmi les nombreux exemples évoqués, celui du manque d’appui face à la violence dans les écoles revient constamment.

«La violence dans nos écoles, c’est tellement grand. Je pense que quelqu’un qui ne connaît pas le milieu, qui irait dans son école primaire de quartier, se rendrait compte que les conditions sont vraiment graves», souligne Karine Patriarca, technicienne en éducation spécialisée (TES) dans une école primaire de Longueuil.

Celle-ci indique en outre que la situation est particulièrement difficile en service de garde.

«Moi je travaille pendant les cours, alors les professeurs ont mon aide avec les enfants violents et difficiles. Et là, arrivés au service de garde, pouf, ces enfants-là n’ont plus de problèmes? Alors le monde se fait mordre, frapper», ajoute-t-elle.

Benoît Lafortune est pour sa part éducateur spécialisé au secondaire à Longueuil. Il a autrefois travaillé au primaire. Pour lui, les conditions de travail actuelles viennent à bout d’employés compétents.

«J’ai eu la chance de travailler avec des gens exceptionnels, qui finissent par crier ton nom et disent : prend la relève parce que là je suis à bout. Je l’ai vécu aussi. Il y en a qui ont été en burnout parce qu’ils mangent des coups», raconte-t-il, déplorant au passage le manque de soutien des directions sur cet aspect.

 

Pas de manifestants dans la rue : les gens présents se sont rendus au bureau du ministre par une longue file aux abords du boul. Roland-Therrien. (Photo : Le Courrier du Sud – Michel Hersir)

 

«Elles sont brûlées, elles sont fatiguées»

L’éducateur témoigne en outre n’avoir pas le temps pour accomplir sa tâche.

«Je devrais lutter contre le décrochage scolaire, mais étant donné le manque de ressources de temps accordé aux élèves qui en auraient besoin, je passe à côté et il y a des jeunes qui décrochent», soutient-il.

Patricia Langevin est éducatrice en milieu scolaire. Elle dénonce également l’impact des conditions actuelles sur l’attractivité de ces métiers.

«Ça prend des meilleures conditions de travail pour garder notre monde et aussi pour aller chercher du personnel qualifié. Ça fait 25 ans que je suis dans le milieu, et cette année, c’est pire que pire. Ça n’a aucun bon sens», affirme-t-elle

«Une femme qui a 35 ans d’ancienneté doit travailler de 6h à 18h. Ce sont souvent des personnes de 50 ans et plus, elles sont brûlées, elles sont fatiguées, mais elles doivent avoir leur horaire de 12 heures, avec un salaire inadéquat, du soutien inadéquat», indique quant à elle Michelle Thibault, technicienne en service de garde.

Plusieurs des gens rencontrés affichaient néanmoins un sourire, dans l’espoir que leurs actions des dernières semaines vont porter fruit.

«Notre métier est passionnant, on peut faire la différence dans la vie des gens, on peut aider énormément les enseignants dans leur tâche lorsque nous donne le temps de mettre les outils en place pour les jeunes», soutient Benoît Lafortune.

 

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