Manque de financement pour parents essoufflés

FINANCEMENT. Murs défoncés, mobilier abîmé, chaises détruites, toilettes brisées, divans recouverts d'urine; le Centre de répit aux Quatre Poches de Boucherville est au bord du gouffre. Déjà exténués par leur rôle de parents, les membres de l'administration doivent dénicher par eux-mêmes plus de 500 000$ annuellement afin de maintenir en place le service offert aux familles d'enfants lourdement handicapés.
«Les collectes de fond sont de plus en plus difficiles, mais la demande est sans cesse grandissante et on ne fournit déjà pas suffisamment», décrit la secrétaire du centre, Isabelle Gagné, dont la fille est atteinte du syndrome d'Angelman.
Avec un budget d'opération de 1 M$, dont plus de la moitié provient de dons sollicités par les parents, le conseil d'administration estime le manque à gagner à 500 000$ par année.
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Actuellement, quelque 22% du financement découle de subventions gouvernementales, alors que les parents déboursent 25% du budget. Combler le reste représente un combat sans fin pour l'organisme, dont les membres administratifs occupent tous un emploi à l'extérieur en plus de leur rôle au centre.
«On est à la recherche de dons récurrents. On doit toujours renouveler nos partenaires, mais on est cerné, épuisé, relate Mme Gagné. Présentement, on est totalement dépendant d'organismes, qu'ils soient gouvernementaux ou communautaires, notamment de Moisson Rive-Sud pour la nourriture.»
Difficile, même, de trouver un porte-parole afin de solliciter des dons.
«Premièrement, il faut que ça touche cette personne-là, que la cause lui tienne à cœur. Mais ensuite, cette personne s'attend à être payée. Sauf qu'on n'a pas d'argent», déplore Mme Gagné.
Pas un luxe
Ouvert en 1992, le Centre aux Quatre Poches reçoit des enfants lourdement handicapés. Il est fréquenté par plus de 200 familles, et quelque 70 autres sont actuellement sur la liste d'attente afin de pouvoir bénéficier d'un séjour pour leur enfant.
«On a été quelques années à attendre pour avoir le service du Centre aux Quatre Poches, raconte Benoît, père d'une fillette atteinte de troubles neurologiques. Heureusement, maintenant, on peut compter sur eux. Si ce n'était pas du centre, notre famille aurait explosé. On avait les nerfs à vif, on était dans l'inconnu. Grâce au centre, on a pu reprendre notre souffle.»
Roulement de personnel
Si des parents s'épuisent au quotidien à force de s'occuper de leur jeune, les éducateurs du Centre aux Quatre Poches n'y échappent pas non plus.
Comptant quelque 30 intervenants, le centre doit renouveler fréquemment son personnel, alors que plusieurs employés quittent après peu de temps.
«Il y a un bon roulement de personnel. Il n'y en a pas beaucoup qui réussissent à rester plusieurs années, indique Isabelle Gagné. Ça prend de l'énergie pour tout coordonner. Courir après les enfants, les laver, donner les médicaments… Changer la couche d'un homme de 21 ans, ça peut être difficile, autant mentalement que physiquement.»
Renseignement: Page Facebook de l'organisme, Centre Répit-Dépannage Aux Quatre Poches.