Menacé de fermeture, le Centre d’apprentissage personnalisé se mobilise

ÉDUCATION. Depuis que la Commission scolaire Marie Victorin (CSMV) a annoncé son intention de fermer le Centre d'apprentissage personnalisé (CAP), situé dans l'arr. du Vieux-Longueuil, l'indignation gagne tour à tour élèves et enseignants.
Le 5 décembre, la CSMV avertissait le CAP de sa possible fermeture, invoquant une réorganisation de ses services et proposant le transfert des élèves vers ses trois autres centres d'apprentissage pour adultes. Une nouvelle qui a eu l'effet d'une bombe pour le personnel.
Depuis 20 ans, le CAP, qui accueille à temps plein des jeunes de 16 à 18 ans en situation de décrochage, jouit d'une belle réputation. Avec un projet éducatif unique au Québec mettant l'accent sur la relation professeur-élève et la responsabilisation, l'école roule à pleine capacité et ne cesse de voir sa liste d’attente s’allonger. Les taux de qualification et de fréquentation y sont également excellents, si bien que rien ne laissait présager une telle annonce.
Vaste mobilisation
Vêtus de noir et brandissant des pancartes NON à la fermeture du CAP, une centaine de professeurs, de parents, de jeunes et d’anciens élèves se sont présentés à la réunion du conseil des commissaires de la CSMV du 24 janvier pour protester contre la décision.
«Le CAP, c'est chez nous! Nous espérons encore que le bien-être et la réussite des élèves sont vos priorités», a lancé Éden Richard, porte-parole des 120 élèves.
Les élèves sont catégoriques et unanimes: le CAP les a sauvés.
«Au CAP, il n'y a pas d'intimidation, pas de manque de respect, a commenté Erika, 16 ans. Nous sommes une petite famille et j'ai enfin appris à être fière de moi.»
«Remettre des enfants dans le système qu'ils ont fui et dans lequel ils étaient en échec ne peut avoir que de lourdes répercussions», a également déclaré Jean Santirosi, parent d'élève.
«On ne se bat pas pour nous, a précisé un des sept professeurs du CAP, Jany Rouleau. On le fait pour nos jeunes. Mais on a tous le cœur brisé»
En plus d'une pétition qui circule dans plusieurs établissements de la Rive-Sud, une page Facebook comptant plus de 700 membres a été créée.
«Quand une école connaît un tel succès et qu’enfin ces jeunes réussissent, pouvons-nous nous permettre de détruire un projet qui fonctionne pour des raisons de conjonctures socio-économiques?», questionne le collectif de professeurs.
Des exigences budgétaires et gouvernementales
Rencontrée par Le Courrier du Sud, la directrice générale adjointe de la CSMV, Sylvie Caron, se dit consciente de la déception qui a suivi l’annonce de la fermeture du CAP, mais précise que les exigences gouvernementales multiples, l'évolution des besoins des différentes clientèles et les pressions budgétaires pèsent lourdement dans la balance.
Selon la CSMV, une économie de 10 000$ par an pourrait être réalisée en replaçant les élèves du CAP dans les centres pour adultes proposant un programme similaire et davantage de services.
«Pour le moment, nous devons harmoniser nos coûts et nos offres de services, admet la directrice adjointe. Malheureusement, nous n'avons plus beaucoup de marge de manœuvre. L'heure n'est plus aux projets particuliers ou aux idées innovantes; nous fonctionnons déjà avec le minimum [en raison des nombreuses coupures budgétaires]. Nous devons penser à l'équilibre budgétaire et à offrir un maximum de programmes à la communauté, en attendant de se redéployer pour pouvoir offrir de nouveaux services.»
La CSMV, qui a assuré qu'elle resterait ouverte aux propositions du CAP, a toutefois indiqué que le projet ne pourrait être conservé dans son état actuel. Les élèves bénéficieraient d'un suivi personnalisé durant leur transfert et aucune perte d'emploi n'est prévue.
Du côté du ministère de l’Éducation, on soutient que la décision de fermer le CAP n'appartient qu'à la CSMV et qu'aucun recours administratif n'est envisageable auprès du ministère.
Selon la porte-parole Esther Chouinard, les données statistiques démontraient une baisse du nombre de personnes inscrites dans tous les centres de formation générale des adultes à la CSMV, depuis 2012-2013. Et elle rappelle que «la Commission a la responsabilité d'optimiser l'offre des services de formation et de répartir adéquatement la clientèle dans ses différents centres de formation».