Marcher pour renouer avec le passé

Pour la première fois de son existence, le 438e Escadron tactique d'hélicoptères (ETAH) prendra part à la Marche de Nimègue, aux Pays-Bas, en juillet. L'événement permettra à 11 militaires de l'Escadron de retourner dans ce pays qu'il a contribué à libérer lors de la Deuxième Guerre mondiale.
Le Courrier du Sud a récemment pu s'entretenir avec plusieurs membres de l'Escadron, basé à l'aéroport de Saint-Hubert, lors de leur arrivée au parc de la Cité. Parti plus tôt de Saint-Jean-sur-Richelieu, le groupe a marché jusqu'à Saint-Hubert en portant un sac à dos de 10 kilos.
«C'est vraiment demandant. Pour être éligible à la marche, il faut qu'ils aient marché au moins 500 km avant de partir, explique l'officier d'affaires publiques de l'Escadron, le lieutenant Guy Bernard. Hier, ils ont marché 40 km et aujourd'hui, ils feront la même distance et termineront leur préparation.»
La Marche de Nimègue, qui en est à sa 99e édition, accueille annuellement près de 42 000 marcheurs de partout dans le monde, dont 5000 militaires, et attire près d'un million de spectateurs. Les Forces armées canadiennes y participent depuis 1952.
Les marcheurs devront parcourir 160 km en quatre jours pour compléter l'épreuve.
Un entraînement éprouvant
S'entraînant depuis le mois d'avril, les participants de l’Escadron seront accompagnés de personnel médical, un prérequis pour une épreuve où les ampoules et autres bobos sont inévitables.
«Ça fait mal, mais on est préparé, car ça fait longtemps qu'on se pratique, explique la caporal-chef et technicienne médicale Marilou Perron, qui soignait un marcheur lors du passage du journal. Après 20 km, les pieds enflent et ça cogne au bout de nos bottes. Les ampoules, ce n'est jamais réglé.»
Durant l'entraînement, les militaires ont marché à des vitesses impressionnantes. «C'est une marche forcée; c'est l'enfer. Ils marchent à une cadence de 5,6 à 5,8 km/h, soutient le capitaine Pierre Trudeau. Ce matin, on a même marché à 6,4 km/h pendant 12 km; on ne fera plus ça…»
Un devoir de mémoire
Le 438e Escadron a participé à plusieurs opérations majeures lors de la Deuxième Guerre mondiale et était basé à Eindhoven, une ville située au sud des Pays-Bas. Entre 1944 et 1945, l'Escadron était équipé d'avions Typhoon. Il se spécialisait dans la destruction des lignes de chemin de fer et participait également aux combats aériens.
Le voyage donnera l'occasion aux militaires d'en apprendre un peu plus sur leur propre organisation.
«Il y a des personnes aux Pays-Bas qui en connaissent beaucoup plus sur notre propre histoire, car ils l'ont vécue sur le terrain, explique le lieutenant Guy Bernard. On va là-bas entre autres pour renouer avec ces personnes-là.»
Pour s'imprégner de l'atmosphère et de la tradition qui régnaient pour les troupes en 1945, les militaires prépareront quelques airs et chansons que fredonnaient alors les soldats de l'Escadron.
Également, lors de la marche, le groupe s'arrêtera au cimetière de Groesbeek, où reposent 2300 soldats canadiens, dont plusieurs membres de l’Escadron, notamment le commandant de l'époque, décédé durant les combats.
Formé de 250 membres, le 438e Escadron est actif autant à l'échelle nationale qu'internationale, mais il est d'abord attitré à la protection de Montréal.